ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 430 - 15/03/2002

CONTENTS | ANB-BIA HOMEPAGE | WEEKLY NEWS


Afrique occidentale
Une nouvelle initiative pour développer l’Afrique


DEVELOPPEMENT

afrocc~1.JPGLors de son voyage en Afrique de l’Ouest, Tony Blair a plaidé pour un nouveau partenariat

Au mois de février, le Premier ministre britannique, Tony Blair, a fait une visite d’une semaine en Afrique occidentale. Accompagné de sa secrétaire pour le Développement international, Clare Short, il a visité le Nigeria, le Ghana, la Sierra Leone et le Sénégal. Cette visite est le résultat du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD) que, avec d’autres dirigeants occidentaux, il essaie de sceller avec l’Afrique.

Le spectre du 11 septembre 2001 hante encore le monde. M. Blair est convaincu que, pour éviter que cela ne se reproduise, les pays développés doivent faire un effort concerté pour aider les pays pauvres et pour faire du monde une place où il fait bon vivre. Il est donc venu en Afrique occidentale pour faire accepter un nouveau concept de partenariat, qui veut stimuler les bonnes relations entre les pays développés et l’Afrique.

Blair avait appelé les pays développés à ne pas négliger l’Afrique, «de peur qu’elle ne glisse dans la culture de la drogue et du terrorisme, et hante l’Occident “sécurisé” comme l’ont fait les Afghans». Arrivant en Afrique de l’Ouest, il savait très bien combien l’Afrique a souffert de la guerre, de la famine, des maladies, du désespoir, et combien elle est empêtrée dans les services de la dette et les réformes structurelles, qui ont laissé ses citoyens impuissants face à une crise croissante.

NEPAD

«Je crois que le Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique va créer des ouvertures sans précédent au progrès», a déclaré Blair devant le Parlement ghanéen, le 8 février. Il a insisté sur la nécessité et la possibilité d’un partenariat renforcé entre les gouvernements africains, en cours de réformes, et les pays riches. Son voyage, ainsi que le message qu’il portait, l’ont mis en contact direct avec les crises que connaît la sous-région: problèmes ethniques au Nigeria; calme incertain en Sierra Leone; et problèmes de reprise économique au Ghana et au Sénégal.

Le NEPAD a été pensé et développé par les dirigeants de l’Afrique du Sud, du Nigeria, de l’Egypte, du Sénégal et de l’Algérie. Il a ensuite été approuvé et adopté par toute l’Afrique, lors du sommet de l’OUA à Lusaka, en juillet 2001. Ce nouveau partenariat voudrait mettre tous les pays d’Afrique, individuellement et collectivement, sur le chemin de la croissance et d’un développement viable et, en même temps, les aider à participer activement à la mondialisation.

La Grande-Bretagne, la France, le Canada et d’autres nations occidentales veulent présenter le NEPAD au G8 (les huit principales nations industrialisées), lors de la rencontre de Calgary, Canada, au printemps de cette année. Il s’agit d’un partenariat basé sur un partage de responsabilité et un intérêt réciproque, où les deux parties s’engagent dans une politique de réformes pour l’Afrique, en vue de réduire la pauvreté et de stimuler le développement. C’est le chemin à suivre, selon M. Blair.

Le projet que les Britanniques préparent, comprend notamment: la formation de forces de réaction rapide plus efficaces, l’établissement d’opérations de paix régionales au niveau de l’Afrique, la lutte contre la prolifération des armes légères, et des mesures punitives contre les compagnies impliquées dans le pillage des ressources minérales.

Blair a pris l’initiative de rencontrer les chefs d’Etat de l’Algérie, du Bénin, du Sénégal, du Niger, de la Côte d’Ivoire, du Gabon et du Ghana; il a eu également des contacts avec le secrétariat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique occidentale, l’Union monétaire ouest-africaine et la Banque africaine de développement, afin de discuter sur la manière de faire progresser le NEPAD. Ces discussions ont eu lieu au Sénégal.

L’exemple du Ghana

Avec Tony Blair, c’était la seconde fois qu’un Premier ministre britannique visitait le Ghana, depuis son indépendance en mars 1957. La première visite était celle du Premier ministre Harold Macmillan, en janvier 1960. Blair a dit aux Ghanéens qu’il considère leur pays comme un modèle de bonne gouvernance pour les autres pays africains: «Je crois que vous êtes, à bon droit, fiers de vos institutions démocratiques et des élections qui ont eu lieu il y a juste un an, suivies d’un changement paisible de gouvernement. Vous pouvez en être fiers».

Depuis l’indépendance du Ghana, la Grande-Bretagne a toujours été un partenaire important du commerce et du développement. Entre 1997 et 2001, elle a investi près de 100 millions de livres sterling dans divers secteurs de l’économie ghanéenne, surtout dans l’agriculture, les routes, la vie rurale, l’eau, la formation et le gouvernement local. En 2000, les exportations du Ghana vers le Royaume-Uni ont atteint les 100 millions de livres sterling et elles se sont encore accrues de 31,43% en 2001. Les importations venant de ce pays ont monté à 169,4 millions de livres sterling en 2000. Parmi les produits exportés vers la Grande-Bretagne il y a surtout le cacao, les épices, le poisson, les légumes et les fruits.

Blair a déploré les restrictions commerciales des pays développés qui refusent l’importation des produits du tiers-monde sur leurs marchés. Et il a ajouté: «Il y beaucoup de compassion et de bonne volonté pour lutter contre la pauvreté et l’injustice dans le monde. Mais souvent on se demande si les aides atteignent vraiment ceux à qui elles sont destinées». C’est pourquoi les pays développés ne veulent plus aider les pays qui détournent cette assistance. La Grande-Bretagne et les agences de développement adoptent de plus en plus cette nouvelle ligne. C’est aussi ce que veut la nouvelle stratégie pour la réduction de la pauvreté, un processus lié à l’initiative des pays pauvres très endettés (PPTE).

Les manches retroussées, le Premier ministre britannique a visité une plantation de cacaotiers. Il a profité de l’occasion pour exhorter l’Union européenne à ouvrir ses marchés aux pays en développement, afin de s’attaquer à la pauvreté et de construire un monde plus sûr.

Cette plantation jouit du “système de marché équitable” de “Comic Relief”, une organisation britannique qui garantit aux cultivateurs un prix stable pour leurs produits. Mais, en fait, les tablettes de chocolat tirées de ces produits doivent être fabriquées en Allemagne pour échapper aux tarifs punitifs de l’UE. Ainsi, elles coûtent 10 pences de plus que si elles étaient fabriquées au Ghana.

Selon Blair, de telles restrictions ne font que maintenir les pays dans la pauvreté; elles devraient être abolies: «Quand nous arriverons aux prochaines discussions sur le commerce mondial, il faudra veiller à ce que les pays en développement comme le Ghana puissent accéder à nos marchés. C’est avantageux pour les deux côtés. L’intérêt est réciproque. Les pays développés doivent le reconnaître.»

Ces derniers maintiennent de considérables barrières protectionnistes, surtout pour l’agriculture. L’accès aux marchés agricoles de l’UE est toujours limité par la politique de l’agriculture commune, qui comprend des tarifs et des taxes saisonnières.

Si le marché est ouvert aux produits agricoles tropicaux et aux denrées comme le café et le cacao, sur d’autres produits il y a des tarifs douaniers qui montent jusqu’à 300%. Le cacao non traité n’est sujet à aucune restriction, mais le chocolat confectionné est tellement taxé que le Ghana et d’autres pays semblables préfèrent n’exporter que des produits non traités. Et leurs produits confectionnés, vendus dans les pays en développement, rapportent très peu. En conséquence, ces pays sont fort sensibles à la fluctuation des prix des produits de base.

Réformer l’Afrique

Blair a aussi exhorté les gouvernements africains à se montrer forts dans les transactions du nouveau partenariat. Ce sont les Africains eux-mêmes qui doivent mener le processus de réforme. Les stratégies imposées pour le développement qui viennent de l’extérieur, sans direction et sans appui locaux, n’ont aucune chance d’aboutir. Il ajouta: «Il s’agit d’un programme important. Jamais, je crois, il n’a été plus opportun ou nécessaire de sceller un tel partenariat. Le processus du NEPAD va créer chez vous de grandes possibilités. Grâce au G8, de notre part, et de la part de la communauté internationale dans son ensemble, il y a une volonté et une détermination de collaborer avec vous d’une manière nouvelle».

Au Nigeria, Blair a rendu hommage à la nouvelle génération de dirigeants africains qui, dit-il, se sont engagés à transformer ce continent troublé. Cette nouvelle génération a compris qu’elle en est responsable. «Ce dont nous avons besoin maintenant pour ce partenariat, c’est d’un plan compréhensif dans lequel, de part et d’autre, nous reconnaissons que nous devons nous entraider pour le commerce, les investissements, le règlement des conflits, la bonne gouvernance, l’éducation, la santé et tous les autres problèmes».

Si c’est l’aube d’une ère nouvelle, beaucoup d’Africains peuvent regretter qu’il ait fallu attendre si longtemps. Les pays en développement ont souvent mentionné l’inégalité des relations commerciales et leur asphyxie par le monde développé. Tony Blair pense maintenant que cela va changer et a déclaré bien clairement qu’il veut faire, de l’assistance à l’Afrique, un des points clés de son second mandat. Pour lui, la situation désespérée dans laquelle se trouve l’Afrique constitue «une cicatrice sur la conscience du monde».


SOMMAIRE FRANCAIS | ANB-BIA HOMEPAGE | WEEKLY NEWS


PeaceLink 2002 - Reproduction authorised, with usual acknowledgement