ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 443 - 01/11/2002

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Afrique
Un nouveau riz pour l’Afrique


DEVELOPPEMENT


Une nouvelle qualité de riz hybride, plus riche en protéines, peut résoudre beaucoup de problèmes

Créer l’autosuffisance alimentaire

La demande en riz en Afrique centrale et occidentale a augmenté annuellement de plus de 5% depuis les années 60, en raison de l’exode rural, de la croissance de la population et de la demande croissante en alimentation facile à préparer. Le riz africain (Oryza Glaberrima) cultivé depuis plus de 3.500 ans est adapté aux conditions locales, mais sa productivité est basse. Le riz asiatique (Oryza sativa), introduit en Afrique il y a environ 450 ans, a un rendement plus élevé mais il est moins tolérant aux ravageurs, aux maladies et autres problèmes locaux. «En 1991, l’Association pour le développement de la riziculture en Afrique de l’Ouest (ADRAO) s’est engagée dans un programme ambitieux de développement de nouvelles variétés de riz en adoptant la biotechnologie moderne et la technologie conventionnelle de l’hybridation interspécifique pour surmonter les barrières de la stérilité hybride», commente Kanayo Nwanze, directeur général de l’ADRAO.

Depuis, l’ADRAO a adopté un système communautaire de semences développé au Sénégal et fondé sur la bonne sélection des panicules pour la récolte des graines et des méthodes de préparation, de stockage et de manutention. Selon ce système, les graines fondatrices sont fournies aux riziculteurs sélectionnés pour qu’ils produisent des graines de base qui, à leur tour, sont vendues à d’autres riziculteurs qui produiront des graines de qualité standard acceptables et vendues par la suite à un large public d’agriculteurs.                  (A.L.)

Le riz est devenu une céréale incontournable en Afrique. Le nouveau riz NERICA (New Rice for Africa), issu du croisement d’un riz africain et d’un riz asiatique, s’acclimate aux sols pauvres et s’accommode de la sécheresse, tout en étant plus riche en protéines que le riz jusque-là consommé.

Les Japonais envisagent de le faire pousser dans toute l’Afrique pour aider à combattre la pauvreté. «Le Nerica est le fruit de dix ans de recherche. Il a été développé par le croisement de spécimens de riz africains et asiatiques pour accroître la productivité avec une quantité limitée d’intrants agricoles pour le bénéfice des agriculteurs. Il résiste aux maladies et aux insectes, avec des rendements élevés et un cycle de croissance réduit», a expliqué, lors du Sommet mondial de Johannesburg, M. Jones Monty, secrétaire exécutif du Forum pour la recherche sur l’agriculture en Afrique.

Les Africains ont pris le goût du riz

Les Chinois ont échoué dans leurs tentatives d’implanter le riz au Gabon. Agacées de sortir d’importantes devises pour l’importation de riz, les autorités gabonaises avaient demandé l’aide de la Chine. La Société industrielle d’agriculture et d’élevage de Boumango, avec l’assistance d’une mission technique chinoise, avait créé 500 hectares de rizières.

La production avait atteint 160 tonnes en 1996, puis 166 tonnes en 1997. Mais, après le départ des experts chinois, elle n’a pas été poursuivie, la relève n’ayant pas pu être convenablement assurée. Malgré cela, le Gabon consomme de plus en plus de riz, si bien qu’il en a importé quelque 50.000 tonnes au cours de l’année 2001, pour un montant de 15,03 milliards de francs CFA (1 EUR = 656 CFA).

Michèle Mba, mère au foyer, souligne: «Nous consommons du riz presque tous les jours, car les prix des autres aliments d’accompagnement ont beaucoup augmenté. Pour les familles nombreuses, c’est économique». Plusieurs sociétés importatrices de riz ont vu le jour, fruit d’une mauvaise politique agricole du gouvernement. Le riz est la céréale la plus consommée, car la moins chère pour les petits ménages, après le manioc, la banane plantain, les tubercules d’igname et le tarot, qui accompagnent fréquemment les plats nationaux.

«Si nous arrivions à cultiver le riz comme l’avait essayé la mission chinoise de coopération il y a quelques années, son prix serait revu à la baisse. Mais comment réagiront les sociétés importatrices dont certains membres du gouvernement sont actionnaires?», s’interroge Yussouf Mohamed, détaillant en riz au grand marché de Libreville.

Du riz bon marché

Le nouveau riz Nerica, qualifié par les Japonais «d’espoir pour assurer l’alimentation en Afrique» et qui a déjà transformé la vie de nombreux agriculteurs ivoiriens et guinéens, a été présenté conjointement à Johannesburg, lors du Sommet de la Terre, par le gouvernement nippon, le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et l’Association pour le développement de la riziculture en Afrique de l’Ouest.

Yoriko Kawaguchi, ministre des Affaires étrangères du Japon, a souligné que «le riz Nerica répond à une stratégie à court terme qui a fait de la Guinée le 5ème producteur de riz en Afrique avec le soutien du gouvernement japonais». Les témoignages frappants de deux agriculteurs venus de la Côte d’Ivoire et de la Guinée, producteurs de Nerica, ont appuyé au cours d’un débat l’hypothèse selon laquelle le Nerica, qui résiste aux mauvaises herbes, a un cycle de croissance plus court et est caractérisé par une productivité élevée (50% supérieure sans engrais et 200% supérieure avec engrais).

Le Dr Kanayo Nwanze, directeur général du WARDA (West Africa Rice Development Association) a présenté les origines et les perspectives de Nerica, en insistant sur les variétés hautes et droites, qui facilitent le travail de récolte et qui contiennent 2% de plus en protéine par rapport au riz courant.

Améliorer la vie des agriculteurs

Leyba Camara, producteur de Nerica en Guinée, a déclaré: «J’ai pu doubler ma production grâce à une technologie adaptée. Ceci a eu pour conséquence l’amélioration notable de mon niveau de vie et j’ai pu inscrire mes enfants à l’école. J’ai de plus acquis des notions de gestion. (…) Aujourd’hui, avec les fruits de la vente, nous avons équipé le village d’une pompe hydraulique et d’une case d’écoute (télévision et radio) qui profitent à la collectivité. Depuis, les autres contrées nous ont imité et nous allons créer une coopérative qui réunira toutes les récoltes. Une partie de la récolte sert aux besoins de la famille et l’autre, plus importante, est vendue.»

Le nouveau riz, adopté en Afrique de l’Ouest par 35 à 40% des agriculteurs, est né en héritant des traits positifs de chacun de ses deux “parents” africain et nippon. En 1997, avec le soutien du Japon et du PNUD, un programme a accéléré le développement des lignées de la nouvelle famille de riz, dont plusieurs sont prêtes à être semées.

On dénombre 60 à 100 variétés de riz mélangées et cultivées par les riziculteurs. Pour propager le Nerica sur l’ensemble du continent africain, l’Initiative du riz africain (ARI) a été lancée le 27 mars dernier par le Premier ministre de la Côte d’Ivoire, M. Pascal Affi N’Guessan. L’ARI s’est donnée pour objectif, pour les 5 années à venir, d’aménager une aire cultivée de 210.000 hectares en Afrique occidentale et centrale, et de produire 744.000 tonnes de riz par an. Selon une étude, les agriculteurs qui l’auront adopté, réserveront entre 15 et 20% de leur terre à la production du Nerica. 


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