ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 440 - 15/09/2002

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Sierra Leone
Gravir la montagne de l’après-guerre


PAIX


Après avoir restauré la paix dans son pays, le président Ahmed Tejan Kabbah a remporté une victoire écrasante lors des élections présidentielle et législatives du 14 mai. Mais il est toujours confronté à une montagne de problèmes.

Aux élections du 14 mai, le président Kabbah a obtenu 70% des votes, contre 22% à son plus proche concurrent, Ernest Koroma, du Congrès populaire (APC). Le même jour, dans les législatives, le parti de Kabbah, le Parti populaire de la Sierra Leone (SLPP) a obtenu 83 des 112 sièges, et l’APC 27, les deux autres sièges allant au parti de Johnny Paul Koroma.

Avec cette majorité écrasante au Parlement, M. Ahmed Tejan Kabbah devrait normalement se sentir à l’aise, puisque l’opposition ne peut bloquer aucune loi. Il s’est toutefois vite rendu compte qu’il existe d’autres oppositions que celle au Parlement.

Quelques problèmes...

Le premier problème est survenu lors de sa prestation de serment, quelques heures après la proclamation officielle des résultats des élections. Il a dû faire face à un barrage de critiques. Tout en ne mettant pas en question la légalité du serment, certains juristes estimaient qu’il aurait fallu laisser un temps plus long entre l’annonce des résultats des élections et la prestation de serment. En outre, cette dernière aurait dû se passer en public, et non pas au palais présidentiel.

Le second problème s’est manifesté lors de la nomination et l’assermentation de l’avocat Eke Holloway comme procureur général et ministre de la Justice, sans l’approbation du Parlement. L’Association du barreau sierra-léonais (SLBA) a porté l’affaire devant la Cour suprême. On attend encore toujours le verdict. Mais le vice-président, Solomon Berrewa, qui a été procureur général pendant le précédent mandat de Kabbah, affirme qu’il n’y a rien d’illégal dans cette procédure. La SLBA base ses assertions sur la Constitution de 1991, qui dit que la nomination de tous les ministres doit être approuvée par le Parlement. Quant au vice-président, il se base sur la section 64-1 de la Constitution. Selon lui, puisque c’est cette section qui crée les départements du procureur général et du ministre de la Justice, «les départements créés par la Constitution n’ont pas besoin de l’approbation du Parlement. Seulement ceux créés par le président nécessitent cette approbation».

Quel que soit le verdict de la Cour suprême, le SLBA et l’APC insistent sur le fait que la section 56 de la Constitution mentionne que les ministres doivent recevoir l’approbation du Parlement, et que par conséquent tous les ministres sans exception doivent d’abord être approuvés par le Parlement avant de commencer leur mandat.

Tout cela indique que le président Kabbah, malgré la majorité écrasante dont il jouit au Parlement, devra faire face à une forte opposition dans une Sierra Leone d’après-guerre. Les partisans de l’opposition semblent craindre que, comme c’est le dernier mandat de Kabbah (la Constitution ne permettant pas à un président d’exercer ce mandat plus de dix années consécutives), celui-ci pourrait avoir recours à des procédés non constitutionnels pour atteindre ses «desseins égoïstes».

Problèmes sans fin

Beaucoup d’écoles et d’hôpitaux ont été détruits dans les années de guerre. La corruption est encore présente partout. La Commission anti-corruption (ACC) est impuissante à la prévenir, car chaque cas doit être présenté au procureur général pour approbation ou avis avant de commencer les poursuites. Or, les membres de l’ACC disent publiquement que beaucoup de cas envoyés au procureur général ne vont jamais plus loin que la porte.

L’économie sierra-léonaise est aussi en mauvaise posture et dépend totalement des bailleurs de fonds. La question se pose donc: combien de temps les donateurs vont-ils aider le pays? L’opinion publique commence à se montrer extrêmement préoccupée. Il est de plus en plus évident que le gouvernement s’avère incapable de trouver une politique pour une meilleure exploitation des mines. De plus, la contrebande des diamants n’est que trop répandue!

Les spéculations vont bon train, comme quoi le président Kabbah donnerait sa démission à mi-chemin de son mandat de cinq ans et qu’il laisserait sa place au vice-président Solomon Berewa. Quoi qu’il en soit, les problèmes ne lui manquent pas et les Sierra-Léonais attendent des solutions!


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