ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 437 - 01/07/2002

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 Tanzanie
Succès et marginalisation des femmes


FEMMES


La mondialisation, et ses suites: la libéralisation et la privatisation
qui se répandent dans nombre de pays africains,
attire les gros investisseurs étrangers qui jouissent du dégrèvement fiscal,
alors que les commerçants locaux (pour la plupart des femmes)
doivent payer des taxes. Ceci les marginalise.
La Tanzanie ne fait pas exception.

Le professeur Marjorie Mbilinyi, coordinatrice du Groupe de sécurité alimentaire rurale de l’Institut des études de développement à l’université de Dar es-Salaam, se dit très soucieuse de la situation des femmes en Tanzanie. L’impact de la privatisation et de la mondialisation a été très dur pour ces femmes qui vendent des denrées alimentaires dans les rues des villes. Même dans les régions rurales de la Tanzanie, où la plupart des femmes doivent cultiver pour survivre, elles ne peuvent plus se procurer ce dont elles ont besoin pour leurs cultures, les prix étant devenus trop élevés, car la politique de réforme ne leur accorde plus de subsides.

Selon Mme Mbilinyi, la politique du gouvernement, qui ne prend plus en considération les besoins locaux, ne fait qu’aggraver la situation. De façon étonnante, cette même politique permet aux compagnies étrangères de venir investir en Tanzanie et de jouir d’un «congé fiscal» pendant cinq ans. (Elles reçoivent même des subsides, mais sous un autre nom). Par contre, les pauvres femmes tanzaniennes qui vendent de la nourriture dans les rues de Dar es-Salaam et dans les autres villes, ne reçoivent aucune aide du gouvernement; au contraire, elles sont harcelées par la police municipale qui les force à payer leurs taxes. «Alors, où est l’impartialité de cette politique?», demande le professeur Mbilinyi.

Le gouvernement dit que ce «congé fiscal» est accordé aux investisseurs étrangers afin d’en attirer plus. Plus tard, ils payeront des taxes importantes qui permettront de financer les différents projets du gouvernement. Mais les femmes ne peuvent pas en profiter. Pourquoi? En fait, un important groupe semble chercher à échapper à toute taxe. Quand le «congé fiscal» de cinq ans est près d’expirer, certains investisseurs ferment leurs portes et quittent le pays; ou bien ils revendent leur affaire à de nouveaux investisseurs qui demandent à leur tour un nouveau «congé fiscal».

Bref, les femmes sont perdantes.

En politique

Les femmes tanzaniennes enregistrent plus de succès dans la vie politique. 20% des 275 membres de l’Assemblée nationale sont des femmes. Elles constituent aussi 30% des conseils des gouvernements locaux. (Notons qu’au Kenya il n’y que 7 femmes parmi les 222 députés).

Mais pourquoi n’y a-t-il pas plus de femmes au gouvernement et qu’est-ce qui les empêche d’être plus nombreuses au Parlement? Mme Johari Yusufu Akida, membre du Conseil national exécutif (NEC) du parti Chama Mapinduzi (CCM, au pouvoir), dit que le problème se trouve chez les femmes elles-mêmes. Bien qu’elles soient la majorité (on estime que des 34 millions de Tanzaniens, 52% sont des femmes), elles ne sont pas unies.

Mais le cœur du problème, le facteur qui influence la disparité entre les sexes, est la différence de l’éducation. Le mariage est souvent considéré comme le but ultime pour les filles, et les familles n’ont donc pas intérêt à investir dans des années de scolarisation pour elles. Pourtant, le gouvernement a réagi contre cette idée et s’est engagé à pousser l’éducation des femmes.

Ainsi, la brèche entre femmes et hommes, du point de vue économique, politique et social, devra être réduite.


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