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Malawi |
DROITS DE L’HOMME
Torture en prison et violence domestique: deux volets des violations des droits de l’homme
Les conditions dans les prisons
Les prisons sont supposée être non pas seulement des maisons de punition, mais aussi des lieux de réforme et de réhabilitation pour les détenus. Mais les conditions actuelles rendent cette conception irréalisable.
La Commission des droits de l’homme du Malawi (MHRC) a demandé au gouvernement de revoir les lois carcérales car, après une étude sur les prisons du pays, elle a découvert de violations flagrantes des droits des prisonniers: des prisonniers sont privés de nourriture pendant plusieurs jours; certains détenus malades de TBC qui devraient être en quarantaine, partagent la même cellule avec d’autres prisonniers.Selon la commission, certaines parties de la loi carcérale encouragent les violations des droits des prisonniers.
Des détenus reconnus coupables de crimes dangereux, tels que le cambriolage à main armée et le meurtre, sont mêlés à d’autres condamnés pour des infractions mineures, et des jeunes sont emprisonnés avec des adultes, contrairement à toutes les règles recommandées. Sans parle du problème de l’hygiène, qui laisse à désirer et qui qui cause des diarrhée dans les cellules surpeuplées.
Le MHRC exige un programme de réhabilitation continue, l’entretien des installations sanitaires dans toutes les institutions, la création de nouvelles cellules individuelles quand c’est nécessaire pour diminuer la propagation de la diarrhée et la TBC. Le rapport fait aussi appel aux organisations non gouvernementales pour qu’elles donnent aux prisons de la nourriture, des couvertures, des uniformes, de la lecture et des équipements de sport.
En 1996, avec l’aide du gouvernement britannique, le gouvernement avait lancé un programme de réforme de la police, pour en faire une vraie organisation au service du public. Malgré cela, les policiers ont toujours tendance à maltraiter les délinquants.
On fait de plus en plus pression sur les services des prisons pour qu’ils mettent de l’ordre dans leurs rangs, surtout depuis la mort d’Evison Matafale, le 27 novembre 2001.
Evison Matafale, “le roi de la musique reggae” au Malawi, est mort à la prison de Maula, à Lilongwe, à l’âge de 32 ans, où il avait été enfermé pour diffamation. Dans un document, il avait reproché à l’administration du président Bakili Muluzi d’ignorer les intérêts de la majorité des pauvres. Ce violent document aurait dû être distribué dans les principaux centres urbains. Mais, à peine imprimé, la police en a eu vent, et le bureau du procureur a refusé d’en divulguer le contenu.
La première autopsie à l’hôpital de Lilongwe indiquait que Matafale, déjà soigné pour la tuberculose, était mort d’une pneumonie aiguë. Suite aux contestations, une seconde autopsie, faite par un autre médecin, concluait que la mort pourrait être due à d’autres causes, sans les spécifier. Cela a provoqué un tollé général chez les rastafariens, qui prétendaient que Matafale était mort sous la torture -– accusations reprises dans tout le pays par les fans de sa musique, des politiciens et des organisations des droits de l’homme.
Le président Muluzi a donc créé une commission de six membres pour enquêter sur la mort de Matafale. Présidée par le juge de la Cour suprême, Leonard Unyolo, elle est composée de membres du clergé, de médecins, d’un avocat et d’un musicien bien connu. Certains contestent la composition de la commission car, disent-ils, la plupart de ses membres sont pour le gouvernement et pour le parti au pouvoir. Le 11 décembre 2001, les Rastas ont organisé une manifestation à Blantyre pour exiger qu’on en change la composition. Mais la police les a dispersés.
Celle de Matafale n’est le seul cas de mort dans des circonstances suspectes. Il y a deux ans, Kwacha Ghambi, un jeune homme d’affaires, millionnaire, mourait en prison après avoir été tabassé par un gardien. Il avait été accusé de posséder illégalement un passeport du Malawi, alors que son premier avait été confisqué par la police, et aussi d’avoir importé des voitures BMW de l’Afrique du Sud. Le ministre de l’Intérieur a fait faire une enquête. Mais son rapport, présenté au Parlement, n’a pas convaincu grand monde.
Violence domestique
Les cas de violence contre les femmes sont en augmentation. Malheureusement, la police ne sent pas concernée car, dit-elle, c’est une affaire de famille. Cela décourage les femmes qui voudraient demander une réparation légale. En fait, très peu de femmes connaissent leurs droits. En général, elles pensent que la violence maritale est normale, et acceptée dans la société.
Des groupes de femmes activistes se sont adressés à l’Eglise pour qu’elle vienne à leur aide. Récemment, plus de vingt groupes d’Eglises ont assisté à un séminaire pour préparer la nouvelle loi contre la violence domestique. Des organisations non gouvernementales, des parlementaires et des départements gouvernementaux avaient déjà été consultés. Le séminaire était organisé par la section malawite des Femmes de loi de l’Afrique australe (WILSA), qui avait demandé aux Eglises d’y prendre part.
Le rév. Augustine Musopole, secrétaire général du Conseil des Eglises du Malawi, a reconnu que les Eglises, bien qu’elles aient aidé beaucoup de jeunes couples, n’ont pas réussi mettre un frein la violence domestique. «Les Eglises marient les gens, mais ensuite très souvent elles ne s’assurent pas si les couples restent fidèles aux promesses qu’ils ont faites à Dieu. Nous ne devrions pas attendre qu’ils se battent en famille, mais les aider à contrôler leurs sentiments», dit-il. Il reproche aux Eglises de se concentrer seulement sur le bien-être spirituel des gens et d’ignorer leurs problèmes épineux, les droits sociaux, politiques et économiques.
Seodi White, la coordinatrice de la section malawite de WILSA, a demandé instamment aux dirigeants des Eglises d’exiger que la nouvelle loi contre la violence soit promulguée sans tarder. Elle sera une grande aide tant pour les hommes que pour les femmes. Cette loi devrait être bientôt présentée au Parlement, et le gouvernement a promis de la voter avant décembre 2002.
Isabel Matenje, directrice au ministère des Femmes, de la Jeunesse et des Services communautaires, a dit: «Nous devons tout faire pour que la nouvelle loi ait un langage simple et soit clairement définie. Notre objectif n’est pas de briser les mariages, mais de raffermir les familles du Malawi».
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