ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 437 - 01/07/2002

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Afrique
Aider les fermiers à contrôler la malaria
 


SANTE


Les liens entre la malaria et l’agriculture en Afrique tropicale

Quels rapports y a-t-il entre malaria et agriculture en Afrique tropicale? Comment les fermiers favorisent-ils la reproduction des moustiques dans les communautés rurales africaines? Dans quelle mesure les efforts mondiaux pour atténuer la malaria sont-ils efficaces parmi les habitants de la campagne?

Voilà quelques questions parmi bien d’autres, que se sont posées des agronomes, des chercheurs médicaux, des pharmaciens et des entomologistes, lors d’une conférence internationale tenue à l’Institut international d’agriculture tropicale (IITA, basé au Nigeria), du 18 au 20 mars 2002, pour étudier les rapports entre la malaria et l’agriculture en Afrique, et essayer d’y trouver des solutions.

Ce groupe interdisciplinaire, réunissant des spécialistes d’Afrique, d’Europe et d’Amérique, a examiné comment ont pourrait améliorer les habitudes des fermiers pour atténuer les effets de la malaria partout en Afrique. Les participants ont tenté de parfaire la recherche déjà entreprise quant aux méthodes préventives et curatives de la malaria, en étudiant des systèmes agricoles qui réduiraient le nombre de moustiques dans les régions rurales. Ils veulent aussi encourager le développement et l’emploi des plantes qui préviennent et guérissent la malaria.

La conférence a été sponsorisée par l’Institut international de gestion de l’eau (IWMI, Sri Lanka) et le IITA, sous les auspices du System Wide Initiative on Malaria and Agriculture (SIMA, Initiative pour la malaria et l’agriculture) du Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale (CGIAR). Des scientifiques venant de diverses institutions africaines de recherche et de contrôle de la malaria, d’hôpitaux universitaires et d’Organisations de recherche en agriculture nationale (NARS) dans la sous-région, ont apporté une contribution précieuse à cette conférence. Le support financier était assuré par le Projet pour l’environnement et la santé (EHP, USA); le Centre de recherche et de développement international du Canada (IDRC); le programme «Chassez la malaria» de l’Organisation mondiale de la santé (OMS); l’école de médecine tropicale de Liverpool; l’université de Copenhague et le laboratoire sur la bilharziose du Danemark.

Amplifier la lutte contre la malaria

Selon Clifford Mutero, coordinateur de la SIMA, le but de la conférence était d’identifier les possibilités de réduction de la malaria et de son impact sur l’homme, tout en augmentant la productivité agricole et en allégeant la pauvreté. «La SIMA, dit-il, étudie notamment les rapports entre malaria et agriculture; les meilleurs moyens de contrôler la malaria; son impact sur la sécurité alimentaire; et les façons de promouvoir le développement et l’utilisation des plantes contre les moustiques et la malaria».

La malaria est une maladie endémique qui tue chaque année en Afrique près d’un million de personnes. 50% de ces décès surviennent dans les familles de fermiers, ce qui a un impact négatif sur la sécurité alimentaire. Les statistiques montrent que plus de 90% des cas de malaria se situent en Afrique.

Selon Bob Booth, directeur général adjoint de l’IITA, «les effets de la maladie sur l’agriculture constituent un cercle vicieux qui doit être brisé, si on veut vraiment éliminer la pauvreté et assurer l’alimentation en Afrique». Il souligne que la malaria endémique en Afrique occidentale et centrale est une des causes de la faible productivité de l’agriculture, tout en mentionnant d’autres maladies qui ont également de très graves répercutions sur l’agriculture, entre autres le VIH/SIDA et la contamination par l’absorption d’aflatoxine (1). Il ajoute que l’IITA coopère maintenant au Nigeria avec l’Initiative de prévention du sida (APIN), et que, dans sa station de recherche au Bénin, il travaille pour trouver des moyens de réduire les effets de l’aflatoxine chez les enfants. A cause des mauvaises conditions de stockage du maïs et d’autres denrées, l’aflatoxine pénètre dans le sang et diminue l’immunité.

Pour atténuer les pertes d’emploi causées par les maladies en Afrique, l’IITA cherche à augmenter la résistance à ces maladies en améliorant la nourriture, en développant des produits agricoles riches en protéines. Il s’est aussi lancé dans un programme de lutte contre les insectes nuisibles, et encourage des pratiques d’agriculture écologique.

Dans son exposé, Frank Abamu, un physiologiste agricole travaillant en Côte d’Ivoire pour l’Agence du développement du riz en Afrique occidentale, a appelé les différents experts présents à la conférence à trouver un consensus sur les solutions qui aideraient les fermiers à lutter contre la malaria. Selon lui, les fermiers ont été trop longtemps seuls face à la malaria. Le GGIAR veut améliorer les habitudes des fermiers pour qu’ils puissent augmenter leur productivité.

Des questions sans réponses

Après trois jours de brainstorming, il était clair qu’il restait un long chemin à faire. Beaucoup de questions restent sans réponse. La recherche sur l’impact de la malaria sur la production alimentaire doit continuer, en particulier dans les régions d’Afrique les plus affectées par la maladie. Il ne faut pas oublier que, dans les différentes régions, on ne mange pas la même chose et que les goûts diffèrent. En Afrique de l’Ouest les fermiers se spécialisent dans la production de tubercules; au Sahel on préfère les céréales. Par ailleurs, alors que les fermiers en Afrique centrale et occidentale s’adonnent à une culture mixte, la situation est toute différente en Afrique orientale et australe, où la mono-culture est la norme.

Il y a eu toutefois des rapports encourageants concernant les plantes et les herbes employées pour chasser les moustiques ou pour soigner la malaria. Les scientifiques sont d’accord pour dire que les guérisseurs indigènes pourraient, avec leur connaissance des plantes, contribuer beaucoup à la lutte contre la malaria. Il faudrait aussi faire des recherches sur les moyens qu’utilisent les fermiers pour réduire l’infestation des moustiques dans leur environnement. Les participants ont demandé aux gouvernements africains d’attirer l’attention du public sur le programme “Chassez la malaria”, lancé par l’OMS, et de répandre dans les régions rurales l’usage des moustiquaires traitées aux insecticides. Ils leur demandent aussi d’augmenter leur aide aux instituts de recherche agricole et pharmaceutique, pour qu’ils puissent développer des plantes et des herbes pour contrôler la malaria en Afrique.

En général, la conférence a montré qu’on peut vraiment espérer que les niveaux de vie iront s’améliorant, surtout dans les familles des régions rurales.


Note de l’auteur — L’aflatoxine est une mycotoxine, cancérigène et mutagène. Les mycotoxines, produites par les moisissures qui peuvent se développer dans certaines conditions d’humidité et de température sur les produits végétaux, peuvent être nuisibles chez les animaux et les humains. Elles causent des toxicités aiguës et chroniques. L’aflatoxine peut se fixer dans le système sanguin des enfants et peut poser de sérieux problèmes, surtout plus tard dans la vie.

 


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