ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 450 - 15/02/2003

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Cameroun
AMACAM – Un désastre planifié


ECONOMIE


Comment ne pas gérer une compagnie

Au début, les Assurances mutuelles du Cameroun (AMACAM) constituaient un pas positif pour assurer les biens et les gens. Mais depuis 1985, son capital de 4 milliards de FCFA s’est réduit à un lamentable 1,5 milliard en 1993. Son principal gérant, M. François Peninou, d’origine française, gérait aussi une affaire semblable en Côte d’Ivoire.

Le 2 mai 1964, il rencontre M. Obam Mfouou Jérémie, directeur de la Coopération au secrétariat d’Etat pour l’Agriculture à Yaoundé, et M. Mba Ephraim, président de la Chambre d’agriculture. Et voilà que, deux mois plus tard, débute la première compagnie d’assurance, avec M. Peninou comme PDG. Lors de son enregistrement légal, l’AMACAM comptait 448 employés, 60.000 actionnaires, 14 filiales, 12 bureaux régionaux et 42 représentants.

Le premier effondrement financier de l’AMACAM a eu lieu en 1975, sous la direction de M. Pierre Moulet qui, pour l’achat d’un immeuble pour AMACAM, au lieu de demander un prêt à la banque, puisa dans les coffres de l’assurance. Avec l’approbation de l’administrateur général, M. Mba Ephraim, il dépensa une somme invraisemblable. Le conseil d’administration les condamna unanimement, obbligeant MM. Moulet et Mba à donner leur démission.

Peit à petit, les expatriés français ont quitté la compagnie, laissant la gestion aux Camerounais. M. Mboumi Timothy remplaça M. Pierre Moulet et, pour mettre un peu d’ordre, il n’accorda qu’à son directeur adjoint et au directeur financier le droit de signer des engagements financiers, et ce jusqu’à 5 millions de FCFA.

Les découvertes

Le 21 juin 1985, alors que l’AMACAM était en voie de s’informatiser, M. Mboumi donna sa démission. A ce moment là, son capital opératif avait atteint 9,4 milliards de FCFA. En vue d’assurer un passage correct àl’informatisation, on fit appel à un groupe d’experts comptables de la firme Kooh et Mure. Ceux-ci ont alors découvert qu’entre 1975 et 1985, malgré l’augmentation du capital, pas mal d’argent avait “disparu” des comptes. Il y eut un nouvel audit, mené cette fois-ci par l’inspection générale de l’Etat, dont le rapport corrobora celui de Kooh et Mure. En plus, il accusait certains hauts fonctionnaires de l’AMACAM de mauvaise gestion d’environ 750 millions de FCFA.

En 1987, un mystérieux incendie dans les bureaux détruisait un bon nombre de documents compromettants. Le 11 avril 1988, la police judiciaire, qui enquêtait sur les causes de l’incendie, mit en garde à vue 15 responsables supérieurs (y compris le précédent PDG, M. Mboumi) «pour aider la police dans ses investigations». Quand l’affaire arriva en cour, vingt avocats se sont présentés pour défendre les prévenus, accusés aussi d’autres délits, comme d’avoir exigé et reçu des pots-de-vin de la part d’hommes d’affaires en relation avec la compagnie. Au procès, on découvrit que six cadres de l’AMACAM avaient reçu d’énormes sommes d’argent avec l’approbation de M. Fute Raphaël, troisième vice-directeur général. Pour beaucoup d’observateurs, il s’agissait du premier grand scandale financier du Cameroun.

L’effondrement

En 1991, le gouvernement camerounais, voulant mettre de l’ordre dans l’AMACAM , impose un programme de redressement de 5 ans, consistant surtout dans la réduction des frais d’administration. Mais trois ans après, on n’enregistrait aucune amélioration et, en 1993, ses ressources financières étaient au plus bas. Il apparut bientôt que la société devenait insolvable. Un rapport conjoint du Fond français de développement et des Conférences inter-Etats sur les assurances en Afrique, montrait que la fin de l’AMACAM n’était plus qu’une question de temps.

Le 28 février 1996, quand fut lancé le Code des assurances en Afrique centrale, l’AMACAM n’avait plus payé ses employés depuis dix mois et avait envers ses partenaires une dette d’environ 20 milliards de FCFA. C’était la faillite. Le rapport de l’expert comptable de la compagnie financière ORREX, nommé pour la liquidation de l’AMACAM selon les normes de l’Union douanière et économique de l’Afrique centrale (UDEAC, est sévèrement critiqué par l’Ordre des experts comptables du Cameroun. Pour l’Ordre, cet expert n’est qu’un novice dans la profession de liquidation des affaires.

La triste odyssée de l’AMACAM pourrait être un bel exemple de comment ne pas gérer une compagnie.


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