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Zimbabwe |
ELECTIONS
Les élections présidentielles qui approchent, sont les plus controversées de l’histoire du pays
Le sort de tous les Zimbabwéens dépend de ces élections, prévues avant fin mars. Leurs résultats auront aussi des répercussions sur les autres pays de l’Afrique australe. Craignant une défaite, le gouvernement de Mugabe a imposé de nouvelles conditions au statut d’électeur, ce qui pourrait fort bien dénier à des millions de Zimbabwéens le droit d’aller aux urnes.
L’enregistrement des électeurs
Pour se faire enregistrer, les futurs électeurs doivent présenter, en plus de leur carte d’identité, une preuve de résidence. Pour obtenir un certificat de résidence, ceux qui vivent à la campagne et les ouvriers agricoles doivent aller chez le chef du village. Mais ceux-ci sont presque tous sont membres du parti de Mugabe, le ZANU-PF. Les citadins doivent montrer les titres de propriété ou d’occupation, ou un relevé de compte créditeur d’un magasin, fait au nom de l’électeur et indiquant son adresse physique. En fait, toutes ces nouvelles conditions vont dénier le droit de vote aux femmes de la campagne, aux citadins pauvres qui n’ont pas de titres de propriété, et aux jeunes. Les votes par la poste ont aussi été supprimés. Plus de trois millions de Zimbabwéens vivant à en dehors du pays n’auront donc pas le droit de vote. Parmi ceux-ci, seuls les diplomates qui représentent le Zimbabwe pourront voter. Mais... ils ont été nommés par Mugabe.
Morgan Tsvangirai, président du MDC, s’exclame: «Tout Zimbabwéen au-dessus de 18 ans a le droit de vote. Toutes ces nouvelles règles que le gouvernement du ZANU-PF vient de promulguer ne visent qu’une seule chose: truquer les élections avant qu’elles n’aient lieu».
Le gouvernement a aussi défendu aux Eglises et à d’autres organisations civiles de mettre en oeuvre des activités préparant les gens aux élections. La Commission de surveillance des élections (ESC), contrôlée par le gouvernement, est la seule organisation qui peut mener cet exercice préparatoire. L’ESC est présidée par Sobuza Gula-Ndebele, un sympathisant du ZANU-PF, aidé par M. Bepura, lui aussi un membre haut placé du ZANU-PF.
Le groupement le plus important des organisations civiles du Zimbabwe, l’Assemblée constitutionnelle nationale (NCA), organise chaque mercredi, depuis le 21 novembre 2001, des manifestations contre ces nouvelles réglementations. Son président, Lovemore Madhuku, dit: «Trop c’est trop. Il est plus que temps que les Zimbabwéens aient le courage de leurs opinions».
L’anxiété internationale
Le président de l’Afrique du Sud, Thabo Mbeki, a lancé un avertissement: si les élections présidentielles ne sont pas libres et équitables, il y aura du grabuge. Mbeki a aussi condamné le harcèlement contre les journalistes et l’absence de toute liberté de la presse. Et il a lancé un appel à la Communauté du développement de l’Afrique australe (SADC) pour qu’elle intervienne et arrête le désordre. A l’intérieur de la SADC, l’équipe chargée du Zimbabwe comprend les dirigeants de l’Afrique du Sud, la Namibie, le Botswana, la Tanzanie, le Mozambique et le Malawi.
Bien que la pression locale, régionale et internationale ne fait que s’intensifier, Mugabe s’obstine à refuser la venue d’observateurs internationaux et indépendants pour surveiller les prochaines élections. Il maintient que l’ESC remplira très bien le rôle d’observation et de surveillance. S’adressant à la Grande-Bretagne, il a déclaré: «Que les Blairs, les Cooks et les Straws sachent que personne ne peut s’immiscer dans nos affaires internes». Aux Quinze de l’Union européenne (UE) qui avaient jugé que les conditions actuelles ne permettent pas des élections libres et équitables, Mugabe a répondu que le Zimbabwe n’a pas de leçons à recevoir de l’UE sur la façon de tenir des élections.
Les organisations civiles du Zimbabwe, tel que le Réseau d’aide aux élections, répètent qu’il faut un minimum de conditions pour des élections libres et équitables:
Exiger des conditions minimales pour les élections, c’est bien. Mais le gouvernement du président Mugabe les prendra-t-il au sérieux? Tout indique que le Mugabe ne permettra jamais qu’on l’empêche de rester au pouvoir.
Zimbabwe —
Réactions aux sanctions européennes
(Mise
à jour par ANB-BIA, 20 février 2002)
La décision de l’UE (le 18 février) d’imposer des sanctions au Zimbabwe a suscité des réactions de certains pays africains qui ont exprimé leur “surprise”. L’Afrique du Sud éprouve des «difficultés à comprendre» ce geste. Le ministre adjoint aux Affaires étrangères, Aziz Pahad, a dit: «Nous sommes vraiment surpris de cette décision. S’il y a des présomptions que des élections pourraient ne pas être libres et honnêtes, alors il faut chercher à mettre en place autant d’observateurs neutres, objectifs et impartiaux que possible».
Le Sud-Africain Samuel Motswaynarnay, qui dirige l’équipe d’observateurs de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), conteste l’opinion qui prévaut en Europe, comme quoi le parti ZANU-PF de M. Mugabe empêcherait des élections libres et honnêtes par ses violences.
Le président du Nigeria, Olusegun Obasanjo, a également exprimé son désaccord avec l’UE quand elle affirme que M. Mugabe utilise des moyens inacceptables pour assurer sa réélection. «Y a-t-il des abus flagrants contre les principes de la démocratie?», demande-t-il. «Mugabe prépare des élections. Il permet à d’autres partis de faire de même et de dire franchement ce qu’ils pensent. Il a demandé des observateurs de toutes les parties du monde. Il a invité des journalistes du monde entier. Il a collaboré avec d’autres partis poltiques et la société civile pour essayer de réduire la violence dans le pays».
Joel Kibazo, porte-parole du secrétariat du Commonwealth à Londres, dit que ses plans continuent comme prévus. «Nos observateurs sont au Zimbabwe. Dix sont déjà arrivés et, d’ici à la fin de la semaine, leur groupe s’aggrandira. Au total, nous comptons qu’ils seront une quarantaine. Le Commonwealth a décidé d’observer les élections, et c’est ce que nous avons l’intention de faire"
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