CONTENTS | ANB-BIA HOMEPAGE | WEEKLY NEWS
Togo |
POLITIQUE
La situation politique n’a presque pas changé depuis le début du processus démocratique...
Le Rassemblement du peuple togolais (RPT), est toujours au pouvoir depuis plus de 34 ans. Et il n’est pas prêt pour une alternance. La lutte des populations, qui s’est soldée par des dizaines de morts et de disparus et des centaines d’exilés, n’aura pas servi à grand-chose. Les causes de cet échec tiennent essentiellement à la division de l’opposition. Le président Eyadema, au pouvoir depuis plus de trois décennies, qui en 1999 avait promis de se retirer à la fin de son mandat actuel (juin 2003), ne rassure plus. Les élections législatives programmées pour sortir le pays de cette crise n’ont toujours pas eu lieu. Prévues d’abord en 2000, puis reportées en 2001, elles viennent encore d’être reportées sine die. Les tentatives du Collège des facilitateurs du dialogue intertogolais (composé des membres de l’Union européenne, de la Francophonie, de la France et de l’Allemagne. Leur mission devrait se terminer normalement le 31 mai 2002) sont restées vaines.
L’affaire Agboyibo
L’emprisonnement depuis le 3 août 2001 de l’opposant Yaovi Agboyibo, président du Comité d’action pour le renouveau (CAR), a été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. L’opposition, unie pour une fois, en a fait son cheval de bataille. Elle a exigé la libération du leader avant de reprendre les travaux au sein du Comité paritaire de suivi (CPS), chargé de la mise en œuvre des décisions de l’accord-cadre de Lomé (signé en juillet 1999 entre le pouvoir et l’opposition sous le parrainage de la communauté internationale).
Après plusieurs interventions, et surtout après un procès à rebondissements, le président du CAR a finalement recouvré sa liberté le 14 mars dernier, après plus de six mois passés derrière les barreaux. Aussitôt libéré, il a déclaré que «l’on n’instaure pas la paix à coups de sentiments ou à travers des propos généreux sur le pardon et la réconciliation. Il s’agit avant tout d’agir, en architecture politique, en mettant bout à bout des pierres disparates pour bâtir un édifice harmonieux et solide où chacun trouve sa place».
On s’attendait à ce qu’il s’attaque aux tenants du pouvoir pour l’avoir embastillé injustement. D’autant que le chef d’accusation de «diffamation» du Premier ministre ne recouvrait pas grand-chose, ni dans la forme ni dans le fond. Tout le barreau du Togo et des avocats venus de France, mobilisés derrière leur confrère emprisonné, ont essayé pendant plus de six mois de démontrer la vacuité du dossier Agboyibo. En vain. Des magistrats togolais ont même démissionné pour marquer leur désapprobation face aux différents verdicts de non-droit. Qu’à cela ne tienne; la libération du politicien n’a été finalement possible que grâce à l’intervention personnelle du chef de l’Etat. Confirmant ce qui a été toujours dit: «L’affaire ne relève pas de la justice, mais des instances politiques dirigeantes».
Blocages
La reprise le 26 mars dernier des travaux du CPS, avec la participation de toute l’opposition et du pouvoir, ne devrait pas se dérouler dans de bonnes conditions. Même si le premier contact s’est fait dans une ambiance bon enfant, des points litigieux ont rapidement dissipé l’optimisme nourri par les uns et les autres après la libération de Me Agboyibo.
La séance du 2 avril a été marquée par les positions antagonistes traditionnelles. Sur proposition du gouvernement, le parti au pouvoir, seul composant de l’Assemblée nationale, avait modifié unilatéralement les dispositions du code électoral. Ce que l’opposition rejette catégoriquement. «On ne peut modifier unilatéralement quelque chose que nous avons adopté d’une manière consensuelle», lance-t-elle unanimement. «Il faut que le pouvoir revienne sur cette décision. Nous parlons d’abord de la forme. Après on peut étudier le fond de ces modifications autour d’une table de négociation. Mais avant, tout doit être annulé», a déclaré un membre de la Convergence patriotique panafricaine (CPP) de l’ancien Premier ministre Edem Kodjo.
En coulisses, l’opposition juge ces modifications pertinentes. Il s’agit notamment de l’obligation faite à tout candidat aux présidentielles de résider au Togo un an au moins avant les élections, et de se départir de toute autre nationalité pour ne conserver que celle togolaise. «Ce que nous voulons c’est reprendre les négociations là où on les a laissées et considérer comme nul et de nul effet les actes posés unilatéralement par le Rassemblement du peuple togolais», a expliqué un leader d’un parti de l’opposition. Le parti au pouvoir ne voit pas les choses de cette façon. Il a demandé à l’opposition de démontrer que les modifications intervenues dans le code électoral ne sont pas conformes à l’accord-cadre de Lomé. Ce que celle-ci n’a pas pu faire d’une manière convainquante.
En conclusion, le pouvoir maintient le code en son état, au grand dam des opposants. Les facilitateurs ont annoncé que «si toutes les délégations représentées au CPS indiquent clairement leur détermination à retrouver la voie du consensus et si les parties du dialogue en expriment le souhait, les facilitateurs se tiendront à leur disposition pour examiner avec elles, sur la base des procès-verbaux aux CPS, les voies et moyens d’aboutir à la tenue effective des élections et pour régler les dernières questions relevant de l’accord-cadre de Lomé». C’est le seul point d’espoir qui reste.
SOMMAIRE FRANCAIS | ANB-BIA HOMEPAGE | WEEKLY NEWS