ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 432 - 15/04/2002

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 Malawi
Des mauvais jours en perspective


ECONOMIE


Le Malawi va au-devant de jours difficiles, s’il ne parvient pas à mettre une fin à la crise actuelle

L’économie du pays est dans une mauvaise passe. L’inflation, les taux d’intérêts et les prix ne font que croître. Les bons du Trésor du gouvernement atteignent un taux d’intérêt de 46%. Les banques commerciales sont peu disposées à prêter aux institutions, mais elles sont toujours prêtes à faire des affaires en bons du Trésor. Les taux d’intérêts sont à 53%, alors que l’inflation dépasse les 30%. Cette hausse des taux d’intérêts et de l’inflation ont fait monter tous les prix. La nourriture est très chère.

L’économie en mauvaise passe

Le Malawi fait partie de la communauté de développement de l’Afrique australe (SADC). Il connaît des taux élevés de malnutrition et de mortalité infantile. De plus, on importe peu de denrées alimentaires, car la plupart des gens n’ont pas les moyens de se les payer. 80% de la population (qui se monte à 11 millions d’habitants) vivent dans les régions rurales et plus de 65% vivent en dessous du seuil de pauvreté, fixé par la Banque mondiale à moins d’un dollar par jour.

Seule une petite partie de la population a un emploi, et ceux qui en avaient un l’ont perdu, les entreprises devant fermer les portes. De grosses entreprises ont dû fermer complètement, alors que d’autres ont fermé des filiales, sous prétexte de restructuration et de réduction des effectifs. Quelques grosses sociétés comme Blantyre Printing and Publishing, Mandala Limited, Press Corporation Limited, ont vendu ou fermé des filiales, ce qui a contribué à faire croître le chômage. Les travailleurs licenciés ne peuvent que très difficilement trouver un emploi dans un marché de travail sans expansion.

Encore récemment, il y eu des licenciements massifs. Durant ce premier trimestre de 2002, Malawi Telecommunications Limited (MTL) a licencié 300 travailleurs. Southern Bottlers Limited (SOBO), distributrice de Coca-Cola, a licencié 600 travailleurs à cause des difficultés et des facteurs économiques défavorables. Et pourtant, SOBO ne doit pas faire face à la concurrence. Il y a aussi Mafumu Textiles et David Whitehead & Sons, qui l’an dernier, rien qu’à eux deux, ont licencié plus de 10.000 travailleurs pour les mêmes raisons.

Les employeurs accusent les dirigeants politiques, qui n’auraient pas créé un cadre favorable aux affaires du secteur privé. Le gouvernement a bien reconnu l’importance du secteur privé dans la croissance de l’économie, mais cette reconnaissance n’a pas été accompagnée de mesures concrètes. L’industrie locale est morte de mort naturelle, le secteur privé n’ayant pas la capacité de faire face à l’importation massive d’autres pays africains et asiatiques. Et les ouvriers reçoivent leurs salaires avec de grands retards.

Dans un pays où le lac Malawi couvre 20% des terres, les bouteilles d’eau potable venant des Emirats arabes unis et de l’Afrique du Sud ont inondé le marché dans la plupart de nos magasins. Le prix d’une bouteille varie entre 1 et 3 dollars. Ce qui est bien significatif, dans un pays avec tant d’eau.

Les réserves en devises diminuent

L’économie connaît une baisse de ses réserves de devises étrangères; la demande est en hausse et la disponibilité en baisse. Le rapport du 1er février de la Banque d’investissement Loita mentionne: «Cette situation est surtout le résultat d’une plus grande demande de devises étrangères en novembre et décembre, alors qu’elles devenaient plus rares. Pendant cette période de l’année, les entreprises faisaient leurs provisions pour la vente traditionnelle des jours de fêtes et la saison de plantation agricole, alors que l’économie entrait dans sa saison de maigres revenus venant de l’étranger».

Vers la fin de janvier 2002, la diminution des devises étrangères s’est amplifiée, parce que l’afflux des capitaux venant des donateurs étrangers s’était fait plus rare lui aussi. Entre-temps, le kwacha perdait de sa valeur par rapport au dollar zimbabwéen, au rand sud-africain et au dollar américain. Et puis, il y eut la pénurie de maïs qui a fait monter en flèche les prix des denrées domestiques.

Dépenser au-dessus de ses moyens

Malgré la lente croissance de l’économie, le gouvernement a été accusé de trop dépenser. Le chef de la mission du Fond monétaire international (FMI) au Malawi, Alfred Kammer, a dit que durant les derniers mois de l’année financière 2001-02, le budget du Malawi a connu des dépenses excessives. Le Malawi devrait dépenser selon ses ressources et centrer ses dépenses sur la réduction de la pauvreté, surtout dans les domaines de la santé, l’agriculture et l’éducation, qui profiteraient aux pauvres.

C’est un fait établi que le gouvernement du Front démocratique uni (UDF) du président Bakili Muluzi n’a pas réussi à contrôler les dépenses. Ses mesures de compression des prix en vue de réduire le déficit du budget et de contrôler les indicateurs macro-économiques, n’ont pas donné de résultats. Le gouvernement a toujours promis d’introduire des mesures de compression des prix, mais ce n’était que pour la forme. Le président Muluzi dépense beaucoup pour ses fréquents voyages dans le pays. Chaque fois qu’il se déplace, il lui faut un cortège d’au moins 32 voitures. Cela coûte très cher à un pays où la majorité des citoyens n’arrivent pas à joindre les deux bouts.

Les donateurs se désistent

Le Malawi souffre beaucoup du désistement de son plus important donateur, le Danemark. Au début de cette année, ce pays a décidé d’arrêter son aide, accusant le gouvernement de ne pas contrôler la corruption, d’interférer avec le judiciaire, et d’intolérance politique et malversations. Un nombre de programmes financés par le Danemark par le biais d’agences telles que DANID, ont été stoppés.

Le programme d’aide du Danemark s’était concentré sur trois secteurs: l’éducation (surtout l’enseignement moyen et la formation professionnelle), l’agriculture (en insistant sur l’élevage et l’irrigation) et la télécommunication (aide à la balance des payements). Depuis 2000, l’aide danoise se montait annuellement à 27 millions de dollars, dont 38% pour la gestion de l’économie, 17% pour l’agriculture, 17% pour les ressources humaines, 20% pour les communications, et les 8% restants pour d’autres sujets.

D’autres donateurs ont aussi arrêté leur aide. Cela a créé la panique dans les cercles du gouvernement, qui ne peut plus répondre à ses besoins budgétaires. Le 26 février, le ministre des Finances et du Plan, Friday Jumbe, admettait que le pays «se trouve en une fort mauvaise position».

D’autres problèmes en vue

Avec l’aide du FMI et de la Banque mondiale, le Malawi a mis en œuvre des réformes structurelles. En 2000, il a signé le Programme pour la réduction de la pauvreté et des facilités de croissance (PRGF), qui a remplacé celui du nouvel ajustement structurel (ESAP). En conformité avec ces arrangements du PRGF, le Malawi s’efforce d’atteindre une croissance de 4,5% de son PIB; un taux d’inflation de 5%; assez de réserves externes pour couvrir au moins 4,8 mois d’importations de denrées et d’autres services; un déficit de compte courant (y compris les transferts publics) inférieur à 6% du PIB; et une réduction du nombre de personnes vivant sous le seuil de la pauvreté.

Cependant, le Malawi a besoin d’un miracle pour atteindre cette croissance économique et s’attaquer à ces hauts niveaux de pauvreté. Malgré ces réformes structurelles, le pays doit faire face à des tâches inquiétantes. Le plus difficile sera de réaliser une réduction durable de la pauvreté. Une stabilisation macro-économique en est une condition essentielle.

Selon le rapport du FMI nº 01/38 de février 2001, le Malawi pourrait atteindre des taux plus élevés de croissance et de réduction de la pauvreté, s’il parvenait à maîtriser certaines faiblesses fondamentales. Les taux des épargnes privées et de la capitalisation sont insuffisants. Les écarts dans la discipline fiscale ont causé un accroissement monétaire et de hauts taux d’intérêts. Le contrôle des dépenses publiques laisse à désirer. Il y a eu des fluctuations substantielles et injustifiées dans la politique économique. Le secteur de l’économie est encore dominé par les oligopoles. La question des terres continue à freiner la production. La vitesse à laquelle s’est faite la réforme des services publics s’est ralentie. La responsabilité et la bonne gouvernance doivent encore être améliorées. Les prix exagérés des services publics et du transport national et international empêchent la compétition. On dépend encore trop de l’assistance financière étrangère. La qualité des statistiques est insuffisante et inadaptée.

Le président Muluzi parviendra-t-il à stimuler la confiance des Malawites dans leur avenir? Seul le temps pourra nous le dire.


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