ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 443 - 01/11/2002

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Tanzanie
Le travail des enfants


ENFANTS


Depuis quatorze mois, la Tanzanie s’est engagée, au niveau international, dans un programme de lutte contre les pires formes de travail des enfants dans le pays

La mise en œuvre de cet engagement a commencé à différents niveaux et se poursuit. Pourtant, on se demande si le gouvernement pourra intégrer cet engagement dans sa stratégie d’éradication de la pauvreté.

Les conditions en Tanzanie

On ne dispose pas de statistiques complètes sur le travail des enfants dans ses pires formes. Cependant, les chiffres avancés dans une étude faite en 2000-2001 montrent que sur un total de quelque 10,2 millions d’enfants entre 5 et 14 ans, 4,1 millions ne vont pas à l’école, mais sont engagés dans des activités économiques ou des travaux de ménage. On peut se poser la question: pourquoi se concentrer sur les pires formes du travail des enfants? L’expérience montre qu’en faisant ainsi, on peut mobiliser la société à s’attaquer d’une façon effective au problème du travail des enfants dans son ensemble.

Un récent rapport sur le travail des enfants dans le secteur informel en Tanzanie estime que, dans tout le pays, environ 2 millions d’enfants sont impliqués dans ces activités, dont 60.000 n’ont même pas quinze ans.

Mais qu’est-ce qui pousse ces enfants dans ce travail, surtout dans ses plus mauvaises formes? C’est la pauvreté qui les force à s’engager dans ces travaux dangereux. Ce qui pousse les parents à envoyer leurs enfants au travail, c’est d’augmenter les revenus de la famille.

Il y a aussi l’impact du VIH/SIDA . Le décès des soutiens de famille ou leur incapacité de travailler à cause de leur maladie, font traverser de terribles épreuves à ces enfants. Il y a en Tanzanie plus d’un million d’orphelins du sida et le réseau traditionnel de la famille élargie n’a pas les moyens de s’occuper de ces lourds fardeaux. Il en résulte que ces orphelins doivent chercher eux-mêmes les moyens de subsister. Souvent ils s’engagent dans le travail, le plus souvent dans ses pires formes, tel que le commerce du sexe.

Les programmes d’ajustement structurel imposés et les réformes de l’économie qui s’en suivent, ont aussi obligé les enfants à chercher du travail. Dans la plupart des cas, ces réformes ont profité aux centres urbains, aux dépens des Tanzaniens des régions rurales où les conditions de vie se sont détériorées — ce qui pousse les jeunes à chercher une vie meilleure et du travail dans les villes. D’autres facteurs, comme es mariages brisés et les familles mono-parentales, poussent aussi ces enfants au travail.

L’attitude de la société

Le 12 juin 2001, la Tanzanie s’est engagée politiquement à éradiquer toutes les pires formes du travail des enfants. A une session spéciale de la Conférence internationale du travail à Genève, le président Benjamin William Mkapa a déclaré: «Je suis ici pour réaffirmer ma volonté politique et mon engagement, aussi bien que celui de mon gouvernement, de faire tout ce qui est en mon pouvoir pour lutter contre ces mauvaises formes de travail des enfants». Depuis lors, le ministère du Travail, de la Jeunesse et des Sports a identifié les régions où il y a beaucoup de cas de ce genre de travail des enfants. Il s’agit de Tabora, Iringa, Singida, Dodoma et Dar es-Salaam.

La Conférence de Genève a aussi été l’occasion de lancer le programme «Time-Bound» («lié au temps»), c’est-à-dire un ensemble de politiques et de programmes bien intégrés et coordonnés pour empêcher et éliminer les pires formes du travail des enfants en une période délimitée.

Que faut-il donc faire pour que ce programme soit un succès? La Tanzanie s’est engagée à le réaliser par étapes en une période de dix ans. Mais, selon M. Elisa Lwakatare, directeur adjoint de la cellule “Travail des enfants” au ministère du Travail, de la Jeunesse et des Sports, le succès dépendra de l’engagement des individus: «Maintenant que le gouvernement s’est engagé au niveau national et international, chaque Tanzanien doit s’allier aux efforts du gouvernement et prendre le même engagement».

En vue de concrétiser le programme au niveau local, on a récruté des coordinateurs dans les districts. Ils recevront une formation adaptée, et on leur a préparé un plan d’action. Puisqu’ils vivent au niveau de la base, c’est à eux qu’il reviendra d’identifier les enfants qui ont le plus besoin d’aide. La seconde étape sera de donner aux enfants une alternative durable en les formant dans divers domaines.

En lançant ce programme «Time-Bound» au niveau local dans les districts les plus affectés, on peut espérer qu’il sera couronné de succès.


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