ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 432 - 15/04/2002

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Afrique
Un marché commun voué à l’échec?


DEVELOPPEMENT


Les espoirs du Marché commun de l’Afrique orientale et australe (COMESA) de créer un marché sans taxes dans toute la région, ont été réduits à néant;certains membres de ce groupement économique refusent  de supprimer les taxes douanières et les autres barrières commerciales.

Lors du lancement de la région de marché libre (FTA), le 31 octobre 2000 à Lusaka, seulement neuf des vingt pays membres entrèrent dans la zone hors taxe, à savoir: Djibouti, l’Egypte, le Kenya, Madagascar, le Malawi, l’île Maurice, le Soudan et le Zimbabwe. Les autres membres du bloc économique régional sont: l’Angola, le Burundi, les Comores, le Congo RDC, l’Erythrée, l’Ethiopie, la Namibie, le Rwanda, les Seychelles, le Swaziland et l’Ouganda. La ratification du FTA du COMESA a pour but d’offrir à ses membres l’accès libre au marché hors taxe.

Six pays (le Burundi, les îles Comores, le Congo RDC, l’Erythrée, le Rwanda et l’Ouganda) avaient exprimé l’intention de devenir membres du FTA vers la fin de 2001, après avoir complété l’étude de l’impact que le programme de la suppression des tarifs douaniers pourrait avoir sur leurs économies locales. Mais certains de ces pays semblent maintenant avoir perdu tout intérêt dans la suppression des barrières commerciales. Ils se seraient rendu compte des pertes financières énormes qui en résulteraient.

Ils se ravisent

Déjà, certains pays membres du FTA ont changé d’avis sur leur position dans l’accord commercial. Ainsi les producteurs zambiens disent que le FTA a créé un champ commercial inégal, encourageant certains pays membres sans scrupules à inonder le marché local de leurs produits. Ils font maintenant pression sur leur gouvernement pour qu’il prenne des mesures pour protéger l’industrie locale.

«C’est un fait, nous sommes tous entrés aveuglément dans le COMESA et nous constatons déjà des effets contraires», dit Ajay Vashee, président du syndicat national des fermiers. «Nous avons assisté à une importation massive de produits hors taxe à prix réduits, dont nous soupçonnons qu’ils proviennent d’au-delà des frontières du COMESA». Une récente étude a confirmé ces soupçons et a révélé que certains pays du COMESA permettent sciemment à leurs industries d’importer des matériaux venant de pays non-membres en quantités de loin supérieures à celles autorisées par le règlement du libre commerce régional.

Le gouvernement de la Zambie semble avoir écouté les plaintes de ses fabricants. Misheck Chiinda, ex-ministre de l’Agriculture, a récemment déclaré qu’il était urgent de prendre «des mesures défensives légitimes» contre ces pratiques déloyales de certains producteurs du COMESA.

Selon des analystes, les inquiétudes des producteurs zambiens pourraient se répandre dans toute la région, donnant ainsi aux pays non encore membres du FTA une raison de plus de tergiverser pour s’y enrôler. «C’est comme une tanière de lion», dit un analyste de l’emploi à Lusaka. «Certains pays refuseront d’y entrer, quand ils auront vu que leur voisin a été dévoré». Ce changement d’opinion pourrait fort bien ruiner les plans régionaux de créer une union douanière et un marché commun en 2004.

Les faiblesses du COMESA

Selon d’autres observateurs, la grande faiblesse du COMESA est son manque de stratégies claires pour faire respecter les accords du commerce régional. Ils disent que les pays membres sont libres d’imposer leurs propres règlements commerciaux, souvent en contradiction avec ceux du COMESA.

Ainsi, on reproche au Zimbabwe que, bien qu’ayant rejoint le FTA, il multiplie et renforce ses barrières tarifaires, limitant les importations provenant des autres membres tels que la Zambie. Cela a causé un déséquilibre commercial entre la Zambie et le Zimbabwe. Le marché à l’intérieur du COMESA représente 15% des importations de la Zambie, dont 83% viennent du Zimbabwe. Mais en même temps, les barrières libres de taxes douanières ont permis à la Zambie d’exporter plus que le quota permis vers le Zimbabwe.

Malgré ces inquiétudes, les hauts fonctionnaires du COMESA restent optimistes quant à l’avenir de la zone de marché libre. «La consolidation du FTA doit permettre une augmentation du commerce et des investissements dans la région», dit le ministre égyptien des Affaires étrangères, Yousef Boutros Boutros-Ghali. «En supprimant les barrières commerciales, le COMESA a déjà étendu ces possibilités».

Date ultime: le 30 avril...

Un récent conseil des ministres réuni à Lusaka, a instamment demandé aux onze d’adhérer au COMESA et a fixé comme date ultime, le 30 avril 2002 pour rejoindre le FTA. Toutefois, au moment où nous écrivons, aucun de ces pays ne s’est engagé publiquement à respecter cette date limite. «Nous ne pouvons forcer un pays à devenir membre, mais nous pouvons lui montrer les bienfaits qui résulteraient de son adhésion au FTA, surtout le grand marché dont jouissent tous les pays membres», dit Mweussi Karake, responsable des relations publiques du COMESA. «Déjà, la Tanzanie regrette sa décision de se retirer de l’union, mais nous permettons aux hommes d’affaires de ce pays de profiter du marché libre dans nos pays membres». (La Tanzanie se retira du COMESA en 1999, disant que son industrie locale n’avait rien à gagner de la suppression des tarifs commerciaux).

Karake n’est pas d’accord avec les rapports selon lesquels les pays non-membres ont perdu tout intérêt à adhérer à la zone de libre commerce. Selon lui, ces pays étudient encore comment harmoniser leur système national des taxations avec les implications du FTA. Il espère bien que finalement d’autres pays y adhéreront. Il fait aussi remarquer que l’Union européenne avait commencé avec neuf membres, mais qu’actuellement elle en compte plus de quinze.

Selon le secrétaire général, Erastus Mwencha, la première priorité du COMESA est de développer et de consolider le FTA en prêtant plus d’attention au transport commercial, à la santé et à l’éducation, au tourisme, aux services financiers et bancaires. Mais Mwencha reconnaît que les délais d’adhésion à la région de libre échange pourraient avoir un impact négatif sur toute la région. «Nous nous efforcerons donc de persuader les onze pays à adhérer au FTA encore cette année», affirme-t-il.


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