ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 451 - 01/03/2003

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Afrique centrale
La BEAC au chevet du blanchiment de l’argent sale


ECONOMIE


L’Afrique risque de devenir un terrain favorable aux trafiquants à la recherche de nouveaux itinéraires pour blanchir l’argent sale. Des initiatives sont progressivement mises en place

Qu’est-ce qui est à l’origine de ce phénomène? Le trafic de drogues (cocaïne, héroïne, marijuana) et d’armes, la corruption et la prostitution sont autant de sources d’argent sale. Les profits générés par ces activités criminelles sont excessifs. Ils varient entre 2% et 5% du produit intérieur brut mondial, selon les estimations du Fonds monétaire international. L’irréversible mondialisation et surtout la libéralisation des échanges, l’ouverture des frontières et la privatisation sont des portes facilitant les opérations de blanchiment, qui constituent un maillon important pour les trafiquants.

Efforts

Le Congo-Brazzaville, le Gabon, la Centrafrique, le Cameroun, le Tchad et la Guinée Equatoriale, membres de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (CEMAC) sont de plus en plus déterminés à lutter contre le blanchiment de l’argent sale et le financement du terrorisme. En octobre 2002, les experts de la Banque des Etats de l’Afrique centrale (BEAC) ont passé au peigne fin les mécanismes visant à lutter contre le phénomène. Un séminaire a regroupé nombre de délégations représentant différentes administrations des pays membres de la CEMAC, autour d’un thème évocateur: “Prévention, répression du blanchiment des capitaux et financement du terrorisme”.

Le mécanisme prévu au sein de la CEMAC devrait aboutir à la création dans chaque Etat d’une antenne d’investigation financière. Elle sera la structure nationale anti-blanchiment et l’interlocuteur d’un bon nombre d’acteurs financiers, étatiques comme privés, obligés de révéler les opérations les plus douteuses. Les autorités directement concernées par la répression du phénomène doivent entériner les multiples efforts consentis dans ce sens. «Les potentialités économiques des pays membres de la CEMAC suscitent bien des convoitises de la part des blanchisseurs et des terroristes», fait remarquer, Jean-Félix Mamalepot, gouverneur de la BEAC. Et un autre expert: «Nous sommes en train de mettre des bouchées doubles pour tenter de freiner, tant bien que mal, les phénomènes humiliants du financement du terrorisme et autres qui, à travers la sous-région, engendrent de nombreux dégâts tant au plan humain que matériel».

Continuant leurs efforts, les experts se sont encore retrouvés, en octobre 2002, à Yaoundé, au Cameroun. La principale conclusion de cette rencontre a été la création du Groupe d’action contre le blanchissement de l’argent en Afrique centrale (GABAC), qui s’est fixé comme objectifs:

Expériences antérieures

En 1989, les sept pays les plus industrialisés de la planète ont créé le Groupe d’action financière (GAFI) pour mettre un terme au blanchiment de capitaux et au financement du terrorisme. Cette structure s’est, chemin faisant, imposée par son expérience qui en fait le précurseur de la lutte anti-blanchiment au niveau mondial.

Le GAFI a ensuite orienté son action vers la sectorialisation, favorisant la mise en place successive de groupes régionaux anti-blanchiment, à l’instar du Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment de l’argent en Afrique, créé en 1999 dans le cadre de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest. La CEMAC a, elle aussi, mené des actions d’envergure. En témoignent les résultats du séminaire organisé en novembre 2000, à Yaoundé, sur le thème: «La lutte contre le blanchiment de capitaux dans les pays de la CEMAC». De ce séminaire l’on retiendra plusieurs conclusions:

Encore fallait-il les concrétiser. D’où l’adoption en décembre 2000, à N’Djaména, au Tchad, d’une déclaration de principe de la conférence des chefs d’Etats de la CEMAC indiquant: «La volonté commune et solennelle de tout mettre en oeuvre pour lutter contre le blanchiment d’argent dans les pays de la CEMAC par tous moyens appropriés à cette fin; en particulier, l’adoption d’une législation harmonisée et la mise en place de structures spécialisées». Ensuite fut créé le groupe d’action GABAC, dont nous parlions plus haut.

L’Afrique sub-saharienne a été, depuis 1999, définie par le GAFI comme «vulnérable au blanchiment de capitaux». La corruption, le trafic d’armes et la contrebande génerent des revenus illicites. Mais peu d’informations, constate t-on, sont disponibles sur la manière dont cet argent est blanchi, et sur les possibilités de transit des fonds douteux à travers les pays africains. Cette situation fait dire à certains experts que l’Afrique pourrait bien devenir une zone de choix de ce traffic, la plupart des pays ne disposant pas d’une législation adéquate pour lutter contre le phénomène. Et les contrôles inexistants font du continent un terrain favorable.

La création de groupes sous-régionaux africains chargés de traquer l’argent sale peut être considérée comme un acte encourageant. Et les travaux de ces organisations permettent une meilleure connaissance du problème. Mais, pendant qu’en Afrique de l’Ouest les choses semblent aller de l’avant, en Afrique centrale, par contre, ces institutions piétinent. Pendant que le Groupe anti-blanchiment de l’Afrique de l’Est et du Sud, créé en 1999, augure des avancées significatives sur le terrain, le GABAC traîne le pas.


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