ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 434 - 15/05/2002

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Mozambique
Le choléra


SANTE


Les Nations unies estiment que, dans le monde, 1,2 milliard de gens n’ont pas accès à une eau saine et 2,5 milliards ne disposent pas de système sanitaire adéquat

Un beau matin de mars, Joao Pedro (10 ans) s’en va jouer avec ses amis. Mais contrairement à ses habitudes, il rentre déjà chez lui vers 9 h. Marta Pedro, sa mère, croit qu’il a faim et qu’il cherche quelque chose à manger dans la cuisine. Mais, après une demi heure, voyant qu’il n’est pas encore sorti, elle s’inquiète et va voir ce qui se passe. Elle racontera plus tard: «Quand je suis entrée dans la cuisine, j’ai été bouleversée de le voir par terre, gémissant et pressant son ventre des mains. Je ne savais que faire. Il ne répondait pas quand je lui demandais ce qui n’allait pas».

Des voisins ont aidé Marta à porter le garçon à la clinique locale où, avec étonnement, ils apprennent que Joao a contracté le choléra, une maladie transmise par l’eau qui, en quelques heures, peut être mortelle si elle n’est pas soignée immédiatement. Les infirmières lui ont donné les médicaments appropriés et, deux jours plus tard, hors de danger, il pouvait rejoindre ses camarades dans la rue, dans la banlieue surpeuplée de Luis Cabral.

Une infirmière de la clinique a expliqué à Marta que Joao pouvait avoir contracté le choléra à cause de l’eau déversée dans la rue par les habitants, après avoir fait la lessive ou d’autres travaux de ménage. Il se pourrait que Joao ait bu de cette eau.

Joao est l’un de ces milliers d’enfants et d’adultes de la capitale, qui ont contracté des maladies transmises par l’eau; il a eu de la chance de ne pas en mourir. C’est dans ce contexte que le ministère de la Santé s’est enfin décidé à fournir une bonne information pour lutter contre le choléra qui a déjà fait tant de victimes.

Le choléra s’est répandu, d’août 2001 à mars 2002, dans neuf des onze provinces du pays, y compris la capitale, Maputo. Selon les statistiques du ministère de la Santé, il y a eu 383 décès pour 31.785 cas rapportés. Une eau malsaine et un système sanitaire défectueux seraient responsables de la récurrence de la maladie.

Le ministre adjoint de la Santé, Aida Libombo, a déclaré récemment au Parlement qu’il n’y avait pas une bonne information sur la prévention de la maladie, et que son ministère allait s’atteler à cette tâche. C’est dans la province centrale, Zambezia, qu’on a constaté le plus grand nombre de cas: 8.192, dont 132 décès; dans la province du Nord, Nampula, 7.975 cas et 81 décès; à Maputo, 205 cas, dont un seul décès; et dans la province du Nord, Cabo Delgado, 654 cas et deux décès. Déjà en 1970, le personnel médical avait été très inquiet sur la prévalence du choléra au Mozambique.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) définit le choléra comme une maladie infectieuse, épidémique, causée par une bactérie, le vibrion cholérique, accompagnée de selles très fréquentes. On peut être infecté en buvant de l’eau ou en mangeant de la nourriture contaminée. Le choléra sévit actuellement dans beaucoup d’endroits. De nouveaux cas se déclarent sporadiquement dans les pays où manquent l’approvisionnement en eau potable, un bon système sanitaire, une nourriture sans risques et une bonne hygiène. Le gouvernement central du Mozambique et les municipalités locales n’ayant pas réussi à assurer une eau propre à la population rurale et urbaine, ni à améliorer le système sanitaire, la maladie profitera de ces failles pour subsister.

La journée mondiale de l’eau

Le Mozambique s’est joint à d’autres pays pour célébrer la journée mondiale de l’eau, le 22 mars. Dans leurs discours, des responsables du gouvernement et des ONG ont souligné l’importance de cette journée. Mais pour les habitants de Maputo c’est un jour ordinaire, avec ses soucis quotidiens de trouver de l’eau propre pour l’usage domestique.

Carlos dos Santos (20 ans), de Maputo, explique: «Chaque fois qu’on célèbre la journée mondiale de l’eau, nos dirigeants se perdent en de longs discours sur la nécessité de nous fournir une eau propre. Mais dès que le jour est passé, ce besoin est aussitôt oublié». Si le problème de l’eau dans la ville n’est pas vite résolu, on risque une épidémie de choléra. «Dans cette ville, se plaint-il, nous sommes supposés avoir une meilleure eau qu’ailleurs, mais c’est tout juste le contraire. L’eau qui sort du robinet est déjà sale avant d’être employée».

Chaque jour, les femmes et les filles se lèvent de bonne heure, à 4h du matin, pour faire la queue à la distribution d’eau. Elles doivent se dépêcher, car l’eau est coupée à 8h jusqu’au lendemain. Selon un fonctionnaire, cette coupure vient du fait que la quantité d’eau pompée dans les réservoirs de la ville, est insuffisante. Il espère cependant qu’on pourra remédier à ce problème car on a cherché des fonds pour retaper les pompes.

Absence d’égouts

Le problème de l’eau dans la capitale est rendu plus aigu par l’absence de tout système de drainage pour évacuer les eaux usées. Dans certaines parties de la banlieue, il ne reste aux résidents qu’à déverser cette eau dans la rue, mettant ainsi en danger la vie des enfants qui y jouent.

Dans un message commun pour marquer la journée mondiale de l’eau, deux organisations caritatives anglaises, Water Aid et Tearfund, ont fait remarquer qu’au niveau mondial, la moitié des lits dans les hôpitaux sont occupés par des malades d’infections transmises par l’eau. «Un bon système sanitaire seul, n’améliorera pas la situation», observent-elles. «La population doit recevoir une formation concernant l’hygiène. Des nouvelles toilettes ne réduiront pas la diarrhée si les gens ne s’en servent pas et si ces toilettes ne sont pas entretenues et nettoyées régulièrement». Déjà, le seul fait de se laver les mains avec du savon, avec des cendres ou de la boue, avant de préparer les repas, réduirait d’un tiers la diarrhée et même la mort.

Le choléra restera toujours un problème dans des pays comme le Mozambique, si les gouvernements ne mènent pas une action concertée pour assurer une eau propre, bonne pour la consommation et la cuisine. De plus, ils doivent garantir de bonnes infrastructures sanitaires. Alors, et seulement alors, les enfants comme Joao pourront jouer en toute sécurité dans les rues.


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