ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 431 - 01/04/2002

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Congo RDC
A qui profite la guerre?


GUERRE CIVILE


Pendant longtemps, la guerre au Congo RDC a été mise au compte d’intérêts ethniques,
au détriment des intérêts nationaux. Toutefois, selon le jeune président Joseph Kabila,
elle n’est pas le fruit des différences ethniques,
mais plutôt des intérêts économiques de pays étrangers

Lors de la réunion de la SADC, le 14 janvier 2002, à Blantyre, la capitale commerciale du Malawi, le président congolais, Joseph Kabila, a déclaré aux journalistes que la guerre dans son pays pourrait bien vite se terminer, si les troupes étrangères acceptaient de se retirer. Il a accusé avec véhémence ces troupes — celles qui soutiennent le gouvernement et celles qui soutiennent les rebelles — d’accumuler injustices et misère sur les Congolais innocents: «Le peuple congolais a enduré beaucoup d’injustices de la part des forces d’occupation, qui ne sont pas là pour rétablir la paix, mais pour protéger sur notre sol les intérêts économiques de leur pays à eux», a-t-il dit.

«La paix ne sera rétablie que si les Nations unies envoient des casques bleus et boutent dehors les troupes étrangères. L’ONU devrait imposer des sanctions à tous ces pays qui ont des troupes au Congo. Alors seulement, ils accepteront de quitter notre sol.»

Dans cette guerre interminable, le Zimbabwe, l’Angola et la Namibie appuyent les forces de Kabila, alors que l’Ouganda, le Burundi et le Rwanda soutiennent les factions rebelles. Les journalistes ont tendance à décrire les soldats zimbabwéens comme des «pillards étrangers». Mais le président Mugabe prétend qu’ils sont là pour protéger les intérêts économiques du Zimbabwe au Congo: «Les soldats zimbabwéens ne sont pas des pillards. Nous avons des investissements de partenariat avec le gouvernement légitime du Congo, et nos soldats sont là pour protéger ces intérêts».

Quant aux soldats ougandais — qui soutiennent les mouvements rebelles —, à entendre le président ougandais, Yoweri Museveni, ils ne peuvent pas tous quitter le Congo parce que cela menacerait la sécurité de son pays. Les mêmes arguments sont présentés par le Rwanda et le Burundi.

Les intérêts européens

Si ces nations africaines fomentent la guerre au Congo RDC, certains pays européens la financent en vue de leurs propres intérêts économiques. Des recherches faites par le Service international d’information pour la paix, un institut belge indépendant, ont montré que des compagnies européennes contribuent au financement de la guerre au Congo avec le commerce du coltan. Le rapport cite quelques noms: Cogecom et Sogem (une filiale d’Unicore, ex-Union minière) en Belgique, Masingiro en Allemagne, la Chemie Pharmacie Holland aux Pays-Bas, et la compagnie suisse Finmining. Le coltan, un minerai contenant le très rare métal tantalum, est un élément essentiel dans la production des téléphones mobiles et des ordinateurs, instruments devenus presque indispensables dans la vie actuelle en Europe.

En plus du coltan, le rapport pointe du doigt l’exploitation du bois, qui est un enjeu fondamental dans les territoires occupés par les rebelles soutenus par l’Ouganda: «On a détruit plus de forêts ces trois dernières années, que pendant trente ans».

Malgré ces revers, un rayon de lumière semble briller au fond du tunnel qui conduit àla paix, suite à des négociations intenses menées par des groupes à intérêts divers, telle la Communauté pour le développement de l’Afrique australe (SADC). Les groupes rebelles congolais semblent commencer à comprendre que se sont les pays étrangers qui profitent de la guerre civile.


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