ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 451 - 01/03/2003

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Afrique
Méfiance vis-à-vis des OGM


FAMINE


La Zambie et d’autres pays en développement ont pris position contre les Organismes génétiquement modifiés (OGM). Avantages et dangers de ces produits.

Le 15 octobre 2002, les Quinze de l’Union européenne n’ont pas réussi à se mettre d’accord sur l’usage des nouveaux produits génétiquement modifiés (GM) dans les industries agricoles et alimentaires. Ces divisions au sein de l’Union, à propos des règles à suivre pour identifier et cataloguer ces produits, ont fait que leur embargo a été maintenu. Hélas, il semble qu’il devrait arriver bientôt à sa fin. Lors de la clôture de la réunion des ministres de l’Agriculture de l’UE, David Byrne, en charge des Affaires de la santé et des consommateurs, a dit: «Nous avançons, pas à pas. Nous arriverons inévitablement à la levée de l’embargo». Cet embargo aurait fait perdre aux cultivateurs et aux exportateurs américains de céréales plus de 200 millions de dollars par an. Les Etats-Unis ont l’intention de demander à l’Organisation mondiale du commerce d’intervenir et de mettre fin à quatre années d’attente pour arriver enfin à l’approbation de ces nouveaux organismes GM (OGM).

Un débat éthique

Alors que le débat fait rage à propos des règles pour permettre les produits biotechniques, un autre débat est en cours sur l’éthique des aliments GM. En 2002, l’Afrique du Sud fit sa première récolte de maïs blanc GM, cultivé sur 100.000 hectares de terres. La technologie des semences pour ce maïs venait des Etats-Unis. Ceux qui sont en faveur des aliments GM disent que cette nourriture est nécessaire pour répondre à la faim dans le monde. Mais cela est manifestement faux. La population mondiale est en dessous de 7 milliards, alors qu’il y a assez de nourriture pour en nourrir 9 milliards.

Il faut donc se demander à qui profite cette nourriture GM. L’investigateur spécial de l’Onu sur le droit à la nourriture, Jean Ziegler, a affirmé: «Je suis contre la théorie des multinationales qui disent que si vous êtes contre la faim, vous devez-être en faveur des OGM. C’est faux! Il y a assez de nourriture naturelle dans le monde pour nourrir le double de l’humanité. Rien ne justifie les produits génétiquement modifiés, sinon le désir de profit et de domination de ces multinationales». Cette remarque ne doit pas être prise à la légère. Le danger de voir une poignée d’entreprises prendre le contrôle de l’approvisionnement mondial en nourriture, n’est pas une vaine menace. Ces grandes multinationales ont plus à gagner que les pays pauvres qui luttent contre la famine. Les remarques de Ziegler constituent aussi une critique cinglante des institutions, dont l’Organisation mondiale du commerce (OMC), qui ont officiellemnt approuvé les OGM.

L’affaire Monsanto

Sous prétexte de vouloir nourrir l’humanité, le zèle soudain des grandes entreprises ne peut cacher leur véritable objectif: la recherche du profit. Il n’y a pas de meilleur exemple prouvant l’hypocrisie de ces grosses entreprises que le cas du fermier canadien, Percy Schemeiser. Monsanto, une multinationale agro-industrielle, lui a intenté un procès pour avoir produit une variété OGM de canola (colza), un produit de Monsanto. Son argumentation, qui prit toute une journée au tribunal, était que Schemeiser avait violé le brevet de la compagnie en faisant pousser ces semences sans autorisation. Et pourtant, Schemeiser avait lui-même développé ses semences d’une façon naturelle. Monsanto gagna le procès. Le juge déclara que la façon dont les semences étaient arrivées dans les champs de Schemeiser n’avait aucune importance. Il alla même plus loin. Puisqu’il s’agissait de semences de Monsanto et qu’il était difficile de distinguer quelle plante était une OGM, toute la récolte devait revenir à Monsanto. Et Schemeiser a tout perdu. Ce cas illustre très bien que la campagne des grosses multinationales pour les OGM n’a rien à voir avec la lutte contre la faim. S’ils sont une menace pour la biodiversité, les OGM sont aussi une atteinte à la liberté des populations de se servir de leurs propres semences.

Bravo pour la Zambie

Le fait de toujours applaudir quand les entreprises mettent sur le marché des produits qui allègent le travail des fermiers, même s’ils nuisent à l’environnement et à l’humanité, ne tient pas debout.

C’est pourquoi nous devons applaudir la Zambie pour son refus des OGM. Une étude faite par le Centre de réflexion théologique des Jésuites montre que les OGM auront un impact négatif sur le secteur informel des semences qui fournit 85% des semences aux trois-quarts des communautés agricoles de ce pays.

Les communautés des pays en développement se sont toujours basées sur les semences et aliments traditionnels et elles ont cherché à les croiser sans craindre des représailles. Mais depuis que l’OMC a accepté le monopole des brevets, leurs détenteurs ont maintenant le droit, en tant que propriétaires, d’exiger une redevance à l’emploi de ces semences. Ce qui a de sérieuses conséquences pour les pays en développement.

Les implications

En premier lieu, pour acheter des semences sous brevet, il faut d’abord importer ces produits et puis les développer sous haute surveillance, ce qui n’est pas facile dans des pays en développement. Ainsi, ces semences ont besoin d’une haute technologie, de produits chimiques, d’engrais et d’une bonne irrigation, choses difficiles dans les communautés agricoles. Leur usage demandera donc beaucoup de compétences. Si on néglige de prendre les précautions voulues, les semences ne pousseront pas et la récolte sera vouée à l’échec. Cela constitue une menace pour la communauté: si ces semences ont été employées à grande échelle, tout un pays pourrait manquer de nourriture. De plus, importer ces semences est beaucoup plus coûteux que de produire ses semences localement.

Deuxièmement, il se pourrait fort bien que cette haute technologie se développe à grande échelle dans les pays en développement, introduisant d’autres variétés de semences qui remplaceraient les semences traditionnelles. Elles pourraient avoir aussi des implications importantes pour la santé locale et les stratégies alimentaires. La vaste majorité des Africains, en fait plus de 80%, vivent dans des communautés rurales et dépendent de l’agriculture pour leurs moyens de subsistance. Cette agriculture très technique pourrait avoir un grand impact sur le nombre des personnes qui y sont impliquées.

Troisièmement, les OGM sont en grande partie des aliments artificiels, poussant dans un environnement conditionné. Ils peuvent alors devenir un danger pour la santé publique. Tout le monde sait que les produits naturels sont plus sains. Les pays en développement doivent donc tenir compte des risques et décider si oui ou non ils veulent ces OGM.

Les risques à court et long terme que font courir les OGM doivent être évalués. Les gouvernements des pays en développement devraient instituer un système qui assure la sécurité alimentaire, et créer une structure réglementaire au niveau régional pour faciliter la coopération. Nos pays doivent être fermes: ne pas se laisser éblouir par les dernières découvertes technologiques, et ne pas accepter ces OGM à la hâte. La législation sur les OGM doit être stricte et le public devrait pouvoir prendre part aux débats.


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