ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 434 - 15/05/2002

CONTENTS | ANB-BIA HOMEPAGE | WEEKLY NEWS


Sierra Leone
Le sida dans l’après-guerre


SIDA


Après une guerre de dix ans, la pandémie du sida est devenue à son tour un cauchemar pour le pays

Avant la guerre, le sida se répandait petit à petit en Sierra Leone, sans attirer beaucoup d’attention. Il y avait bien quelques décès causés par le sida, mais les jeunes ne s’en souciaient pas trop. Par contre, avec la guerre la maladie a commençé à se propager de différentes façons et les victimes sont devenues de plus en plus nombreuses. Des milliers de jeunes filles, kidnappées pour servir de femmes aux rebelles, ont attrapé le virus. Violées collectivement par des bandes dans les villes et dans les villages, elles sont devenues porteuses potentielles de la maladie.

A la fin de la guerre civile, une enquête sur le problème s’avérait absolument nécessaire. Aussi, en février de cette année, on a élaboré des plans pour lancer une enquête nationale sur la prévalence du sida. Elle serait menée conjointement par les représentants du Centre pour le contrôle des maladies (basé à Atlanta, Georgie, USA), du gouvernement de la Sierra Leone et de la Banque mondiale.

Prise de conscience

Lors d’un séminaire organisé à Freetown en février, l’ambassadeur des Etats-Unis en Sierra Leone a fait remarquer que la paix était menacée par le sida. Il a averti que, si elle n’était pas prise au sérieux, cette prévalence réduirait à néant tout ce qui avait été accompli péniblement les derniers mois. «Nous ne savons pas guérir le sida, mais nous pouvons le prévenir», a-t-il dit, avant de poursuivre: «La paix qui nous tient tant à cœur, porte en elle les semences d’une menace. Si nous ne nous en occupons pas immédiatement, le sida causera plus de misères et de souffrances que la guerre qui vient de finir».

Evoquant l’ampleur du problème, il ajoutait: «Le VIH/sida est bien plus dangereux que vous ne le pensez. Les entreprises devraient investir dans des programmes de conscientisation, distribuer des préservatifs à leurs travailleurs et parler avec eux en toute liberté sur des sujets que normalement on n’aime pas aborder». Il a rappelé comment, quand il était en fonction au Malawi, le président Banda avait refusé de reconnaître l’existence du sida dans son pays. «Aujourd’hui, le Malawi est un des pays au taux le plus élevé du VIH/sida sur le continent», a dit l’ambassadeur, remarquant encore que «le sida ne respecte ni les niveaux de formation, ni le statut social».

Le prix des médicaments

Le plus grand problème pour les victimes du sida est actuellement de trouver les médicaments rétroviraux, et cela à un prix abordable. On les trouve déjà en petites quantités, mais à quel prix! La majorité des Sierra-léonaise vit avec moins d’un dollar par jour. Dès lors, les victimes du sida sont dans l’impossibilité d’acheter ces médicaments.

Selon Mlle Suad Deen Savage, conseillère régionale du Programme national de contrôle du sida, «les Sierra-Léonais risquent de mourir à cause des prix trop élevés des médicaments». Elle suggère aux sidéens de se mettre en rapport avec les membres de leur famille qui vivent à l’étranger, pour qu’ils les aident à acheter ces médicaments. Elle rappelle cependant que le gouvernement examine la possibilité pour la Banque mondiale d’importer des médicaments de l’Afrique du Sud, pour les distribuer gratuitement aux malades.

La guerre étant finie, les rebelles doivent être réintégrés dans la vie normale. Mais on craint beaucoup qu’ils soient porteurs du virus. Une femme mariée exprimait ainsi cette peur générale: «La plupart des filles qui errent aujourd’hui dans les rues, ont probablement été dans la jungle. Il y a donc beaucoup de chances qu’elles soient maintenant infectées par le sida».


SOMMAIRE FRANCAIS | ANB-BIA HOMEPAGE | WEEKLY NEWS


PeaceLink 2002 - Reproduction authorised, with usual acknowledgement