ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 430 - 15/03/2002

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Afrique du Sud
Les logements des pauvres dans les villes


VIE SOCIALE

Malgré le verdict de la cour constitutionnelle en faveur de l’application des droits socio-économiques, les citadins pauvres sont encore chassés de leurs squats

Suite aux plaintes de résidents plus aisés, les citadins plus pauvres continuent à être expulsés des squats qu’ils occupent. Les plaignants prétendent qu’il y a un lien direct entre les squatters et l’augmentation de la criminalité. Ils évoquent aussi la diminution des prix des loyers. En 2000, lors du procès de Grootboom qui a fait date, la cour avait en effet stipulé que l’Etat avait l’obligation de mettre en œuvre un plan effectif de logements pour les démunis.

Le gouvernement admet que sa lenteur à mettre en exécution les programmes agraires et de logement a causé une impatience grandissante chez les gens. Suite à quoi, le pays a assisté à plusieurs «invasions de terres».

Moses Mushi, porte-parole de Thoko Didiza, ministre des Affaires agraires, affirme que le programme de redistribution des terres du département national a été mis en veilleuse quand Didiza a remplacé Derek Hanekom, en juin 1999, en attendant une révision de la politique de réforme agraire.

La politique d’Hanekom voulait diviser les propriétés urbaines en parcelles, avant même d’avoir prévu l’infrastructure et l’aide financière. La nouvelle politique, au contraire, met l’accent sur la qualité des projets. Mais, vu sa lenteur, le département a lancé un processus plus rapide, en réduisant la réalisation des nouveaux projets de logement de six à deux.

La crise du logement

Fournir de bons logements a été, pendant sept ans, la campagne politique la plus importante du gouvernement du Congrès national africain (ANC). L’ampleur de la crise est immense. L’insuffisance de logements adéquats et des services de base, dans les villes et les agglomérations rurales, a atteint des proportions alarmantes: sept millions de personnes vivraient en squatters.

Dans l’ensemble du pays, le manque de logements est estimé de 3 à 4 millions, avec une croissance annuelle de 150.000 unités. En milieu urbain, il atteint environ 1,5 million d’unités et, selon Nicky Smith, agent communautaire au développement, il pourrait s’accroître de 178.000 unités par an, à moins que le gouvernement n’accélère la construction de maisons.

Si, en 10 ans, le gouvernement veut se débarrasser de tous les logements informels, il devra doubler son budget actuel, qui est de 3,3 milliards de rands, affirme Sankie Mthembi-Mahanyele, ministre du Logement. (Ndr: 1 rand = 0,098 EUR, en mars 2002).

Lors de son élection en 1994, l’ANC avait promis de fournir, dans les cinq ans, un million de logements en briques et ciment, avec tous les services. Ce chiffre a été atteint, mais au détriment de la qualité.

Logements subventionnés

Le ministère du Logement a adopté des mesures pour améliorer la qualité des maisons et pour protéger les clients, en exigeant des constructeurs de se faire enregistrer pour mieux les contrôler.

«Le fait que seuls 365 des 9.465 constructeurs ont été écartés parce qu’ils ne soignaient pas la qualité du travail et n’observaient pas les règlements, est réconfortant, même si un petit nombre d’entre eux a terni l’image de tout le secteur», déclare Mme Sankie Mthembi-Mahanyele, qui assure que son ministère continuera à arracher les mauvaises herbes, ceux qui ne respectent pas les niveaux voulus. Son ministère a aussi lancé un projet d’épargne lié à des subventions pour le logement, afin d’encourager les gens à épargner pour compléter les subsides.

Les maisons subventionnées sont la pierre d’angle de la politique gouvernementale. Des ménages dont l’ensemble des revenus est de 800 rands ou moins, ont droit à une aide de 15.000 R. Ceux qui ont un revenu de 2.301 à 3.500 R, ne reçoivent qu’une subvention de 5.000 R. Les constructeurs disent qu’avec 15.000 R, après déduction des différents frais des services du site, ils ne peuvent bâtir qu’une maison à une seule pièce en employant les méthodes conventionnelles. Les entrepreneurs Murray and Roberts disent que leurs maisons seraient de 10 m². Grinakar a trois options dans les nouveaux projets: une structure de 40m² avec toit et une toilette; une chambre de 20m² avec une toilette à l’extérieur; ou une chambre de 20m² avec une toilette à l’intérieur.

Le plus grand problème sont les frais des services du site. Le manque de fonds de certaines autorités locales devrait être réparti dans le budget national des logements à travers tout le pays, en se tenant à un type standard de logement. Maintenant qu’elles ont de nouveaux pouvoirs, les autorités locales devraient prendre en charge les services tels que l’eau, les égouts et l’électricité.

Le ministère accélère aussi le processus d’obtention des subsides attribués à ceux qui construisent eux-mêmes leur maison. Sur 1,2 million de logements subsidiés ces sept dernières années, 11.000 concernaient ceux qui construisaient eux-mêmes leur maison.

Le groupe à faibles revenus

L’énorme crise de logements dont souffre l’Afrique du Sud est critique, surtout dans le groupe de ménages à faibles revenus. On estime qu’environ 1,7 million de ménages vivent dans des huttes, sur un terrain sans aucun service utilitaire, alors que 700.000 huttes se trouvent sur des terrains avec des services publics. Une maison moyenne à bon marché, sur un terrain avec services fournis par le secteur de construction, coûte 30.000 R. Beaucoup trop cher pour la plupart des Sud-Africains.

Au début des années 60, le secteur des logements était en plein désarroi. Il comprenait sept ministères et départements de logement, 13 fonds statutaires et plus de 60 parastatales nationales et locales impliquées dans le logement. Il y avait aussi une vingtaine de systèmes différents de subventions et l’industrie de la construction était épuisée par une longue récession. Toutefois, sous le gouvernement de l’apartheid, on a construit des milliers de maisons à bon marché.

Les villes sud-africaines ont tendance à s’agrandir à une allure de 200.000 ménages par an (approximativement de cinq personnes par ménage). Le problème n’est pas de trouver l’argent pour construire. Le gouvernement a prévu toute une gamme d’aides financière, technique et logistique pour aider les communautés à améliorer leurs problèmes de logement. Par exemple, en échange d’une garantie d’emprunt de la part du gouvernement, les institutions financières sont supposées prêter des fonds aux ménages à faibles revenus. Mais, malgré la pression du gouvernement, les banques sont peu enclines à prêter de l’argent à ces ménages. «A cause des hauts risques de non-remboursement, les banques rechignent à prêter aux gens qui ne gagnent pas beaucoup», dit Alain Radcliff, expert conseil financier pour les hypothèques dans une des principales banques. Pour y remédier, le gouvernement a créé la Société financière du logement national.

Un autre problème est que beaucoup de provinces ne dépensent pas leurs budgets pour le logement. En 1997/98, 322.638 maisons ont été construites ou étaient en construction; mais en 2000, il n’y en eut que 170.883, et ce niveau semble être resté le même pour l’année 2001-2002.

Il est clair que le gouvernement national et local ont, tous deux, mis en place diverses mesures pour procurer des logements aux citadins qui vivent dans des conditions sordides, et aux communautés rurales dont les maisons ne sont pas assez solides pour résister aux intempéries. Mais il reste encore beaucoup à faire, et il est essentiel que les deux niveaux de gouvernement soient conscients de leur rôle mutuel pour qu’il y ait moins de gens sans logement décent.


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