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Kenya |
VIE SOCIALE
Un coup d’œil sur la vie quotidienne des pêcheurs du lac Victoria
L’embargo imposé par l’Union européenne sur l’importation du poisson venant du Kenya, a été levé en 2001, au grand soulagement de beaucoup. Malgré cela, le travail de ceux qui vivent de la pêche dans le lac Victoria est bien difficile.
J’ai voulu faire personnellement l’expérience de la manière de vivre autour du lac Victoria. Notre voyage a commencé à 4h40 du matin par une marche pénible d’une demi-heure sur un sentier tortueux. Le sol était dur et rugueux, après une inondation qui avait laissé beaucoup de gens sans abri.
Nous sommes arrivés à un bout du chemin rempli d’une eau boueuse sur une longueur de 200 mètres. De chaque côté, il y avait de hauts roseaux très denses. Nous pensions être déjà au bord du lac, mais non, c’était de la terre ferme inondée.
Embarqués dans un canot, nous avons dû pagayer pour atteindre la baie où se fait la pêche. L’eau est pleine d’hippopotames. Un pêcheur chevronné qui nous accompagnait, nous avertit: «Ils sont par-là». D’abord, je n’avais pas compris ce qu’il voulait dire. Mais après avoir évité de justesse un de ces hippopotames dans la pâle lumière de l’aube, je compris assez vite.
Nous sommes arrivés dans la baie vers 6 h du matin. Certains pêcheurs ramenaient déjà leurs filets. Ils étaient au travail depuis minuit. Quelques-uns nous ont raconté que leur canot avait heurté un hippo. Une femme (car les femmes pêchent aussi) avait même perdu sa pagaie. Il faisait très froid et jusqu’ici je n’avais jamais rencontré autant de moustiques aussi affamés que furieux.
Comment attraper du poisson
Notre filet enfin prêt est emmené dans la baie. Il est maintenant 8h30 du matin. Cela nous a pris encore une demi-heure pour attacher l’appât au filet. Le filet est attaché à une longue corde, dont un bout est ancré au rivage; l’autre bout ainsi que le filet sont mis dans le canot et emmenés au large. Le canot est ensuite tourné, et filet et corde sont tirés vers le rivage, à deux mètres du point d’attache.
L’idée est de prendre dans le filet autant de poissons que possible. Il faut de la force et des efforts considérables et au moins six personnes pour toute cette opération. Un filet ordinaire peut être tiré sur presque un kilomètre dans l’eau. Il y a aussi des gros bonnets qui se servent de canots à moteurs pour aller loin et qui font de grosses prises.
Finalement, voici venu pour nous le moment de tourner le filet et de le haler vers le rivage. Il est 9h30. Le reste de l’opération nous a occupés jusqu’au début de l’après-midi. Notre filet s’est d’abord enchevêtré dans un autre, un peu plus en avant de notre canot, et il a fallu bien du temps précieux, et quelques paroles acerbes des deux côtés, avant de pouvoir continuer notre pêche. Il faut le reconnaître, notre prise n’a pas rapporté beaucoup! Juste assez pour payer les dépenses: louer le canot, faire les réparations nécessaires au filet et donner quelques pièces à ceux qui nous avaient aidés.
A 13h nous commençons à rentrer; mais cette fois-ci nous prenons un autre chemin, car personne ne voulait faire une nouvelle rencontre avec les hippopotames. Entre-temps le vent avait changé de direction, nous forçant à souquer ferme et à nous battre contre les vagues qui faisaient tanguer dangereusement le canot. Et moi qui ne sais pas nager!
Je suis arrivé chez moi vers 14h30. Mais la prochaine fois que je mangerai du poisson, je me souviendrai de tout le travail qu’il faut faire pour en attraper un, mais surtout de la vie rude que mènent les pêcheurs du lac Victoria.
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