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Kenya |
DEVELOPPEMENT
Une expérience intéressante de l’éco-tourisme au profit de la communauté locale
A environ 250 de Nairobi, sur les versants du mont Kilimanjaro, dans la zone Oloitoktok du district Kajiado, la vie des 843 membres du ranch du groupe Tikondo Kimana évolue doucement. En moins de 10 ans, ils vont réussir à acquérir les titres de propriété de leurs fermes qu’ils espèrent développer pour leur profits. Ils ont l’intention de se lancer dans l’agriculture et l’élevage, un style de vie bien différent de leur nomadisme actuel.
Tout cela se réalisera dès que l’arpentage des fermes sera terminé et que chaque membre aura reçu le titre de propriété de son lopin de terre. Cette opération, qui au départ paraissait irréalisable, a été rendu possible par les recettes recueillies au parc Kimana Game Sanctary, une activité lucrative de cette communauté particulière.
Tout a débuté en 1992, lorsque feu Paul Nangoro, le chef du groupe, visita les ranchs de la région du Kajiado et de Nakuru, où les communautés s’étaient lancées dans l’éco-tourisme. Parcourant la région, il s’était rendu compte que la population locale pourrait utiliser les vastes terres semi-arides mises à leur disposition et gagner un peu d’argent pour améliorer leur vie.
Le groupe occupe les plaines valonnées d’Amboseli. Cette région, dans tout le district de Kajiado, reçoit le moins de pluies, 500 mm par an. Selon le plan de développement du district pour 1997-2001, elle se prête moyennement à l’agriculture et convient mieux à l’élevage du bétail. Environ 80.000 hectares ont été officiellement réservés à la préservation de l’éco-système.
Un pâturage de quelque 3.000 hectares a fait le succès du ranch du groupe de Kimana Tikondo. L’endroit est un corridor qu’empruntent les animaux quand ils migrent entre les parcs nationaux d’Amboseli et de Tsavo. On les trouve toute l’année. Cette étendue unique est faite de terres marécageuses où, même en saison sèche, les animaux des deux parcs viennent boire et se nourrir. La communauté a décidé de la protéger spécialement et d’en faire un lieu sûr pour les animaux.
Les membres du groupe de Kimana Tikondo ont eu la chance qu’à Kimana (qui signifie “place circulaire”) les tour-opérateurs venaient déjà nombreux avec leurs clients pour voir les animaux migrateurs: girafes, éléphants, zèbres, buffles et différentes sortes de gazelles; parfois on peut y voir aussi des guépards, des léopards et d’autres félins. Le seul inconvénient était que la communauté n’était pas impliquée dans cette entreprise et n’en tirait aucun profit. Ils se sont rendus compte qu’il y avait là une ressource importante exploitée par d’autres, et qu’une bonne utilisation de l’endroit leur permettrait d’obtenir des revenus de cette partie semi-aride de leur territoire, sans toucher à sa bio-diversité. Ils ont alors décidé d’installer une barrière à l’entrée de la réserve et de faire payer aux visiteurs un droit d’entrée.
En 1994, la communauté réussit à prendre tout en main, aidée en cela par les Kenya Wildlife Services (KWS), le African Wildlife Fund (AWF) et le Projet Cobra. Elle a reçu assistance et conseils pour consolider ses techniques de gestion et son savoir-faire pour diriger l’entreprise d’une manière profitable. Avec l’aide du Projet Cobra, la communauté a construit un portail décent, et le KWS les a aidés à ériger une clôture électrique en vue de réduire les conflits possibles entre les populations autour de la réserve et aussi pour se protéger des animaux.
Dès le début, le but principal était de permettre aux membres de la communauté de payer les frais scolaires de leurs enfants dans les écoles secondaires et d’aider financièrement ceux qui étaient vraiment dans la détresse. Leur réglementation interne les pousse à se débrouiller pour envoyer leurs enfants à l’école primaire. Mais le comité du ranch a fait en sorte que les enfants puissent continuer leur formation au secondaire.
Giminis Meikoki, un des gardes de la réserve, raconte qu’il a bénéficié de cet arrangement, tout comme beaucoup d’autres. Il existe aussi des facilités financières pour ceux qui veulent faire des études universitaires. Meikoki dit que la plupart de ceux qui travaillent dans le camp ont bénéficié du projet. Parmi eux il y a des médecins, des clercs, des enseignants.
La communauté a géré elle-même cette réserve animale jusqu’en août 1999, puis elle l’a donné en bail à l’Africa Safari Club. Les nouveaux gérants de la réserve ont versé un capital initial, et continuent à payer chaque mois un montant à la communauté. Ainsi, avec cet argent, la communauté peut payer les frais scolaires, faire face à ses obligations financières et achever l’arpentage de la terre qui lui reste.
A l’intérieur de la réserve
Depuis qu’il a repris la réserve animale, le Africa Safari Club a construit trois camps où les touristes peuvent loger et passer quelques jours dans la réserve. Ils peuvent ainsi jouir de la vue des bêtes sauvages et participer à des activités dans le camp. Sous les yeux vigilants et expérimentés des gardes de la réserve, les visiteurs peuvent faire des safaris à pied ou à bicyclette, pique-niquer et découvrir les animaux. Pour assurer la sécurité des gens et des animaux, les véhicules circulant dans le parc doivent respecter une limite de vitesse de 30 km heure.
Les trois camps dans la réserve, Kilimanjaro, Zebra et Twiga, peuvent loger 90 visiteurs. Au camp Kilimanjaro on a une excellente vue du sommet enneigé du fameux mont Kilimanjaro. La rivière Kimana coule à travers le camp Zebra — le premier qui a été construit. Le camp Twiga a une boutique avec les babioles et souvenirs habituels. Ici, les visiteurs peuvent prendre leur petit déjeuner près de la mare aux hippopotames, ainsi nommée parce qu’on peut y voir les hippos et les crocodiles s’ébrouer dans la mare.
Le directeur du camp Zebra, M. Dirk Obendiek, dit que 80% de son personnel viennent de la communauté de Kimana Tikondo, un des objectifs de la société étant de procurer du travail à la communauté avoisinante.
Mais pour les membres de la communauté, leur plus grand exploit est d’avoir obtenu le titre de propriété de leurs terres. Ils sont maintenant à même de développer leurs fermes et d’accroître ainsi le niveau de leurs revenus. «Rien que cela est une étape positive dans notre lutte contre la pauvreté», dit Meikoki.