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Kenya |
VIE SOCIALE
Les espoirs d’un pays dont Daniel Arap Moi en avait fait sa propriété personnelle...
Ces dernières années, le Kenya n’était plus que l’ombre de lui-même, et Moi ne s’est même pas aperçu que le pays allait à la perte, il n’a pas compris l’influence corruptrice du pouvoir absolu.
La tentative de coup d’Etat de 1982 marque le début du lent, mais désastreux déclin de l’économie. Après l’échec du coup, M. Moi entame immédiatement des grandes réformes dans l’armée, les services de renseignements, le département des enquêtes criminelles et l’administration. Mais dans son arrogance, il oublie son pays et son peuple qui l’avait pourtant tant aimé.
De grosses sommes d’argent ont disparu des caisses de l’Etat. Toute personne tant soit peu compétante était au courant des détournements de fonds non autorisés que des compagnies — comme l’Administration des ports du Kenya à Mombasa et la Compagnie kényane de l’énergie à Nairobi — dirigeaient vers le palais présidentiel. Et il en était de même pour la Télécom Kenya, que la Banque mondiale voulait faire privatiser. Mais le gouvernement n’a jamais accepté de s’en séparer, car c’était son «bas de laine». Le nouveau président Kibaki a révélé que 300 milliards de shillings kényans avaient disparus pendant la campagne électorale, employés soi-disant pour des réparations et la construction des nouvelles routes.
Ce pillage massif devait bien avoir des conséquences. Ainsi, des millions d’enfants ont été privés d’éducation primaire. Il n’est donc pas étonnant de voir l’engouement de la population pour la Coalition de l’arc-en-ciel (NARC) qui, dans sa campagne électorale, promettait la gratuité des études primaires, après le départ de Moi.
Ainsi, après les élections, des centaines de parents sont arrivés avec leurs enfant, surtout à Nairobi. Mais, pour plusieurs d’entre eux, c’était simplement pour changer d’école, certaines étant meilleures que d’autres, et ils voulaient en forcer les portes.
Pour échapper aux menaces, des directeurs d’école se sont cachés; d’autres, devant cette foule de parents frustrés, ont appelé la police. Le nouveau ministre de l’Education, vice-président jusqu’en mars 2002, déclara qu’il faudrait une fortune pour envoyer à l’école primaire tous les enfants. «Après 40 années d’indépendance, tous les enfants du Kenya devraient pouvoir aller à l’école. Mais où en sommes-nous maintenant?», s’est-il indigné.
«Ce n’est pas ma faute»
Devant ce problème, Moi répond que ce n’est pas juste de le charger de toutes les erreurs commises au Kenya. Pourquoi y a-t-il actuellement cinq universités, demande-t-il, alors qu’il n’y en avait que deux quand il a pri le pouvoir, en 1979?
Comme par hasard, il oublie d’expliquer que beaucoup d’enfants n’ont pas pu terminer leurs études parce que les livres et les frais de scolarité étaient hors prix. Il ne mentionne pas non plus que pour les fermiers il était impossible de payer les frais scolaires des enfants avec le revenu de leurs produits.
Par contre, c’est avec soulagement que la population a appris la décision de la ministre de la Santé, Mme Charity Ngilu, permettant aux malades de rentrer chez eux, même s’ils n’avaient pas payé tous les frais d’hospitalisation. En effet ils ne pouvaient pas quitter l’hôpital avant qu’ils n’aient tout payé. Elle a aussi ordonné aux hôpitaux de restituer aux patients les titres de propriété retenus en gage. Par une autre ordonnance, elle a décrété de remettre aux familles les corps des défunts “retenus” dans les morgues jusqu’à l’acquittement total des frais.
Mais selon un journal local, la Banque mondiale n’est pas très contente de ces décisions courageuse, car depuis des années elle prône le système de «participation aux frais» dans les hôpitaux. Jusqu’à présent, les soins hospitaliers ne sont toujours pas gratuits.
La population du Kenya est constituée majoritairement d’agriculteurs. Mais la culture commerciale a subi le contrecoup de la mauvaise gestion et des bas prix internationaux. Où en sommes-nous actuellement? La loi défend d’enlever les caféiers; mais les fermiers, furieux, les arrachent quand même, sans se soucier des conséquences, car ils ont besoin de la terre pour produire de quoi survivre.
Un produit que tout le monde utilise est le sucre. La canne à sucre pousse très bien au Kenya. Mais, sous l’administration Moi, ses fils et d’autres personnes haut placées ont régulièrement importé du sucre de l’étranger. Pendant plus de vingt ans, les planteurs de cannes à sucre ont souffert de cette situation et Moi n’a rien fait pour y remédier.
Oui, Kibaki aura besoin de bien des prières pour redresser l’héritage laissé par Moi.