ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 444 - 15/11/2002

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Kenya
Un vent d’espoir dans le désert


FEMMES


Un centre animé par des volontaires se bat contre le sida

Chaque fois que le petit Omar âgé de 6 ans tombe malade, Nkirote se précipite à l’hôpital pour demander l’aide de l’infirmière bénévole. Nkirote fait cela depuis qu’Omar est venu habiter chez elle. Agée de 65 ans, Nkirote n’a pas d’enfants à elle, mais le projet communautaire VIH/SIDA de «Pepo la tumaini jangwani» lui a donné une seconde chance d’être maman. Le nom de ce projet se traduit à peu près comme: «un vent d’espoir dans le désert». Le fait d’avoir été acceptée dans le projet et la chance de prendre soin d’enfants d’autrui, ont quelque peu apaisé la peine de Nkirote d’avoir été rejetée par sa famille parce qu’elle n’avait pas pu avoir d’enfants.

C’est un arrangement remarquable. Depuis deux ans déjà, Nkirote est devenue la mère et la grand-mère du petit Omar, bien qu’il n’y ait pas de consanguinité. Omar fait partie des nombreux orphelins du Kenya, après qu’il a perdu sa maman célibataire, atteinte des ravages du sida. Après l’enterrement de sa maman, les voisins l’ont emmené à «Pepo la tumaini», comme le centre est communément connu.

Pepo la tumaini

Le centre est établi sur les terres de Kula Mawe, à la périphérie de la ville d’Isiolo, dans la province orientale du Kenya. Il s’agit d’un programme communautaire de lutte contre le sida, qui donne des soins palliatifs à ceux qui sont affectés de cette maladie. Il est au service des communautés de pasteurs, notamment Borana, Somali, Samburu et Turkana, ainsi que de quelques communautés agricoles qui se sont établies dans cette région aride. Le centre s’occupe surtout de femmes abandonnées à cause de problèmes socio-culturels vis-à-vis du sida, ainsi que des orphelins du sida. Ils y vivent en famille, chaque femme s’occupant de 6 à 8 enfants.

Aujourd’hui, la communauté a encore perdu un membre, mort de la tuberculose. Cette maladie se répand de plus en plus à cause du sida. Avec tristesse, la coordinatrice du centre, Hadija Hassan, constate que la mort est un événement journalier dans la communauté, la plupart des membres étant déjà malades.

Combattre la pauvreté par l’éducation

Des visiteurs de la Commission pour l’éradication de la pauvreté (PEC) ont aidé la communauté à construire une salle de classe, car le centre assure aux orphelins l’enseignement maternel et les trois premières années primaires, avant de les inscrire dans des écoles officielles. Pour mettre en œuvre le Plan national pour l’éradication de la pauvreté (NPEP) en 15 ans, la PEC envisage d’accroître en six ans le taux scolaire de 15%, et le taux de ceux qui finissent l’école de 19%. Son objectif est d’arriver à une éducation primaire pour tous en l’an 2015, conformément au pacte 20/20 approuvé par les dirigeants lors du Sommet mondial de développement social de 1995 à Copenhague.

Ce plan présente toute une série d’orientations et d’initiatives de gestion, dont l’objectif est d’accroître le taux d’inscriptions dans les écoles primaires et celui de ceux qui finissent l’école, surtout pour le groupe des plus désavantagés, malgré la diminution constante des ressources. L’éducation est considérée comme un élément essentiel pour éradiquer effectivement la pauvreté au Kenya.

Selon l’étude économique kényane de 2000, le nombre des institutions éducatives se serait accru de 3,1% entre 1999 et 2000, grâce à un programme de développement de la petite enfance lancé par le gouvernement et ses partenaires au développement. L’investissement dans l’éducation de base est certainement un effort qui a beaucoup contribué aux objectifs de développement socio-économique, par une plus grande productivité, l’amélioration des conditions alimentaires et la mise en valeur du partenariat au développement.

L’histoire du centre

Hadija Hassan, institutrice de profession, admet qu’elle a rencontré pas mal de difficultés pour faire accepter le centre par les communautés avoisinantes, dont la plupart des gens sont musulmans et peu enclins à accepter l’existence du sida — sans parler de ses effets.

Tout a commencé en 1994. Hadija et quatre autres personnes avaient assisté à une conférence de sensibilisation au sida, organisée par le Programme pastoral du Kenya, un programme parrainé par l’Agence de développement danoise. En ce temps-là, parler de cette maladie était tabou. Les choses ont bien changé quand, le 9 septembre 2001, des femmes musulmanes se sont rassemblées à Nairobi, en groupes de travail, pour discuter des difficultés auxquelles elles étaient confrontées à cause du sida.

Puis, petit à petit, le Centre a commencé à héberger des malades atteints du sida. Les responsables acceptent tout patient, quelle que soit sa religion ou son ethnie, unis dans leur mission de consoler les rejetés et les découragés.

Ce sont des instituteurs et des assistants sociaux bénévoles qui s’occupent maintenant du centre. Les autorités locales leur ont alloué un terrain d’un hectare à Kula Mawe, aux environs de la ville d’Isiolo. Avec l’aide de jeunes gens sans abri — connus localement comme «kusanya» ou «collecteurs» —qui y trouvent aussi refuge, les volontaires ont réussi à construire quelques huttes et autres constructions pour les enfants. Les jeunes «kusanya», enrôlés dans le projet par les Frères de la Charité, se sont solidement identifiés au centre, qu’ils considèrent comme leur chez soi.

De 36 au début, raconte Hadija Hassan, le centre héberge maintenant 97 personnes. Son idéal est de leur donner de l’espoir dans leur lutte contre la maladie et la pauvreté. Le centre donne aussi des soins à 610 membres et à 400 non-membres qui ont commencé à apprécier les services qu’ils reçoivent.

Pour pouvoir soigner les malades, qui ne font qu’augmenter, déclare Pauline Kinyua, infirmière volontaire, chaque mois le centre a besoin de tout un assortiment de médicaments pour un montant d’environ $2.464. Pour cela, le centre dépend de l’aide venant de ses amis et partenaires. Un de ces amis fidèles est Action Aid qui, deux fois par an, envoie des colis contenant toute une gamme de médicaments.

Les jeunes «kusanya» sont devenus très performants et ont même fabriqué une charrette à bras pour le centre, qui vient bien à point pour le transport des malades vers l’hôpital. Hadija dit qu’ils ont aussi reçu beaucoup d’aide de la communauté locale, qui s’est rendu compte du fait que le sida est une des causes de sa pauvreté, car elle perd de plus en plus ses membres actifs et productifs. Il faut donc être créatif et trouver de nouvelles façons pour lutter contre les causes et les conséquences du sida et de la pauvreté.

Les enfants

Au centre, les enfants sont désavantagés quand on les compare à ceux qui vivent dans une famille conventionnelle, non seulement parce qu’ils sont orphelins, mais aussi parce qu’ils sont aux prises avec une maladie débilitante du fait de leur séropositivité. Les quatre volontaires du centre, Edward Limo, Abdi Ibrahim, Pauline Kinyua et Hadija Hassan, sont bien déterminés à donner de l’espoir aux patients et à combattre la stigmatisation qui accompagne cette maladie. Ils veulent aussi assurer à ces enfants une éducation de base qui leur permettra d’acquérir la compétence nécessaire pour vivre une vie heureuse.

Leur devise semble être: «Sans vision, les gens périssent»


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