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VIE SOCIALE
Des querelles dans les chefferies empêchent la distribution de nourriture ’urgence à des milliers de communautés rurales souffrant de la sécheresse
La situation est sérieuse, à tel point que la police a dû intervenir dans certains centres pour contrôler la distribution de la nourriture. A la suite de disputes dans les chefferies, le président du Groupe national de l’aide aux sinistrés (NDTF), le Dr Ben Nsibandze, a mis sévèrement en garde les chefs afin qu’ils cessent de se servir de l’aide alimentaire dans leurs querelles politiques. Si ce programme d’aide est utilisé à des fins politiques, a-t-il averti, les donateurs internationaux, comme le Programme alimentaire mondial (PAM) et les Nations unies arrêteront leur aide alimentaire.
«Si nos chefs et les dirigeants de nos communautés, a-t-il dit, ne montrent pas de gratitude pour l’aide alimentaire fournie par les donateurs internationaux et locaux pour nourrir notre population qui souffre de la faim, nous perdrons cette assistance absolument nécessaire. C’est pourquoi je demande à tous les chefs et dirigeants de nos communautés de prendre à cœur l’intérêt des victimes de la faim qui ont désespérément besoin de cette aide, et de ne pas s’en servir comme arme dans leurs querelles de chefferies au détriment des victimes qui meurent de faim».
Nsibandze a aussi supplié les communautés qui ne souffrent pas de la famine, de ne plus demander l’assistance alimentaire des ONG qui distribuent cette aide à ceux qui sont affamés. Il notait que plusieurs communautés qui ne connaissent pas la famine, exigent de l’aide, prétendant qu’ils y ont droit puisque il s’agit d’une assistance du roi.
«Je suis très déçu, dit-il, par la cupidité grandissante des communautés qui exigent une part de cette aide, alors qu’elles ne sont pas cataloguées comme souffrant de la faim. La nourriture ne vient pas du roi, mais du PAM et de donateurs locaux, et elle est strictement réservée à ceux qui souffrent de la faim. Ces exigences doivent cesser immédiatement, car elles compromettent nos chances de recevoir encore de l’aide de la part de nos donateurs».
Problèmes de distribution
Voici deux exemples de querelles de chefferies qui empêchent la distribution de l’aide alimentaire.
Dans la chefferie de Malinza, une dispute de succession oppose les deux frères Tsabedze: Mabudseka et Gede. Le parlementaire Mahlaba Mamba affirme avec inquiétude que la nourriture entreposée à Mpaka est en train de pourrir parce que les ONG ne peuvent la distribuer dans la région. Le gérant Absalom Dlamini a démenti cette affirmation, mais il reconnaît que les vendettas de chefferies dans les régions de Malindza et Mpolonjeni, atteintes de la sécheresse, bloquent la distribution.
Dans la région de Mpolonjeni, le chef Sibengwane Ndzimandze a interdit à la Croix-Rouge du Swaziland de distribuer des rations de nourriture à certains de ses sujets affamés parce qu’ils lui refusent leur allégeance. En fait, ils ont fait allégeance aux chefs des chefferies voisines de KaMkhweli et de Macetjeni. Le secrétaire du bureau du Premier ministre adjoint Tikhunda, Andreas Matahabela, a dû appeler la police en renfort dans la région pour s’assurer que tous les affamés reçoivent bien l’aide.
L’administrateur du Programme d’aide Vision Mondiale, Mandla Maduna, a aussi eu des problèmes. «Lors de la distribution de nourriture, des disputes éclatent, dit-il. Certains nous accusent de partialité dans nos décisions. Pourtant, nous sommes neutres et, pour nous, la distribution de l’aide alimentaire est un acte humanitaire. Avant de commencer la distribution nous demandons aux dirigeants des communautés de ne pas la politiser. Mais malgré tout, certains leaders le font quand-même».
Maduna explique que, comme aide alimentaire, les victimes de la famine reçoivent chacun un colis contenant 12 kg de maïs jaune, 1,8 kg de haricots et 3/4 de litre d’huile. De plus, ils reçoivent des semences pour leurs champs: 12 kg de semences de maïs, 4 kg de semences de haricots, 4,5 kg de semences de doliques (de la famille des haricots), 3 kg de sorgho et 30 kg d’engrais.
Le nombre des morts de faim a crû rapidement au Swaziland. Le président du NDTF attribue cela à l’incapacité des affamés de remédier à leur situation, à cause de la misère écrasante, du VIH/SIDA et de l’état désastreux de l’économie nationale.
- Vuyisile Hlatskwayo, Swaziland, janvier 2003 — © Reproduction autorisée en citant la source
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