ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 440 - 15/09/2002

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 Afrique
Quand le sport s’impose


SPORT


La 17ème édition de la Coupe du monde de football
a révélé un Sénégal dans la «cour des grands» et confirmé la place du continent
sur l’échiquier sportif mondial.

«Jeux olympiques, coupes et championnats du monde dans toutes les disciplines sportives… Pendant longtemps, on nous a suggéré que, pour les compétitions sportives de haut niveau, l’essentiel était de participer. Cela voulait dire, en filigrane: on sait que vous n’avez pas le niveau, mais ce n’est pas bien grave; on vous autorise quand même à venir prendre quelques leçons... Mais depuis que le Cameroun, il y a douze ans, a battu d’entrée de jeu l’Argentine lors de la coupe du monde en 90, on sait que tous peuvent partir à armes et à chances égales… Pourquoi les objectifs ne devraient-ils pas être égaux?... Décidément, l’essentiel n’est plus de participer. L’essentiel est de gagner».

L’heure du professionnalisme

Ce commentaire de notre confrère Alain Juste Coly dans le quotidien dakarois «Le Soleil», après la victoire en match d’ouverture du Sénégal sur la France, championne en titre sortante, est encore plus valable après le comportement général de ces «Lions de la Téranga» (“Les Lions de l’hospitalité”: nom de l’équipe nationale) qui ont accompli un parcours fabuleux dans cette édition de la Coupe du monde de football. Ils n’ont raté que de justesse l’accession à la demi-finale, qui les aurait opposés au Brésil.

Ce comportement des footballeurs sénégalais vient confirmer celui de tous les sportifs du continent pour toutes les compétitions de haut niveau. Déjà, dans de nombreuses disciplines, individuelles en particulier, qu’elles soient physiques (athlétisme, lutte, boxe, judo, karaté…) ou intellectuelles (jeu de dame, scrabble, échecs…), les Africains ont déjà inscrit leurs titres de noblesse. Dans les disciplines collectives, ils font progressivement leurs preuves. Le Cameroun, après le Mondial de 90, s’octroyait la médaille d’or des jeux olympiques de football en 2000 à Sydney.

Aujourd’hui, le «petit poucet» sénégalais, qui participait pour la première fois à la phase finale du mondial, a prouvé qu’il était l’une des meilleures équipes du monde, tant par la qualité et l’intensité de son jeu que par la façon magistrale dont il a imposé son football à ses adversaires. Mieux, il y a apporté une touche nouvelle de spontanéité et de fraîcheur.

Mais à la base, il y a eu le professionnalisme. A une unité près, la formation sénégalaise était composée d’éléments opérant dans les championnats de première division de pays du Nord, tout comme l’ont été, en majorité, les autres équipes africaines participant au tournoi final.

Des tares à éviter

Il est vrai qu’elle a été la seule des cinq nations africaines à être passée au second tour, en faisant jeu égal avec l’Uruguay (1-1), deux fois champion du monde, et le Danemark (3-3), puis en écartant la Suède (2-1) pour se retrouver en quart de finale face à la Turquie, qui l’a battue (1-0) dans les prolongations. Mais les quatre autres équipes du continent ont eu aussi un comportement àla hauteur de la compétition, avec des résultats tout à fait honorables, en particulier l’Afrique du Sud et, dans une certaine mesure, le Nigeria qui, dans la poule dite de la mort, devait accompagner l’Argentine en élimination au premier tour.

Quant au Cameroun, il fit jeu égal avec l’Irlande (1-1), avant de prendre un 2-0 face à l’Allemagne, après une péripétie indigne d’une équipe nationale, engagée dans une compétition de ce niveau. En effet la formation camerounaise n’a pu joindre les lieux de la compétition que cinq jours avant ses débuts, après une quarantaine d’heures de vol précédées de plusieurs tractations de règlements de primes des joueurs. C’est inadmissible à ce stade.

C’est ce genre de tares qui bloquent encore l’avancée plus significative du sport africain. Il faut y ajouter les évictions inconsidérées d’entraîneurs, les querelles crypto-personnelles dans les fédérations sportives, les immixtions des dirigeants de clubs dans les domaines des techniciens d’encadrement des équipes nationales ou des hommes politiques dans le champ sportif… Ce sont là autant de freins au développement du sport en Afrique.

Valeur marchande et responsabilités

Le professionnalisme ouvre non seulement la voie à l’insertion des jeunes dans le gotha sportif mondial, il peut aussi générer des activés lucratives, artisanales et industrielles: fabriques de ballons, de maillots, tenues de judo et de karaté, filets, javelots, marteaux, raquettes, etc… Et qu’est-ce qui empêche l’ouverture de centres de formation sport-études avec un volet formation professionnelle, entretenant des ateliers de production dans divers secteurs?

La valeur des équipes africaines doit être désormais exploitée à bon escient, sur le terrain comme au niveau de la gestion des structures de direction du sport mondial. C’est dans ce sens qu’il faut situer la prétention du Camerounais Issa Hayatou, président de la Confédération africaine de football, au poste de président de la Fédération internationale de football amateur (FIFA). S’il a été battu, le 29 mai dernier, par le candidat sortant, le Suisse Sepp Blatter, pour un dernier mandat de quatre ans, c’est moins par incompétence que par «arrangement» diplomatique et politicien. Cependant, Hayatou se place désormais en pole position pour accéder à la présidence en 2006, malgré les convoitises du Français Michel Platini et de l’Allemand Franck Beckenbauer. Il rejoindrait ainsi les Sénégalais Lamine Diack, président de la Fédération internationale d’athlétisme amateur (FIAA), et Abdoulaye Seye, président de la Fédération internationale de basket-ball amateur (FIBA).

Un signal fort

A l’interpellation qui lui est adressée, le continent africain sportif se doit de répondre par des actes concrets et positifs. Un signal fort vient de lui être donné par les «Lions de la Téranga» du Sénégal, qui «ont prouvé, balle au pied, à la face du monde, que le complexe de supériorité que l’Occident a longtemps nourri à l’égard de l’Afrique, est bel et bien terminé», écrit Badara Diouf dans «Le Soleil». Et il conclut: «Désormais, dans tous les domaines, il faut compter avec l’Afrique».


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