ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 451 - 01/03/2003

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Congo (RDC)
Tolérance ou anarchie?


DROITS DE L’HOMME


Est-il vraiement tout permis? Entre l’impératif de sécurité du pays et la protection des droits de l’homme

La situation des droits de l’homme en RDC ne cesse de préoccuper la communauté internationale.

Pendant les 7 ans de la transition sous le régime de Mobutu, on a connu bien des cas de violations des droits de l’homme: enlèvements, arrestations arbitraires, assassinats politiques, guerres ethniques entretenues et suivies de massacres, gangstérisme militaire, plastiquage d’imprimeries et de maisons de presse, fermetures d’écoles et d’universités pour raisons politiques, privations de salaires... La seule voix de la société civile, à travers ses différentes ONG et associations, ne suffisait plus pour éloigner les pleurs des populations. D’où la nomination, en 1994, d’un rapporteur spécial des Nations unies pour les droits de l’homme en RDC, d’abord en la personne du Chilien Roberto Garreton, remplacé ensuite par la Roumaine Antoanelia Iulia Motoc en 2001. Grâce à eux, les droits de l’homme ont obtenu droit de cité dans la société congolaise. Le gouvernement tout comme les rebelles hésitent avant de poser un acte susceptible d’y porter atteinte. Le gouvernement en particulier a fait des efforts.

La presse: un casse tête

Mais la grande difficulté reste de savoir comment concilier la défense des droits de l’homme avec l’impératif de sécurité dans un pays déchiqueté par la guerre.

L’exemple des Etats-Unis qui ont rétréci certains droits, dont la liberté de presse, pendant la guerre contre le terrorisme, peut faire réfléchir les Congolais sur la gestion responsable de leurs libertés, en ce moment où la souveraineté et l’intégrité du pays sont plus que jamais menacées. Cerraines catégories de citoyens s’accordent l’exclusivité des droits, jusqu’à porter atteinte à ceux des autres; et quand on les rappelle à l’ordre, ils crient très fort à la violation des droits de l’homme.

Que dire de journaux tels que «L’Alerte Plus», «L’Alarme», «Tapis rouge», «Pot pourri», «Grognon», dont les responsables refusent expressément de se conformer à la loi par le dépôt d’une déclaration de publication auprès de la Commission de contrôle de conformité, et préfèrent paraître avec des titres choquant toute moralité publique et compromettant l’ordre public et la sécurité du pays? «Kabiladen recherché. 15.000 dollars à quiconque le retrouvera», pour parler du président Joseph Kabila caricaturé avec une barbe à la Ben Laden; «Le ministre Mwenze Kongolo empoisonné»; «Mwenze Kongolo atteint du sida»; «Mbandaka va tomber»

Ces journaux n’ont pas de siège légal et paraissent dans la clandestinité, privant du droit de réponse les personnes lésées par leurs écrits. Toutes les tentatives de rappel à l’ordre par le ministère de la Communication se sont avérées vaines, obligeant les services de sécurité de s’y mêler. Même l’opposant politique Joseph Olenghankoy s’est vu obligé, au mois de juin dernier, d’utiliser les services de la police spéciale pour mettre la main sur un journaliste clandestin qui avait publié un article diffamatoire à son égard. Un jour, un ministre ouest-africain en mission à Kinshasa, à la lecture d’une certaine presse kinoise où il n’avait trouvé que des titres portant atteinte à la sécurité, à l’unité du pays et à l’ordre public, ne s’est-il pas exclamé: «Est-elle écrite par des apatrides?».

Il y a aussi des abus de la part de ceux qui doivent bénéficier, à juste titre, de la protection de leurs droits. La misère que connaît le peuple congolais l’a poussé à faire usage d’une imagination très fertile pour obtenir un asile politique. Que de violations imaginaires des droits de l’homme mises sur le dos du gouvernement, que des noms de victimes inventés de toute pièce! Que d’actes expressément provoqués, surtout en matière des libertés politiques et de la presse, pour attirer le courroux de la justice et crier à la violation des droits de l’homme!

Des partis qui sabotent la loi

En dehors de la presse, qui sert généralement de porte-voix aux partis politiques, il y a les partis eux-mêmes. Beaucoup ont tout simplement refusé de se conformer à la loi, mettant le gouvernement devant un dilemme: on crierait aux violations des droits de l’homme s’il s’en prenait aux récalcitrants, mais l’autorité de l’Etat s’affaiblirait davantage en les laissant faire.

Beaucoup de ces partis posent des actes qui, dans des pays à longue tradition démocratique, seraient considérés comme de haute trahison. Ils s’allient aux pays agresseurs et se proposent d’opter aussi pour la lutte armée; ils font régulièrement des déclarations qui confortent les positions de ceux qui ont amputé le pays d’une bonne partie du territoire.

D’autres Congolais, tels que «le roi Mizele» et les adeptes d’une secte politico-religieuse «Bundu dia Kongo», ont trouvé bon d’ouvrir la chasse aux non-originaires occupant des postes de responsabilité dans la province du Bas-Congo, et de réclamer l’autonomie de celle-ci.

C’est aussi le cas de la province Orientale occupée, où des veilletés de sécession du district de l’Ituri sont perceptibles, comme cela a été le cas de la province du Katanga, à l’époque du gouverneur Kyungu wa Kumwanza et de son parti Uferi. Rebelles du MLC de Jean-Pierre Bemba, du RCD-ML de Mbusa Nyamwisi, du RCD-National de Roger Lumbala, activistes politiques de l’UDPS et autres, en dépit des actes régulièrement posés contre la patrie, circulent librement à Kinshasa. Se référant aux exemples basque et corse…, l’opinion se demande jusqu’où nous amenera cette tolérance politique, et jusqu’à quand on tolérera cette anarchie qui rend nulle l’autorité de l’Etat.

L’injustice internationale qui consiste à ne pas accorder le même traitement à toutes les nations, justifie, dit-on, cette tolérance politique qui est le prix à payer pour le retour de la paix. Une tolérance qui fait ressortir la dualité Autorité de l’Etat - Droits de l’homme.


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