ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 449 - 01/02/2003

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Sierra Leone
Les criminels de guerre
devront rendre des comptes


JUSTICE


Pendant la guerre civile, toutes les factions en guerre ont commis des atrocités.
Au Tribunal special pour crimes de guerre, 
les responsables devront rendre compte de leurs actions

En janvier 2002, le gouvernement de la Sierra Leone et les Nations unies ont signé un accord pour la création d’un Tribunal spécial pour les crimes de guerre. Cet accord mettait fin aux spéculations de ceux qui se demandaient si ces crimes allaient rester impunis au nom de la réconciliation.

Qui va comparaître? Solomon Berewa, vice-président actuel de la Sierra Leone, et ministre de la Justice lors de la signature de cet accord, a déclaré: «Ceux qui portent la plus grande responsabilité des crimes de guerre seront jugés par ce Tribunal spécial». Qu’entendait-t-il par là? Cette question lui fut posée par des journalistes et dans des débats publics à la télévision. «Ceux qui ont donné les ordres; ceux qui étaient au pouvoir; ceux qui ont influencé ou dirigé ces attaques seront poursuivis en justice pour crimes contre l’humanité», a-t-il expliqué. Donc, ce ne sont pas tous ceux qui se sont battus dans les rangs du Front révolutionnaire uni (RUF) ou dans les rangs de l’armée gouvernementale, mais uniquement les haut gradés qui seront jugés.

Un tribunal qui se veut «impartial»

Le porte-parole du RUF, Eldred Collins, a toujours affirmé que le tribunal spécial viserait tout membre de son organisation, sans discrimination. Il a insisté sur le fait que d’autres combattants avaient aussi commis des crimes durant la guerre: surtout des membres de la Milice pour les droits civils qui se battaient dans les rangs de l’armée nationale; des mercenaires étrangers; des membres des forces d’intervention de l’Afrique occidentale (ECOMOG); des Ghurkas venus de Grande-Bretagne et des soldats guinéens. Le procureur du tribunal spécial a promis à plusieurs reprises que le tribunal serait impartial.

Le 26 septembre 2002, David Crane, à la tête d’un groupe d’enquêteurs, est arrivé à Tombodu, dans le district de Kono, dans le nord-est du pays, où ils ont inspecté des fosses communes. L’enquêteur spécial, le Dr Alan White, a révélé que dans un marais de Tombodu ils avaient découvert entre 400 et 1.000 cadavres, enterrés par «une faction armée». M. White a promis d’y amener un médecin légiste. En attendant, l’endoit a été clôturé pour empêcher les gens d’y accéder. D’autres fosses communes, dans d’autres parties du pays, ont aussi été découvertes et clôturées de la même façon.

Mais comment va procéder le tribunal pour inculper les suspects? Dans des lettres distribuées au grand public lors de la Journée internationale de la paix, les responsables du tribunal ont expliqué qu’ils étaient ouverts à toute suggestion pouvant les aider à mieux exercer leur mandat, et ils ont demandé la coopération de tout le monde.

Déjà certains craignent que le tribunal puisse être désinformé et induit en erreur, ou qu’on le pousse à une chasse aux sorcières. A plusiers reprises, Johnny Paul Koroma, actuellement président du Parti pour la paix et la libération (PLP) et ancien leader du Conseil des forces armées (tristement connu pour ses flagrantes violations des droits de l’homme de 1997 à 1998, année où il fut évincé du pouvoir), a appelé le tribunal spécial à être «très prudent et à ne pas se laisser tromper».

David Crane a assuré que tous ceux qui ont commis des crimes de guerre seraient poursuivis, qu’ils se soient battus dans les rangs de l’armée nationale ou dans toute autre faction.

La Commission vérité et réconciliation

Beaucoup ont aussi demandé si le tribunal spécial allait se servir des témoignages présentés à la Commission vérité et réconciliation (TRC). L’évêque anglican, Joseph Humper, président de cette Commission, a déclaré qu’il ne collaborera pas avec le tribunal spécial, en assurant qu’aucun témoignage fait devant la TRC ne sera transmis au tribunal spécial.

Alors que la TRC se dit en difficultés financières, le tribunal spécial a acquis un terrain pour y construire son immeuble. Un communiqué de presse du 10 octobre, indiquait que le bâtiment comprendra aussi 26 cellules pour les détenus et, qu’en accord avec les standards internationaux, chaque prisonnier aura une cellule individuelle. Les responsables du tribunal spécial disent que les constructions devraient être terminées par mai 2003, mais qu’ils n’attendront pas cette date pour commencer l’audition des témoins.

  • Alpha R. Jalloh, Sierra Leone, janvier 2003 — © Reproduction autorisée en citant la source

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