ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 430 - 15/03/2002

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Kenya
Pourquoi la morosité économique persiste


ECONOMIE

L’espoir d’un redressement économique qui aurait permis au pays de faire face aux pressants problèmes socio-économiques après plusieurs années moroses, ne s’est pas matérialisé

On s’attendait à ce que la croissance économique du pays en 2001 soit un peu meilleure que les moins 0,3% de l’année précédente; mais les nouvelles données montrent que le Produit national brut (PNB) n’atteindra pas les 0,5%. Ce qui est moins que le taux de croissance de 1,8% et de 1,4% enregistrés respectivement en 1998 et 1999.

La Monthly Economic Review, de la Banque centrale du Kenya, rapporte en novembre 2001 que la croissance du PNB entre janvier et mars 2001 avait été de 0,6%. Mais c’était avant les attaques terroristes à New York et Washington du 11 septembre, qui ont eu de très mauvaises répercussions sur toute l’économie mondiale. Parmi les activités économiques-clefs du Kenya qui en ont subi le contrecoup, il y a le tourisme et d’importantes exportations agricoles, surtout le thé. Le taux de croissance du PNB pour l’année 2001 n’a été que de 0,4%.

Le Dr Gerrishon Ikiara, chargé de cours en économie à l’Institut de diplomatie et d’études internationales de l’université de Nairobi, reconnaît une légère relance du tourisme, après un déclin important durant plus de deux ans, et quelques progrès dans la production agricole et dans l’alimentation en énergie aux secteurs productifs; mais ceci n’est pas assez important pour revigorer pleinement l’économie.

Le ciment, l’électricité et la bourse

Dans son étude analytique publiée dans le Sunday Nation du 30 décembre 2001, le Dr Ikiara considère le niveau de demande de ciment et d’électricité comme deux baromètres fiables de l’activité économique d’un pays. Or, ces baromètres montrent que le pays n’est pas sorti du pétrin. «Ainsi, la consommation de courant électrique industriel est restée au même niveau qu’il y a cinq ans, en 1996», écrit le Dr Ikiara. Les niveaux de consommation de ciment donnent plus ou moins les mêmes signaux. En 2000, la production et la consommation de ciment avaient diminué de plus de 16%.

L’index de 20 actions de la bourse de Nairobi confirme la tendance à la baisse de l’économie durant cette année. Considéré comme un moyen de mesure assez sensible de l’état de l’économie, cet index a continué sa tendance à la baisse au cours des deux dernières années: de 2.303 points en 1999, à 1.913 à la fin de l’année 2000, et plus bas encore en septembre 2001. Et d’autres indices économiques indiquent que l’économie montre des faiblesses dans des secteurs importants.

La pression fiscale

Durant toute l’année, le gouvernement a été sous pression fiscale. Les recettes des impôts diminuaient, à cause des mauvais résultats économiques, et certains bailleurs de fonds ont suspendu leurs facilités de crédit. Vers la fin septembre, dans les opérations fiscales du gouvernement, il y avait un déficit de 3,7 milliards de shillings, l’équivalent de 0,4% du PNB. En plus, la dette publique globale avait atteint les 626,6 milliards, l’équivalent de 70% du PNB, avec une augmentation d’environ 6 milliards entre juin et septembre.

Le projet de loi Donde (un projet controversé lancé par le député de Gem, M. Joe Donde) a aussi eu des retombées dans le secteur banquier. Cette loi, qui veut introduire des contrôles sur les dépôts et les taux d’intérêts des prêts, dans une économie essentiellement libéralisée, pourrait avoir d’importantes implications sur les opérations bancaires et leur rentabilité. Face à la loi Donde, les institutions bancaires ont été très prudentes dans leurs prêts, attendant la fin des discussions. Cette incertitude a eu de mauvaises retombées sur les activités de l’industrie bancaire.

Réduire la pauvreté

La réduction de la pauvreté est à peine perceptible. Près de 60 pour cent de la population vivent sous le seuil de la pauvreté: $370 par personne et par an.

Deux facteurs aident à comprendre pourquoi on a fait si peu en ce domaine.

Le premier est le manque de soutien effectif aux programmes de réduction de la pauvreté au niveau local. Un exemple évident est la crise des loyers, instiguée par des politiciens, dans les taudis de Kibera à Nairobi: bon nombre de personnes ont été tuées et d’autres blessées, tandis que les destructions s’évaluent à des milliers de shilings; à Mombasa, des petites entreprises “jua kali” ont été démolies.

En deuxième lieu, les ressources extérieures qui devaient financer le programme de réduction de la pauvreté, ne se sont pas matérialisées, parce que le gouvernement n’a pas établi un cadre juridique effectif pour combattre la corruption et n’a pas assez soutenu les réformes économiques. Ceci, suite à l’échec du plan pour le redressement de l’économie du Dr Richard Leakey, ancien chef des Services publics et secrétaire du cabinet, et suite aussi à l’arrêt de la privatisation de Telkom Kenya.

Une fois encore, la population a attendu en vain l’avènement d’un redressement économique, qui prend de plus en plus l’apparence d’un mirage. Des facteurs internes et externes y ont contribué. Les principales causes sont le manque d’attention à l’économie et le manque de volonté politique.


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