ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 429 - 01/03/2002

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Nigeria
Les agronomes africains de demain


DEVELOPPEMENT


L’Institut international d’agriculture tropicale crée un fonds de dotation
pour la formation des étudiants africains

Lors d’un récent séminaire en l’honneur de Lukas Brader, qui se retire après onze ans de services, M. Enrico Porcedu, président du conseil d’administration de l’Institut international de l’agriculture tropicale (IITA), a annoncé que l’IITA va créér un fonds pour venir en aide aux étudiants africains dans le domaine de l’agriculture tropicale. Après une carrière remarquable en gestion de recherches dans l’agriculture tropicale africaine, le 4 décembre 1990 Lukas Brader était devenu le cinquième directeur général de l’IITA.                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                                  

M. Porcedu a expliqué que le principal objectif de ce fonds, créé en l’honneur de Lukas Brader, est de former des jeunes scientifiques de l’Afrique subsaharienne, de faire des recherches et de trouver de l’aide pour le développement agricole de la région.

Le président du conseil d’administration a aussi déclaré que le fonds L.Brader veut trouver assez de ressources pour assurer des bourses universitaires à des étudiants de troisième cycle. Les bourses seront annoncées chaque année et les premiers candidats seront choisis au premier trimestre de 2002, après que le conseil d’administration aura fixé les règles pour leur obtention. Ce fonds de dotation, a-t-il ajouté, a été créé «en reconnaissance des énormes résultats obtenus par Lukas Brader durant son mandat de président directeur général de l’IITA ces onze dernières années. C’est lui qui a commencé et consolidé la coopération entre l’IITA et les autres instituts nationaux en Afrique subsaharienne».

Prenant la parole au cours de ce séminaire, le président du Nigeria, Olusegun Obasanjo, a décrit Lukas Brader comme étant l’ami des fermiers nigérians: «Lukas Bradera apporté de grands développements à l’agriculture nigériane, en améliorant les “cultures mandatées”(1) de l’IITA, si bien que le Nigeria est devenu maintenant le plus grand producteur de manioc, d’ignames et de doliques». Il a aussi fait remarquer que l’impact de l’IITA sur la production des graines de soja, du maïs, des plantains et des bananes en Afrique tropicale est largement connu. «Le Nigeria, a-t-il ajouté, a beaucoup profité du travail de l’IITA, par l’amélioration génétique de ses produits mandatés et la fertilité et la conservation des sols». Le président Obasanjo, fermier lui aussi, a dit que beaucoup de fermiers nigérians regretteront Lukas Brader.

Accroissement et développement viables

D’autres personnalités ont encore rendu hommage à Lukas Brader, notamment des directeurs de la recherche de l’agriculture africaine et des dirigeants des organisations agricoles avec lesquelles l’IITA coopère étroitement. Un de ceux-ci, Joseph Mukiibi, un ancien administrateur de l’IITA devenu président du Forum pour la recherche agricole en Afrique (FARA), basé en Ouganda, a dit: «Ce dont le développement de l’agriculture africaine a le plus besoin aujourd’hui, est la recherche pour l’appui à l’accroissement et au développement viables». Il a appelé tous les pays africains à investir davantage dans l’étude des sciences et des mathématiques, et cela depuis l’école secondaire jusqu’au niveau universitaire. Il croit fermement que le développement des effectifs pour l’agriculture africaine devrait commencer au niveau secondaire. Alors, dit-il, on assistera à un développement réel et viable des effectifs dans le secteur de l’agriculture de l’avenir.

Le professeur Francis Idachaba, du Service international pour la recherche de l’agriculture nationale (ISNAR) à La Haye, économiste nigérian réputé et ancien vice-chancelier d’université, a présenté une étude sur “La recherche agricole appropriée et la politique de développement pour le Nigeria et l’Afrique subsaharienne”. Faisant allusion au financement décroissant de la recherche agricole en Afrique, le professeur Idachaba a déclaré que le secteur privé devrait y jouer un rôle plus important.

Tout en faisant l’éloge du rôle joué par le secteur privé dans le financement de la recherche pour le café et le thé en Afrique orientale et australe, il a exhorté les gouvernements d’Afrique centrale et occidentale à faire coopérer le secteur privé dans le financement de la recherche agricole. Des efforts doivent être faits pour augmenter le nombre des investisseurs parmi les parties intéressées, tels que les fermiers et les transporteurs, les personnes engagées dans l’entreposage de la nourriture et les petits entrepreneurs, pour qu’ils puissent avoir accès à l’information sur l’agriculture à tous les niveaux.

Le professeur a aussi demandé une communication effective sur la recherche agricole à tous ceux qui sont concernés de près ou de loin, car cette communication reste pauvre: «Nous sommes de mauvais vendeurs. Nous devrions expliquer à toutes les personnes intéressées comment la recherche agricole peut contribuer au développement éconmique», a-t-il ajouté.

Pour une politique efficace

Le Dr Akin Adesina travaille avec la Fondation Rockefeller. Dans sa conférence sur “Les rendements des investissements dans la recherche agricole en Afrique subsaharienne”, il a lancé un appel pour la mise en place de politiques agricoles efficaces et pour la mise en oevre de stratégies aidant les fermiers à appliquer des technologies améliorées qui augmentent la productivité. «Il faut sans cesse investir dans la recherche agricole pour développer l’agriculture», a-il-affirmé, avant de conclure: «Si aujourd’hui on n’investit pas dans la recherche, demain il n’y aura plus d’échelle où grimper».

Dans sa réponse, Lukas Brader a rappelé certaines de ses déclarations faites quand il devint le directeur général de l’Institut, il y a onze ans. Il avait alors déclaré: «Je ne doute pas que nous pouvons arriver à fournir aux fermiers et aux gouvernements africains les outils nécessaires pour atteindre de grands progrès dans la production agricole, malgré qu’il existe de grands problèmes». — «J’en suis convaincu encore aujourd’hui. Un élément essentiel de nos efforts pour arriver à des résultats, consiste à collaborer avec les systèmes nationaux de recherche agricole. Une formation occidentale peut nous apprendre tout ce que nous devons savoir sur les différentes disciplines. Mais cette connaissance ne sera utile à l’Afrique que si elle peut être transformée en des moyens et des méthodes qui conviennent aux systèmes de production déjà existant».

Lukas Brader a aussi rendu un grand hommage aux fermiers africains, dont les connaissances en agriculture et en production se sont avéréees, à maintes occasions, de loin supérieures à celles des scientifiques.


            (1) Les “cultures mandatées” de l’IITA sont des cultures pour lesquelles la recherche de l’institut est financée par des donateurs. Elles font parties des cultures de première nécessité en Afrique subsaharienne. Ce sont: le manioc (tapioca ou yucca), le dolique (haricot), les graines de soja, les plantains/bananes et les ignames. L’amélioration consiste à produire des cultures résistant aux maladies, mûrissant vite et produisant beaucoup.


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