ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 439 - 01/09/2002

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 Afrique
La lutte contre la malaria continue


ACTION SOCIALE


La malaria (ou paludisme) continue toujours à faire des ravages dans beaucoup de parties du monde

Le 25 avril 2002, marquait le premier anniversaire de la Journée de la malaria en Afrique, instituée un an après la Déclaration d’Abuja, à l’origine de l’initiative «Chassez la malaria». Le programme spécial de recherche et de formation pour les maladies tropicales (RMT), lancé par le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), la Banque mondiale (BM) et l’Organisation mondiale de la santé (OMS), place la malaria parmi les douze causes principales qui déstabilisent l’ajustement de la durée de vie dans le monde.

La RMT a été établie en mai 1978, lors de la 27e Assemblée de la santé mondiale (ASM), quand les Etats membres ont demandé au directeur général d’intensifier la recherche de l’OMS sur les maladies tropicales, spécifiant qu’elle devrait être faite autant que possible dans les pays où règne l’endémie.

Mais pour retrouver ses origines non officielles, il faut remonter à 1958, lors du 10e anniversaire de l’OMS, quand l’ASM accepta une contribution extra-budgétaire des Etats-Unis donnant naissance au programme de recherches médicales intensifiées de l’OMS. En 1978, ce programme a reçu une structure formelle, co-financée par le PNUD, la BM et l’OMS. Le fonctionnement et les activités de ses structures administratives et techniques ont été définis dans le Mémorandum d’accord sur les structures administratives et techniques du programme spécial de recherche et de formation sur les maladies tropicales, (Genève, 1978 – doc. TDR/CP.78.5/Rev.88 «Statuts»).

La découverte de la malaria

Un petit mot maintenant sur la façon dont la malaria a été détectée.

C’est en 1876 que Patrick Manson commença des recherches pour découvrir comment des insectes suceurs de sang pouvaient transporter la maladie d’une personne à une autre. Il était arrivé à la conclusion que ce devait être des moustiques. Mais il faudra attendre 1889, pour que l’Australien Bancroft découvre le vrai cycle de transmission.

Le 6 novembre 1880, lors d’un séjour en Algérie, un jeune chirurgien de l’armée française, Alphonse Laveran, identifia les parasites qui provoquent la malaria. Le major Ronald Ross, chirurgien dans le service médical de l’armée des Indes, était un de ceux qui s’intéressaient beaucoup à cette découverte. En 1894, Manson lui montra ces parasites et, en novembre de la même année, se promenant à Londres avec Ross, il lui dit: «Savez-vous que j’ai élaboré une théorie sur les moustiques qui transportent la malaria, tout comme ils transportent les filaires?». (Ndlr - La filaire est un parasite nématode qui vit sous la peau ou dans les vaisseaux sanguins ou lymphatiques des vertébrés. Transmise par des insectes, elle cause la filariose, une maladie commune dans les régions tropicales ou sous-tropicales). Mais Manson ignorait encore le mode de transmission. Il pensait qu’elle se faisait après la mort du moustique femelle pondeuse d’œufs, dans l’eau destinée à être bue.

Ross et Manson ont continué leurs investigations, et en 1900 Manson pouvait enfin conclure que la malaria est transmise aux humains par les moustiques.

La malaria au Kenya

Au Kenya, 30% des consultations médicales externes concernent la malaria, 19% de ceux qui sont hospitalisés en souffrent, et 5,1% meurent des complications de la maladie. Pourtant, selon les études menées par le Conseil de recherches médicales du Kenya (KEMRI ) à son centre de Kilifi (province côtière), plus de 70% de ceux qui souffrent de la malaria ne viennent pas recevoir des soins. Le professeur Kevin Marsh, affecté à la base du KEMRI par l’université de Liverpool, concluait: «Cela signifie qu’ils achètent les médicaments contre la malaria dans des boutiques et kiosques sans aucune prescription médicale, et que la plupart en abusent, d’où le problème de la résistance».

Les médicaments basés sur la Chloroquine sont relativement bon marché, bien que beaucoup soient allergiques à la quinine qu’elle contient et se plaignent de démangeaisons. Mais maintenant les parasites ont développé de la résistance à tous les médicaments basés sur la Chloroquine, et la vente de ces produits a été interdite. Malgré cela, on continue de les vendre. Le gouvernement a approuvé l’usage du Fansidar, mais des tests cliniques ont révélé que les effets du remède sont lents à se montrer, ce qui fait penser que la maladie y a déjà aussi développé de la résistance.

Un héritage de la pauvreté

On n’a pas encore trouvé un vaccin contre la malaria, malgré des essais cliniques faits par des chercheurs, comme le Colombien Dr Manuel Patarroyo et son équipe, qui avaient fait espérer que leur vaccin pourrait interrompre le cycle de vie quand le parasite de la malaria essaye d’envahir les globules rouges. Mais, selon le professeur Marsh, le vaccin pour la malaria n’est pas encore pour demain; il pourrait même être dépassé par le vaccin contre le VIH/SIDA.

Ce qui pèse surtout sur la maladie, c’est la pauvreté. Le RMT souligne le fossé qui sépare les 20% plus pauvres du monde et les 20% plus riches. Les maladies qui affectent surtout les pauvres ne constituent pas un marché attrayant pour les compagnies pharmaceutiques: sur 1.233 médicaments arrivés sur le marché entre 1975 et 1995, treize seulement étaient pour les maladies tropicales. D’autre part, les fusions actuelles entre grandes compagnies pharmaceutiques, pourraient aussi avoir un effet négatif sur les nouvelles découvertes et développements. On peut se demander si, à long terme, les pauvres auront encore les moyens de se procurer des médicaments.


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