ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 451 - 01/03/2003

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Zimbabwe
L’exploitation minière peut-elle sauver l’économie?


RESSOURCES NATURELLES


En 2002, le secteur agricole s’est effondré, et il se présente plutôt mal. Les économistes suggèrent le recours à l’exploitation minière pour relancer l’économie. Est-ce possible?

Pour les analystes, il y a peu de chances que l’exploitation minière seule puisse sauver l’économie. Voilà cinq ans déjà que l’économie est en récession: il faudrait exporter des produits pour en importer d’autres, qui à leur tour deviendront sources d’exportation.

Selon Roy Pitchford, expert minier, les mines ne produisent qu’une petite part des exportations du pays, comparées à l’agriculture et à l’industrie. Pour contrebalancer ces deux secteurs, il leur faudrait des années, sinon des décennies, d’investissements et de développements.

L’exploitation minière ne contribue qu’à 20% du total des recettes venant de l’exportation, alors que l’agriculture y contribue à 40% et les industries à environ 20%. On s’attend à ce que les produits agricoles destinés à l’exportation déclinent fortement, à cause de la réforme agraire et de la sécheresse. Le secteur industriel n’aura pas assez de produits à transformer, alors que le taux de change artificiel ne fera que diminuer sa possibilité d’exportation.

Pitchford dit que le déclin dans les exportations des produits agricoles et industriels ne peut être compensé par l’exploitation des mines à cause du manque de temps et d’investissements étrangers si nécessaires. Selon les statistiques du gouvernement, l’économie du Zimbabwe a chuté de 11% en 2002, alors que les prévisions avaient été de 5,3%.

L’économiste en chef de la Century Bank, David Mupanhadzi, a dit que l’accroissement de l’exportation des produits agricoles était tombé de 29,1% en 1996 à 13,6% en 2001 et qu’il avait continué à chuter en 2002, surtout à cause de la sécheresse et du manque de production résultant des troubles. De plus, suite aux conditions économiques défavorables dans le pays, les exportations des produits manufacturés ont fortement diminué depuis 1996: elles sont tombées de US $899,7 millions en 1997 à US $406 en 2001, et on s’attend à ce qu’elles continuent à chuter en 2002, surtout à cause de la crise de rendement dans le secteur, a dit M. Mupanhadzi.

Le déclin des mines

David Matyanga, économiste de la Chambre des minerais du Zimbabwe, dit que l’exportation des minerais est tombée de US $520 millions en 1995, à US $389 millions en 2001. Bon nombre de firmes ont du mal à joindre les deux bouts, surtout à cause du coût élevé de la production. La situation désespérée des entreprises minières s’est empirée par manque de devises étrangères et du taux de change artificiel.

Selon Pitchford, il a fallu 16 années à Delta Gold Platinum, le précurseur des Mines de platine du Zimbabwe (ZIMPLATS ), pour atteindre une marge positive d’autofinancement. De 1996 à 2002, les Mines de platine de Makwiro ont dépensé US $400 millions pour pouvoir produire annuellement 200.000 onces de métaux du groupe de platine (PGM) et atteindre cette marge. Et il a fallu à la Mine de platine Minosa, plus petite que celle de Makwiro, six à sept ans pour arriver à une marge positive d’autofinancement. Cette compagnie est maintenant en pleine expansion surtout du fait que Impala Platinum et Aquarius Platinum, deux compagnies de l’Afrique du Sud, ont acquis 85% des actions pour un prix de US $75 millions. Impala et Aquarius ont fait d’autres investissements pour augmenter la production de 30.000 onces de PGM à 135.000 onces.

«Toutefois, dit Pitchford, le succès de Makwiro ne reflète pas l’état général de l’industrie minière. Celle-ci, tout comme l’agriculture et la fabrication manufacturière, est aussi en déclin. Le secteur minier doit faire face à de sérieux problèmes causés par le manque de devises étrangères et le ralentissement de l’économie mondiale. Les prix internationaux des produits sont trop bas et, de plus, l’industrie minière ne reçoit pas une partie équitable des devises étrangères qu’elle rapporte au pays. Les producteurs d’or sont maintenant obligés de vendre leur or à la Banque centrale, alors que d’autres producteurs de métaux peuvent garder une partie des devises étrangères provenant de leurs exportations».

De plus, ajoute Pitchford, le taux de change officiel pour les devises étrangères ne correspond absolument pas aux besoins des compagnies minières qui doivent acheter l’essentiel de leur équipement à l’étranger. Le taux artificiel de change empêche l’industrie minière d’aider à la relance économique. Toutefois, si à elle seule l’industrie minière ne peut sauver l’économie, elle peut y contribuer conjointement à d’autres secteurs. On affirme que le groupe des métaux de platine pourrait remplacer l’or et devenir la plus importante source financière de l’exportation des minerais. Mais le pays ne peut se limiter aux exploitations minières pour sauver l’économie, car le traitement des métaux assure de meilleurs revenus que leur extraction.


Ndlr - Le gouvernement vient d’ajuster le taux de change du dollar zimbabwéen en le rapprochant de celui du marché noir: le 19 février, le taux officiel était fixé à 800 $ zimbabwéens pour 1 $ US.


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