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Malawi |
ENFANTS
Une nouvelle loi pour protéger les enfants contre le dur labeur
Il y a huit ans, l’administration du Front démocratique uni (UDF) lançait le programme d’écolage gratuit. Son but était de diminuer l’analphabétisme et de préparer un futur meilleur pour les générations à venir. Malgré cela, le nombre d’élèves dans les écoles primaires continue à diminuer. C’est sans doute à cause de la pauvreté, qui oblige les familles à garder leurs enfants à la maison, en les mettant souvent au travail pour augmenter un peu les revenus de leur pauvre famille.
Fin 2001, un rapport publié par l’Institut norvégien des sciences sociales appliquées, montrait que les deux tiers des enfants travaillant dans les plantations de tabac avaient moins de dix ans. Cela ne fait que corroborer ce qui avait déjà été constaté plus tôt: beaucoup d’enfants accompagnent leurs parents et travaillent dans des conditions dangereuses, sans protection adéquate contre les produits chimiques. Pendant des heures entières, ils sont soumis à la pénible cueillette du thé.
Le rapport révèle aussi que dans le district balnéaire du lac Malawi, très fréquenté par les touristes, des enfants sont victimes d’abus sexuels. Certains touristes séduisent des petites filles avec de l’argent. Déjà avant la publication de cette étude, les chefs traditionnels s’étaient plaints dans les journaux du fait que les touristes envoyaient des enfants pour leur acheter de la drogue, surtout du cannabis, connu localement sous le nom de «chamba». Selon l’étude norvégienne, publiée en même temps qu’un projet similaire de l’UNICEF, au Malawi le travail des enfants atteint un des taux les plus élevés du monde. L’UNICEF suit de près une étude de projet pilote, dans certains districts des régions centrales et septentrionales du pays. Elle fait de la conscientisation, et attire l’attention des hauts fonctionnaires du gouvernement local (conseillers du gouvernement, des villes et des districts) sur les conséquences néfastes du travail des enfants.
Situations horrifiantes
Récemment, Alice Sumani, ministre du Travail et de la Formation professionnelle, a exhorté les parlementaires à voter une loi pour la protection des enfants. Une telle loi ne sera effective qu’après être présentée au Parlement et approuvée. Mme Sumani déclarait: «Les résultats de l’étude nous donnent une image horrifiante de la situation des enfants au travail au Malawi. Nous voulons une loi qui protège les droits des enfants et contrôle l’exploitation dont ils sont l’objet».
Le Malawi exporte surtout du tabac et du thé. A lui seul, le tabac rapporte au pays 80% de ses devises étrangères et contribue pour 35% au PNB. Beaucoup de plantations de thé emploient des enfants mineurs. L’industrie du tabac emploie plus de 7 millions de personnes dans ses différents secteurs. Des défenseurs des droits de l’enfant disent que, dans beaucoup de plantations, les enfants constituent le noyau de leurs travailleurs. Ces enfants travaillent sans habits protecteurs et pieds nus.
Emma Tamandani, 31 ans, mère de trois enfants, travaille dans la plantation de thé de Mchima, district de Thyolo, dans le sud. C’est une des plus importantes régions de production de café et de thé. Elle n’a pas d’autre choix que de travailler pendant de longues heures non payées, avec son fils aîné Chipiriro, âgé de huit ans. «Parfois, dit-elle, je dis à l’employeur que mon fils est malade. Mais, malgré cela, il est mis au travail. La plupart de nos heures supplémentaires ne sont pas payées et je n’ai pas encore reçu mon salaire de décembre».
Des départements du gouvernement et des organisations comme l’UNICEF, le Congrès des syndicats du Malawi, le ministère du Travail et de la Formation professionnelle, et l’Office national des statistiques, ont uni leurs efforts pour faire prendre conscience des conséquences funestes du travail des enfants.
Harry Chiliwaya, un instituteur temporaire à l’école primaire de Mimosa, dans le district des plantations de thé de Mulanje, a affirmé lors d’une réunion du Comité du district, que ces plantations engagent presque tous les enfants qui devraient aller à l’école. Cette situation perdure, dit-il, parce que leurs parents sont très pauvres: «La pauvreté est le problème principal dans la région. Beaucoup de veuves ne parviennent pas à subvenir seules aux besoins de leur famille».
Toutefois, on fait des efforts pour mettre fin à cette triste réalité. L’an dernier, l’Organisation internationale du travail (OIT) a apporté tout son soutien à la campagne pour arrêter le travail des enfants. Elle a menacé d’un embargo commercial les pays exploitant les enfants. Au Malawi, elle a averti les propriétaires des plantations de café, de thé et de tabac, que des sanctions pourraient être prises contre eux s’ils continuent à mettre au travail des jeunes enfants.
Martin Mononga, haut fonctionnaire au ministère de Travail, affirme: «Nous avons donné à tous nos inspecteurs des cartes de police pour perquisitionner les lieux susceptibles d’employer des jeunes enfants». C’est sûrement un pas dans la bonne direction.
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