ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 442 - 15/10/2002

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Afrique
L’exode des cerveaux


VIE SOCIALE


Depuis leur indépendance, beaucoup de pays africains ont investi énormément
dans l’éducation et la formation de leurs jeunes, afin qu’ils puissent contribuer au développement de leur pays. 
Mais des milliers de jeunes Africains qualifiés émigrent vers les pays occidentaux

Les chiffres récents sont alarmants. Lors d’un forum d’experts dans la capitale éthiopienne Addis-Abeba, on affirma que sur 1.000 jeunes qui partent chaque année à l’étranger pour compléter leurs études, 35 seulement reviennent chez eux. Les pays africains demandent maintenant des compensations à l’Occident.

Cependant, les gouvernements africains sont aussi à blâmer: une mauvaise gouvernance, une situation politique instable, un climat social défavorable, des bas salaires et le manque d’informations pour avancer dans leur carrière, toutes ces raisons font que les personnes qualifiées hésitent à retourner au pays.

L’université de l’Afrique du Sud a publié un rapport qui donne une vision assez sombre de la situation. Des jeunes Africains qualifiés émigrent sans cesse vers des pays tels que l’Australie, la Nouvelle Zélande, le Canada, les Etats-Unis et le Royaume-Uni à la recherche d’une vie meilleure. L’étude montre que dans les trois dernières années, quelque 100.000 personnes ont quitté l’Afrique du Sud et que 70% des travailleurs qualifiés envisagent de faire de même. Selon la même étude, 39.000 Sud-Africains auraient quitté le pays en 1999, pour aller rejoindre les 1,6 million qui sont déjà à l’étranger. Ceux qui sont partis sont des ingénieurs, des comptables et des experts en affaires bancaires. 60% l’ont fait à cause du taux de criminalité qui ne fait que s’accroître (il serait 10 fois plus élevé qu’aux Etats-Unis). L’épidémie du VIH/SIDA est une autre raison pour laquelle ces personnes quittent le pays. Ajoutez à cela le taux de chômage qui ne cesse de grimper (il est pour le moment à 30%), ce qui n’encourage pas à rester au pays.

L’exemple du Malawi

Le Malawi est un des pays les plus pauvres de l’Afrique australe. Selon le nouveau représentant du pays à l’Assemblée internationale des experts-comptables (ACCA), Olive Bakili, l’exode des cerveaux fait des ravages dans le secteur de la comptabilité. Beaucoup de compagnies doivent déposer leur bilan, ce qui réduit beaucoup les chances de trouver un emploi de comptable et pousse les membres de l’ACCA à s’expatrier dans des pays plus riches de la sous-région, tels que l’Afrique du Sud, le Botswana et la Namibie, où les salaires sont plus élevés. Seulement 20% des comptables qualifiés, formés par le gouvernement, travaillent encore dans le secteur public. 80% travaillent dans le secteur privé, le commerce et l’industrie.

Le secteur sanitaire souffre également de cet exode des cerveaux. Selon les rapports, au moins cinq médecins expérimentés quittent chaque année le secteur public sanitaire du Malawi. On comprend aisément que l’espérance de vie pour le citoyen moyen soit tombée de 52 ans en 1998, à 46 en 2001.

Lilian Ng’oma, responsable des services des soins, s’inquiète du grand nombre d’infirmières qui partent pour la Grande-Bretagne ou pour le secteur privé. Environ 5% de toutes les infirmières travaillant dans les hôpitaux d’Etat quittent le travail.

Mais il y a quand même un côté positif. Le gouvernement fait maintenant tout ce qu’il peut pour améliorer la situation. Dans un avenir proche, le manque d’infirmières sera réduit, promet Ng’oma. Le gouvernement s’est lancé dans un programme de formation avec l’aide du Corps technique allemand (GTZ) et d’un accroissement des fonds venant de l’initiative des Pays pauvres très endettés (PPTE). L’an dernier, le gouvernement a recruté 245 infirmières pour un cours de formation générale de deux ans, avec l’aide du GTZ. Il va en recruter 250 autres pour un cours de perfectionnement. «Si le projet de formation continue à recevoir des subventions, dit Ng’oma, cela réduira le manque d’infirmières. Enfin, notre gouvernement ne reste plus inactif!».

Le ministère de la Santé vient d’annoncer qu’il allait établir une Commission spéciale pour résoudre le problème causé par l’exode des médecins et des aides-soignants des institutions publiques. Cet exode et les fréquentes grèves du personnel sanitaire dans les hôpitaux gouvernementaux ont poussé le gouvernement à prendre des mesures positives.

C’est ce qu’explique le ministre de la Santé, Yusufu Mwawa: «Le ministère de la Santé a dressé un plan de développement national des ressources humaines. C’est un programme urgent de six années de formation pour assurer chaque année 1.000 nouveaux professionnels de la santé. Le ministère a déjà reçu l’approbation du Comité gouvernemental pour le VIH/SIDA et va bientôt présenter au Parlement les documents esquissant la fonction et le modus operandi de la commission, afin qu’un avant-projet de loi puisse être préparé. Une fois établie, la Commission spéciale permettra au ministère de répondre à un tas de problèmes du personnel, notamment celui d’une hausse éventuelle des salaires».

Les efforts internationaux

Suite à une réunion consultative en Ethiopie, la Banque mondiale et l’Organisation mondiale de la santé (OMS), auxquelles se sont joints plus tard l’Unesco, la Fondation Rockfeller et l’USAID, ont lancé une commission spéciale pour aborder cet exode des cerveaux en Afrique. Des délégués de 17 pays africains assistèrent à la première réunion, parmi lesquels on remarquait des doyens d’écoles de médecine et d’infirmières, des représentants d’associations professionnelles, des représentants des ministères de la Santé, de l’Education, de la Planification et des Finances, ainsi que des gouvernements locaux et des syndicats. Une des résolutions prises était le besoin urgent pour les gouvernements africains d’améliorer les circonstances dans lesquelles le corps médical doit travailler en Afrique, à savoir leur rémunération, leur répartition et la planification des ressources humaines qualifiées.

Mais, à moins que les Africains eux-mêmes ne relèvent le défi, cette commission spéciale pourrait s’avérer n’être qu’une des multiples opérations de relations publiques de la part des organisations internationales.


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