ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 446 - 15/12/2002

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Afrique
L’Afrique a-t-elle besoin du NEPAD?


DEVELOPPEMENT

Une analyse critique du Nouveau partenariat pour le développement de l’Afrique (NEPAD), de ses forces et de ses faiblesses

La Zambie au sein du NEPAD

“Jubilé-Zambie” est un mouvement national qui mène campagne pour l’annulation totale de la dette exterieure de la Zambie et d’autres pays pauvres.

Son objectif principal est d’arriver à l’éradication effective et équitable de la dette, ce qui pourrait mener à un allégement de la pauvreté. Dans un document consacré aux “Forces et faiblesses du NEPAD”, Jack Zulu, analyste économique et politique de Jubilé-Zambie, examine ce que le NEPAD exige de la Zambie: «Si la Zambie veut profiter des nouvelles initiatives économiques et de développement telles que le NEPAD, il faudra d’abord que le pays mette de l’ordre dans sa maison. Cela veut dire que nous devons avoir un programme bien planifié et des politiques bien conçues et bien ordonnées. En tant que nation, la Zambie devrait d’abord mettre en lumière les avantages qu’elle pourrait tirer des marchés mondiaux. La corruption et autres vices similaires doivent être extirpés des institutions privées et publiques du pays. Ainsi, les efforts actuels du gouvernement pour combattre le vice (corruption) sont un pas dans la bonne direction. Espérons que cette lutte ne s’arrêtera pas aux paroles, mais qu’elle deviendra effective».

Les objectifs du NEPAD

Selon Zulu, le NEPAD donne de l’espoir à l’Afrique, du moins sur le papier, car les leaders africains ont déclaré qu’ils allaient s’attaquer à bon nombre de problèmes auxquels le continent est confronté: «La réussite du NEPAD dépendra de la détermination des Africains à se dépêtrer, eux-mêmes et le continent, de la maladie du sous-développement et de leur exclusion d’un monde toujours plus imbriqué dans le contexte de la mondialisation».

Examinant la force du NEPAD, Zulu fait remarquer que cette initiative partie de l’Afrique, marque une orientation très différente des efforts du passé, lorsque les pays africains avaient mis en oeuvre, avec bien peu de succès, des initiatives de développement.

Les objectifs du NEPAD reflètent «un essai audacieux» des Africains pour s’attaquer à la pauvreté: «Le NEPAD donne aux peuples et aux gouvernements d’Afrique un aperçu précieux de leurs possibilités et les aide à comprendre que le développement est un processus d’émancipation et d’auto-suffisance. Il essaye d’aider l’Afrique à trouver une place dans une économie de mondialisation, en encourageant les pays africains à former pour leur commerce des groupes économiques puissants».

Parlant de l’énorme dette extérieure de l’Afrique, qui se monte à un peu plus de 300 milliards de dollars, Zulu est heureux de voir que le NEPAD essaie de réduire cette dette d’au moins 10% des revenus de chaque gouvernement. Promouvoir une bonne gouvernance dans les sphères économiques et politiques est un autre développement positif.

Malgré les problèmes complexes du financement par les bailleurs de fonds, Zulu est optimiste: «Jusqu’ici, ils ont dit qu’en principe ils sont prêts à financer le NEPAD. Espérons que ce ne soit pas là une pure rhétorique politique pour apaiser les Africains, afin qu’ils continuent à pourvoir l’Occident des matières premières à bon marché».

Les faiblesses du NEPAD

Le NEPAD prend en considération le fait que l’Afrique n’a pas pu profiter de la mondialisation, à cause d’obstacles structurels et de termes commerciaux défavorables.

Mais il ne dit pas ce que les pays africains pourraient faire pour rendre le système mondial commercial et financier plus juste et équitable, remarque Zulu.

Il n’indique pas non plus comment on pourrait remédier à ces obstacles structurels et comment on pourrait réviser ces termes de commerce défavorables. Il a choisi de laisser cela à la communauté internationale.

Il ne mentionne pas d’où viendra l’investissement massif nécessaire, alors qu’aucun investisseur étranger ne se risquerait à mettre son capital à la disposition d’un continent ou d’un pays accablé d’une dette étrangère si lourde: «L’Afrique reste toujours un continet peu attractif pour les investissements étrangers, à cause de cette dette. Le NEPAD n’ira pas loin si, pour tous ses financements, il continue à se confier totalement à la bienveillance de l’Occident. On n’a qu’à voir le sommet des G8 à Kananaskis au Canada, où les donateurs n’ont fait qu’effleurer superficiellement les problèmes de l’Afrique». (Le NEPAD avait demandé $64 milliards; mais n’en a reçu que 6, somme encore plus dérisoire comparée aux 20 milliards reçus par la Russie).

Zulu fait remarquer que, puisqu’il faut trouver cette énorme somme nécessaire ($64 milliards) en dehors du continent, le NEPAD est presque certain que le continent ne pourra atteindre le taux de croissance annuelle de 7% dont il a besoin pour arriver aux objectifs de développement du Millénaire — surtout celui de réduire de moitié, avant l’an 2015, le nombre d’Africains vivant dans la pauvreté.

NEPAD: un concept imposé

Lors d’une conférence sur le nouveau plan d’action africain, l’abbé Joe Komakoma, directeur exécutif du Centre catholique pour la justice, le développement et la paix (CCJDP), a déclaré: «tant que le NEPAD sera dicté et imposé aux dirigeants africains par l’Occident, rien ne peut changer dans les relations entre les nations pauvres du Sud et les nations riches du Nord, qui profiteront toujours le plus du commerce mondial.

«Si nous voulons un nouveau partenariat viable, il faut remettre ces termes commerciaux en question et les changer fondamentalement. Dès le début, ce partenariat est voué à l’échec, car il ne tient pas compte des opinions des gens ordinaires, qui n’ont pas été consultés. Le NEPAD n’est qu’un document qui a été discuté et adopté par les dirigeants en haut de l’échelle, tandis que les gens au bas de l’échelon ne savent même pas de quoi il s’agit».

L’évêque Paul Mususu, directeur exécutif de la Confrérie évangélique de la Zambie, n’a pas été très aimable pour les auteurs et les signataires du plan d’action du NEPAD: «Le NEPAD ne contient rien de neuf en termes de développement. Nous, les Africains, nous avons un tas de chartes et d’accords qui n’ont jamais porté de fruits, et voilà que nous nous hâtons de les remplacer par le NEPAD. Qu’en est-il des récentes initiatives africaines telles que le Marché commun de l’Afrique australe et orientale (COMESA), ou de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC)? Comment intégrer le NEPAD dans le COMESA et la SADC? A l’allure où vont les choses, nous finirons par n’avoir plus rien».

Selon l’évêque, le NEPAD n’a pas d’objectifs spécifiques, ne fait aucune mention des problèmes clefs, tels que les droits de l’homme et la mondialisation du marché de nos jours ni, ce qui est encore plus grave, la suppression de la dette extérieure, fardeau très lourd des nations pauvres.

  • Moses Chitendwe, Zambie, octobre 2002 — © Reproduction autorisée en citant la source

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