ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 440 - 15/09/2002

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Mozambique
Mines antipersonnel


ACTION SOCIALE


La longue guerre civile au Mozambique s’est achevée depuis dix ans,
mais des habitants vivent encore dans la peur des mines posées pendant la guerre

Quand la guerre battait son plein, on a posé des tas de mines au hasard, si bien que les anciens combattants ne se rappellent plus où ils les ont posées. Ou bien, ils préfèrent ne pas révéler où elles ont été placées, pour qu’elles ne soient pas enlevées.

Les organisations de déminage estiment qu’au moins 1.374 localités doivent encore être considérées dangereuses, surtout dans les provinces de Inhambane, Zambezia, Sofala et Nampula. La plupart de ces zones sont très fertiles, et donc très peuplées. Mais la peur des mines empêche les gens de cultiver les champs.

Rita Antonio, 42 ans, vit dans le district d’Inhassoro, dans la province d’Inhambane, à environ 800 km au nord de la capitale Maputo. En 1997, elle a marché sur une mine et perdu sa jambe gauche. Elle raconte: «J’allais défricher un nouveau lopin de terre quand j’ai marché sur une mine. Je me souviens encore que la force de l’explosion m’a lançée en l’air et puis je suis retombée par terre. Je me suis rendu compte alors que j’avais perdu ma jambe gauche». Rita marche maintenant à l’aide de béquilles en bois. La vie pour elle n’est plus la même, elle ne peut plus faire des tas de choses qu’elle faisait auparavant. Les gens du district de Rita (comme ailleurs dans le pays) ont marqué certains endroits où il ne faut pas aller, parce qu’il pourrait y avoir des mines.

Dans certaines régions, comme Mukumbura, dans le sud-ouest, où le Mozambique a une frontière commune avec le Zimbabwe, des villageois prétendent que les mines y ont été posées par l’ancien gouvernement rebelle de la Rhodésie du Sud de Ian Smith. Il se battait alors contre la guérilla des nationalistes, qui se servaient de cette région pour leur ravitaillement venant du Mozambique. C’était au début des années 1970. Trente ans plus tard, ces mines sont toujours là, enfouies dans la terre, attendant de faire d’autres victimes.

Le déminage

Certaines ONG ont accusé le gouvernement de ralentir son effort de destruction. Mais le gouvernement se défend en disant qu’il s’agit d’un processus graduel. En fait, le Mozambique a été en guerre, presque sans interruption, de 1960, quand a commencé la lutte nationaliste contre le Portugal, jusqu’en 1992, lorsqu’un cessez-le-feu fut signé entre le gouvernement et les rebelles du Renamo. Durant toutes ces années, les combattants de tout bord ont utilisé des mines, qui ont fait plus de 10.000 victimes. Et qui continuent à en faire encore aujoud’hui.

C’est sur cet arrière-plan que le gouvernement mozambicain a commencé en 1993 son opération de déminage dans certaines régions. Dix ans déjà, et le nettoyage n’est pas encore terminé. On estime a plus d’un million le nombre de mines antipersonnel encore cachées dans la terre.

Arthur Verissimo, directeur national de l’Instituto Nacional de Desiminagen (IND) (l’Institut national de déminage), reconnaît qu’il y a toujours des gens qui se font estropier ou tuer par les mines. Il voudrait pouvoir terminer le déminage complet du pays. Mais c’est un travail de Titan, le gouvernement étant complètement à la merci de bailleurs de fonds pour financer l’opération. «Lors du conflit», dit Verissimo, «on n’a pas fait un plan des champs de mines, personne ne sait où elles sont. Nous devons parler avec les communautés locales pour avoir de plus amples informations. Nous démarquons alors la région et demandons de l’aide aux donateurs pour en débarrasser la région».

Dans son rapport de l’an 2001, la Campagne internationale contre les mines antipersonnel notait que le nombre des victimes des mines au Mozambique continuait à diminuer: de 133 morts ou blessés rapportés en 1998, on est passé à 60 en 1999, et à seulement 25 en 2000. La campagne mozambicaine pour un pays sans mines a du mal à se concrétiser. Le pays, n’ayant pas assez de ressources pour la financer, doit aller mendier. Mais d’autres pays, tels que l’Angola et l’Afghanistan, sont dans le même cas, et eux aussi ont désespérément besoin d’assistance pour se débarrasser des mines.

Une mine antipersonnel ne coûte que de 3 à 30 dollars. Mais en enlever une, revient à $1.000, indique la Fondation canadienne pour les mines, qui estime le nombre des mines éparpillées dans le monde de 60 à 100 millions, et à environ 26.000 celui des personnes tuées ou estropiées chaque année par les mines.

La situation actuelle

La Convention d’Ottawa pour la prohibition de l’emploi, du stockage, de la production et du transfert des mines, entrée en vigueur le 1er mars 1999, fait appel à la destruction totale des mines. Conformément à cette convention, le gouvernement mozambicain a décidé de détruire, en août 2002, plus de 15.000 mines antipersonnel stockées au centre et au sud du pays. Le 24 août, la moitié a été détruite à Beira.

Après avoir signé le 3 décembre 1997 le traité d’Ottawa (qui concrétise la convention), le Mozambique a reçu plus de $500.000 pour la rééducation et l’assistance aux victimes des mines. Rappelons que, au plus fort de la guerre de libération et de la guerre civile, on estimait que plus de 2 millions de mines antipersonnel étaient cachées dans le sol du Mozambique.

Même si la Convention d’Ottawa est un pas dans la bonne direction, elle ne fait pas le poids, car les grands producteurs de mines, les Etats-Unis, la Russie et la Chine, n’ont pas encore ratifié la convention.

Si on ne s’engage pas à arrêter toute production, des personnes comme Rita continueront à vivre dans la hantise, sachant que les mines sont encore fabriquées quelque part dans le monde.


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