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DEVELOPPEMENT
Beaucoup de pays en développement ont l’impression de s’être fait rouler
Lors d’une réunion de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) à Seattle, en novembre 1999, le secrétaire général de l’ONU Kofi Annan, qui voulait s’adresser aux délégués, en a été empêché par les interruptions des manifestants anti-mondialistes.
Il voulait notamment déclarer à peu près ceci: dans le passé, on a dit et redit aux pays en développement qu’ils ne pouvaient que profiter du libre échange et qu’ils devaient ouvrir leurs économies. C’est ce qu’ils ont fait, souvent au grand dam des pays les plus pauvres. Le prix qu’ils ont dû payer pour satisfaire aux engagements commerciaux, dépassait parfois leur budget de toute une année. A maintes reprises, ils ont constaté que les résultats étaient décevants. Non pas que le libre commerce soit mauvais pour eux, mais parce qu’ils n’en retirent pas assez.
Il n’est pas surprenant que beaucoup de pays en développement aient l’impression de s’être fait rouler: les pays industrialisés sont très contents de pouvoir exporter leurs produits; mais, des pays en développement, ils ne veulent acheter que les matières premières, et non pas les produits finis. Alors les tarifs douaniers moyens pour les produits des pays en développement sont quatre fois plus élevés que pour les produits venant d’autres pays industriels.
L’agriculture
Le directeur adjoint de l’OMC, M. Miguel Rodriguez, estime que le secteur le plus affecté est l’agriculture, le pivot, pourtant, de presque toutes les économies en développement. Grâce à une agriculture massivement subventionnée, les pays de l’Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE) vendent leurs produits exportés moins cher, et excluent souvent ceux des pays en développement, même les plus efficients, du marché dans lequel ils auraient pu puiser leurs ressources. Il est donc évident qu’une réforme du commerce des produits agricoles est absolument essentielle.
Plus de 50 pays en développement dépendent de l’agriculture, et les 50% de leurs ressources proviennent de l’exportation de leurs produits agricoles. Il n’est donc pas surprenant que, dans les discussions à l’OMC, sur plus de 150 propositions concernant l’agriculture, plus de la moitié proviennent des pays en développement. Il est injuste de demander aux pays en développement d’ouvrir leurs économies, alors qu’ils doivent faire face à un protectionnisme flagrant dans les pays développés. La promesse faite d’un meilleur accès au marché mondial, n’est qu’un rêve insaisissable, bien que les pays en développement représentent les trois quarts des membres de l’OMC.
Que faire?
Il y a sans doute un besoin urgent de mettre la promotion du commerce régional en tête de l’agenda des pays en développement, surtout ceux de l’Afrique. C’est dans le domaine des accords régionaux que l’Afrique doit chercher son salut. En Amérique du Nord, le commerce a été renforcé par les accords du libre échange nord-américain (NAFTA). Les pays de l’Union européenne, en tant que groupe commercial, ont un poids économique énorme et peuvent dicter leurs règles dans les affaires commerciales. Les groupements commerciaux des pays développés peuvent intervenir avec force. Mais on ne peut pas dire la même chose d’institutions comme l’Union douanière de l’Afrique australe (SACU ), la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), la Communauté de l’Afrique orientale (EAC), le Marché commun de l’Afrique australe et orientale (COMESA), etc.
Si nous voulons faire face aux défis économiques auxquels nous sommes confrontés, nous, Africains, nous devons nous prendre mutuellement au sérieux. Et, dans ce domaine, la formation de l’Union africaine présente de nouvelles opportunités à l’Afrique et aux Africains.
En renforçant leurs groupes de commerce régional, les pays de l’Afrique subsaharienne peuvent progresser. Willian Amponsah, professeur associé de sciences sociales à l’université de l’Etat de Carolina, souligne que «les pays d’Afrique doivent d’abord apprendre à traiter avec leurs voisins et d’autres pays en développement dans le Sud en tant que partenaires dans le commerce et le développement. C’est ainsi que les pays africains construiront les groupes nécessaires pour pouvoir négocier avec plus de force au niveau de l’OMC».
Parlant d’agriculture, le président ougandais Yoweri Museveni le dit encore plus carrément: «Les pays qui se disent les amis des Africains, devraient montrer leur amitié en permettant à l’Afrique de leur vendre ses produits agricoles et ses produits finis».
- Percy F. Makombe, Zimbabwe, novembre 2002 — © Reproduction autorisée en citant la source