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FEMMES
Lors de réunions internationales, les gouvernements africains ont fait beaucoup de belles promesses et signé de multiples déclarations sur l’amélioration de la vie des femmes. Mais jusqu’ici,la participation des femmes africaines aux prises de décisions reste minime, et les gouvernements et les partis politiques dominés par les hommes ne se soucient guère d’améliorer la vie des femmes
La culture a toujours contribué à refuser aux femmes des rôles influents dans la société, accordant aux hommes un traitement de faveur et les postes de direction. Beaucoup de femmes africaines (qui constituent la majorité de la population) savent qu’il leur manque une bonne éducation, et ont un complexe d’infériorité qui les tient dans des positions subordonnées.
En septembre 2001, le British Council a fait une étude approfondie sur la situation des femmes en Afrique. Il a envoyé un questionnaire à 800 personnes dans huit pays africains: Erythrée, Ethiopie, Kenya, Ouganda, Tanzanie, Malawi et Zimbabwe. Il en est sorti un rapport titré: «Dirigeants de valeur? Opinions de l’Afrique centrale et orientale».
Parmi ces questions posées on trouve: Que pensent les gens de leurs dirigeants (hommes et femmes)? Quelles sont leurs qualités actuellement requises? Quelle est la valeur des femmes dirigeantes comparées aux hommes? A quel point sont-elles engagées vis-à-vis de leur gouvernement et de leur parti politique? Quel est leur nombre? Comment pourrait-on aider les femmes à obtenir de hautes fonctions et la direction politique?
Selon l’opinion générale, celui qui brigue des hautes fonctions politiques, cherche d’abord son intérêt personnel et non le bien de la nation. Les parlementaires ne se soucient guère de leurs électeurs, qu’ils ne visitent que pendant les campagnes électorales. Les gens n’aiment pas qu’on leur impose leurs leaders, ils préfèreraient les élire eux-mêmes.
Des dirigeants médiocres
D’autre part, l’électorat attend beaucoup trop de ses députés, qu’il bombarde sans cesse de demandes d’aide financière, au-delà de leurs moyens. On dirait que l’électorat ne sait pas très bien ce qu’il peut vraiment attendre de ses dirigeants. De leur côté, les leaders ne semblent pas avoir beaucoup d’occasions de se former, pour être à la hauteur de leur tâche. En général, le rapport indique que les populations d’Afrique centrale et orientale ont le sentiment que la qualité de la direction de leur pays laisse à désirer, et que les leaders ne se sentent pas responsables vis-à-vis de leur électorat.
Dans les huit pays consulté, les femmes sont estimées moins corrompues que leurs homologues masculins. Elles prennent plus à cœur les besoins fondamentaux de leur communauté, et s’intéressent davantage aux problèmes de développement pour le bien des gens.
Le rapport souligne en outre les efforts des ONG et des organisations religieuses pour améliorer la vie des femmes, et dénonce le manque de volonté politique des gouvernements pour améliorer la situation des femmes et les pousser à prendre des responsabilités. Certaines structures politiques empêchent même les femmes de prendre des postes de direction.
Une découverte importante
Un fait important qui ressort de l’article est la réserve des gens devant les initiatives de certains pays pour augmenter la présence féminine dans la vie politique, car augmenter tout simplement leur nombre est contre-productif. Helen Kennedy, présidente du British Council, est très heureuse que l’étude se soit adressée à des gens ordinaires, qui ont exprimé ce qu’ils pensaient. «Cela change notre optique, dit-elle. Il importe moins de savoir ce que nous pouvons faire pour augmenter le nombre des femmes en politique, que de déterminer si elles seront capables, une fois arrivées au pouvoir, de changer les choses pour le bien des femmes ordinaires». Si on veut avoir plus de femmes au pouvoir, c’est surtout pour qu’elles aident à la création de nouveaux programmes politiques et dans les médias. Ce n’est donc pas un simple problème de nombre.
L’opinion la plus généralement exprimée dans les pays consultés est que les dirigeants n’assument pas assez leurs responsabilités et qu’ils ne réalisent pas les promesses faites lors de la campagne électorale. Alors, à quoi cela sert de voter?
«Les élections ne m’intéressent pas», dit Irene Bwire, rédactrice d’un journal en Tanzanie. «Pour qui voter? Voter pour eux, veut dire leur assurer un bon salaire et une voiture. Puis, ils perdent vite leur poste. Voilà pourquoi je m’en fiche».
Catheline Munthali, directrice exécutive de la Société pour la promotion des femmes au Malawi, s’inquiète surtout des restrictions culturelles qui empêchent le progrès des femmes. «La culture et les traditions imposent aux femmes d’être tranquilles, obéissantes et confinées à la maison. L’introduction et l’application de programmes pour les femmes rencontre beaucoup de résistance. Plus de la moitié des 12 millions d’habitants du Malawi sont des femmes; malgré cela, il n’y a pas beaucoup de programmes prioritaires pour elles».
Lors de la publication du rapport, Patricia Shannil Muluzi, épouse du président du Malawi, a grondé les femmes parce qu’elles s’opposent au progès des autres femmes. Elle les a accusées d’être elles-mêmes leurs pires ennemies par des jalousies mesquines. Et celles qui occupent des positions dirigeantes se désintéressent de leurs sœurs.
Que faire, alors? Le rapport recommande: l’éducation civique; une plus grande sensibilisation aux droits de l’homme; modifier les lois et la politique pour équilibrer les sexes dans tous les secteurs; donner aux femmes une aide financière adéquate et les former au leadership.