ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 439 - 01/09/2002

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Mozambique
L’industrie de la noix de cajou
 


ECONOMIE


L’exportation de la noix de cajou a toujours été une source précieuse de devises étrangères pour le Mozambique. Mais ces dernières années le commerce a chuté.

 

Dans sa petite entreprise, située au coin des rues très fréquentées Eduardo Mondlane et Karl Marx à Maputo, Maria Manuel (27 ans) observe attentivement les éventuels acheteurs qui errent autour de sa boutique. Elle vend quelques noix de cajou décortiquées et grillées, à moins d’un dollar la mesure. Si elle réussi à les vendre, elle pourra se payer un repas pour la journée.

«Cela fait déjà plusieurs années que je me suis lancée dans cette entreprise et je parviens tout juste à gagner ma vie», explique cette mère de quatre enfants, dans une récente interview. «Mais les affaires ne sont plus aussi bonnes qu’il y a quelque temps. Maintenant beaucoup en vendent dans des étals, un peu partout dans la ville».

En circulant dans la cité, on rencontre pas mal de femmes et de jeunes gens avec des plateaux pleins de noix de cajou, essayant de raccrocher des clients par leurs cris. Ces noix ont, pendant longtemps, été le gagne-pain d’un grand nombre de Mozambicains.

Dans la campagne, il y quelques années, les fermiers qui avaient des anacardiers (les arbres qui produisent ces noix), faisaient encore de bonnes affaires. Aujourd’hui, beaucoup vendent les noix dans les centres urbains, mais leur nombre grandissant n’a pas rendu le sourire aux producteurs ruraux. Joao, résident de la province de Inhambane, à quelque 600 km au sud de Maputo, explique: «Le business n’est plus ce qu’il était. Nous avions des ventes record. On venait de tous les coins pour acheter nos produits». Qu’est-il donc arrivé?

Pourquoi les ventes ont-elles chuté?

Cela a commencé l’année passée, quand le gouvernement a interdit l’exportation des noix de cajou. Là où poussent les anacardiers, beaucoup de fermiers avaient gagné leur vie en vendant les noix aux commerçants, qui à leur tour les exportaient. En interdisant cette exportation, le gouvernement prétendait protéger l’industrie contre des hommes d’affaires peu scrupuleux qui achetaient les noix au rabais et les exportaient au prix de $355 et $440 la tonne. Le gouvernement voulait que les prix soient plus élevés.

Les premières controverses sur le commerce de la noix de cajou datent de 1994, quand la Banque mondiale fit pression sur le gouvernement pour qu’il libéralise ce marché, condition sine qua non pour recevoir des prêts à des conditions avantageuses. La Banque soutenait que si le commerce était libéralisé, les commerçants locaux obtiendraient un meilleur prix pour les noix. Et de fait, le commerce connut d’abord de fortes progressions. Mais ce fut de courte durée: les exportateurs dictaient les prix et les fermiers n’avaient d’autre choix que d’accepter.

En 1995, les exportateurs payaient aux fermiers $800 la tonne, mais quatre ans plus tard les prix chutaient considérablement et les fermiers ne recevaient plus que $300 la tonne. Selon les exportateurs, ces bas prix étaient dus à la pauvre qualité des noix.

Au moment où le gouvernement annonçait l’interdiction de l’exportation, survint un autre problème qui porta un mauvais coup à l’industrie des noix de cajou: les arbres qui avaient porté des fruits depuis le début des années 1970, furent atteints d’une maladie fongique, le mildiou poudreux, ce qui réduisit beaucoup leur rendement.

L’industrie de la noix de cajou du Mozambique va donc fort mal, mais des efforts sont en cours pour restaurer sa réussite. L’Institut de la noix de cajou et l’ensemble des donateurs se sont activement engagés dans un programme de rénovation. Reste à voir si leurs efforts auront des résultats.


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