ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 431 - 01/04/2002

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Gabon
Le défi des compagnies nord-américaines


ECONOMIE


Le secteur industriel gabonais était jadis aux seules mains des compagnies françaises qui jouissaient d’un monopole certain. Depuis que les autorités ont annoncé que «le Gabon n’est la chasse gardée de personne», les compagnies nord-américaines sont entrées dans la danse avec leur savoir-faire et leur rigueur

Discrètes et performantes, une vingtaine de compagnies nord-américaines contribuent activement à l’éclosion de l’économie du Gabon. Présentes dans plusieurs secteurs, elles se singularisent notamment dans les domaines du pétrole, du bois et de la finance. Elles souhaiteraient toutefois rencontrer plus de souplesse dans les formalités administratives pour la création d’entreprises, et une amélioration du code minier et du régime fiscal.

Les compagnies référencées

Dans l’ensemble, les responsables des compagnies nord-américaines jugent satisfaisantes les conditions d’implantation au Gabon. La plupart ont leur marché à l’extérieur du pays, car le Gabon est trop petit pour leurs produits.

Deux compagnies, une américaine et une canadienne font office de pionniers dans leur domaine. Il s’agit respectivement de “Amerada Hess”, spécialisée dans l’exploration et la production de pétrole et de gaz, et de “Bois Tranchés”, oeuvrant dans la production des placages.

Une autre société américaine, basée à Port-Gentil, la “Baker Hugues International”, opère dans la fourniture du matériel de forage et des services du secteur pétrolier. «Nous avons trouvé sur place une main-d’œuvre qualifiée, car elle opérait déjà auprès de compagnies pétrolières locales, comme Shell Gabon qui a dû transférer son siège à Gamba et réduire son personnel», déclare l’un des dirigeants de la compagnie. Il ajoute que ce secteur «se porte bien tant que plusieurs compagnies pétrolières restent impliquées dans la recherche».

Pour sa part, le directeur général de la filiale Amerada Hess Production Gabon (AHPG), M. John W. Bickerton, nous a confié que «l’exploration en mer profonde requiert de la persévérance. L’exploration pétrolière en mer du Nord n’a abouti aux découvertes qu’après plusieurs années (…) de travail». Interrogé sur les conseils qu’il donnerait à de nouvelles compagnies nord-américaines voulant s’implanter au Gabon, M. Bickerton a déclaré: «Il n’est pas facile de livrer tous nos secrets. Mais le marché est ouvert et les compagnies nord-américaines peuvent s’implanter sur différents créneaux. Amerada Hess ne rencontre pas de problèmes majeurs sur le terrain, mis à part ceux liés aux opérations d’exploration et qui n’ont rien à voir avec le pays».

«Notre souci majeur, c’est qu’il n’y a pas eu de nouvelles découvertes importantes au Gabon au cours de ces dernières années. Cette situation est liée au déclin rapide des réserves existantes», a-t-il conclu.

Quelques exemples

Bois Tranchés — Les ressources forestières du Gabon sont immenses. Las d’exporter le bois sous forme de grumes en perdant des devises, le gouvernement a décidé de mettre en place une commission ministérielle qui doit proposer des mesures pour l’accélération du taux d’industrialisation de la filière bois. L’entreprise canadienne Bois Tranchés, membre de la canadienne General Woods & Veneers Ltd, est la première unité de production de placage au Gabon. «Nous avons répondu très rapidement aux aspirations du gouvernement gabonais», reconnaît le directeur général, Jean Paul Leroux. Et il ajoute: «Nos clients sont des architectes, des concepteurs et des fabricants de meubles répartis dans le monde entier. Bois Tranchés utilise le réseau de commercialisation de son partenaire technique General Woods & Veneers Ltd, qui occupe la seconde place mondiale dans cette activité». M. Leroux a en outre souligné que «La compétition est active dans le secteur bois, mais il suffit de se démarquer en proposant des techniques non encore utilisées dans la transformation en produits finis».

Faco Construction — Le manque de logements a favorisé au cours de ces dernières années la spéculation des agences immobilières de la capitale. Libreville, en effet, connaît un énorme déficit de logements, dans un contexte de crise économique et d’imbroglio juridico-foncier. «Ce déficit ne pourrait être comblé qu’en dix ans, au rythme de 10.000 logements par an. L’entreprise canadienne Faco Construction a mis en place un plan de construction de logements sociaux, dont les premières bâtisses ont permis de se rendre compte du fondement de ce projet», précise M. Walter Lapointe, géomètre canadien. En 1960, il y avait 26 géomètres gabonais à Libreville pour 67.000 habitants. Maintenant il n’y en a plus que 5, pour une ville qui, avec ses 450.000 habitants, regroupe près de la moitié de la population du pays (estimée à 1.190.160 en juillet 1997).

Ernst & Young — La “Ernst & Young”, qui est présente au Gabon depuis plusieurs années, «s’est implantée en Guinée équatoriale, et met à la disposition des entrepreneurs l’ensemble de ses services», a déclaré M. Claude Henri Jouet, son directeur général pour le Gabon et la Guinée équatoriale. «Après l’activité juridique et fiscale, c’est l’activité audit et conseil qui est maintenant présente à Malabo, où 6 professionnels assurent le fonctionnement permanent du bureau», a-t-il précisé. «Nous mettons à la disposition des clients notre expérience dans les domaines du pétrole et des télécommunications», a souligné à son tour M. Nicolas Bonnefoy, avocat au cabinet Ernst & Young, en charge des questions pétrolières en Afrique de l’Ouest. L’une des stratégies internationales de Ernst & Young, parmi les plus importants cabinets de services aux entreprises au niveau mondial, est de s’appuyer sur un réseau de cabinets nationaux dont chacun a une position de leader dans de nombreux secteurs.

Agence de promotion des investissements privés (APIP) — Pour accélérer les démarches d’implantation des sociétés étrangères, l’APIP, dont le rôle est de rechercher des partenaires éventuels dans le monde et de favoriser des contacts entre opérateurs, vient de mettre en place un guichet unique. La direction de promotion des investissements établit des contacts avec les institutions internationales d’appui. Ce guichet unique sert aussi à informer, orienter, conseiller et faciliter l’aboutissement des formalités administratives.

Mesures d’incitation

Le ministre gabonais des petites et moyennes entreprises (PME), M. Paul Biyoghe Mba, explique que «les principales mesures d’incitation concernent la fiscalité (franchise de trois ans pour tout le monde), la garantie et la protection des investissements, l’application du droit des affaires, le règlement des différends par voie de droit et de justice, le transfert sans limitation des bénéfices réalisés (…)».

Les investisseurs nord-américains devraient se sentir rassurés car, depuis le début de l’année 2001, la préparation et le contrôle du budget gabonais sont calqués sur le modèle de l’Amérique du Nord, appelé «Budget base zéro». C’est à la suite d’un séminaire organisé à Libreville, avec l’appui de la Banque mondiale et le soutien du Japon, que le Gabon a mis en place ce nouveau système budgétaire dont la fiabilité a été testée et prouvée aux Etats-Unis et au Canada.


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