ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 451 - 01/03/2003

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Malawi
Chahut au Parlement


TENSIONS


Les bruits courent: enlèvements de députés — bagarres à l’Assemblée nationale —  tentatives d’agression contre le président du Parlement...  Que s’est-il réellement passé?

Il y a eu presqu’une une bagarre en règle entre députés de l’opposition et membres du gouvernement, lorsque les 193 parlemententaires ne sont pas parvenus à approuver un projet de loi modifiant la Constitution, qui devait permettre au président en fonction de se présenter pour un troisième terme. D’après la Constitution actuelle, le président ne peut exercer que deux mandats.

Une réunion du Parlement avait été convoquée à la hâte pour deux jours, les 27 et 28 janvier 2003, à Lilongwe, pour discuter de ce projet de loi qui n’avait pas obtenu la majorité requise l’an passé et avait été mis en attente. Le ministre de la Justice, Henri Phoya, a ensuite renvoyé ce projet au Comité parlementaire des affaires légales pour examen approfondi et pour trouver un moyen de sortir de l’impasse. Le projet de loi prévoyait la modification de la section 83, paragraphe 3 de la Constitution.

Des analystes politiques y voient un stratagème du parti au pouvoir, le Front démocratique uni (UDF), puisqu’il est devenu de plus en plus évident que la loi ne passera pas. Un même projet de loi avait déjà subi le même sort, le 4 juillet 2002, et le président avait dû admettre sa défaite. Mais quelques mois plus tard, il l’avait replacé dans l’agenda du Parlement.

Déjà avant la session, la tension était montée dans tout le pays. D’abord, contrairement à la pratique habituelle, le Parlement avait été convoqué sans aucun ordre du jour. Ensuite, 48 heures avant la session, les journaux avaient révélé que des responsables de l’UDF, dans le but d’atteindre les deux-tiers des votes requis, avaient commencé à «acheter» des députés pour qu’ils votent en faveur de l’amendement.

Enfin, vingt-quatre heures plus tard, les Eglises et la société civile avaient organisé des prières inter-confessionnelles pour demander à Dieu d’intervenir et de faire échouer ce projet de loi. Après ces prières, les Eglises ont demandé aux fidèles de descendre dans la rue et d’exprimer ouvertement leur opposition.

L’action de masse

Le 27 janvier, des milliers de Malawites descendus dans les rues de Lilongwe, Blantyre, Mzizu et Zomba pour protester, étaient dispersés par la police, apparemment sur ordre venant de haut. Mais le Forum pour la protection de la Constitution (FDC), qui avait organisé les démonstrations à Blantyre, a pu obtenir une injonction de la Haute cour ordonnant à la police de ne plus perturber les manifestations.

Alors que les manifestations s’accentuaient, le bruit a couru que les responsables de l’UDF avaient «acheté» 14 membres du plus important parti d’opposition, le Parti du congrès du Malawi (MCP) pour qu’ils votent en faveur du projet de loi. Et pour s’assurer que ces parlementaires respecteraient leurs engagements, l’UDF décida de les séquestrer. C’est du moins ce qu’affirme l’ancien ministre Brown Mpinganjira, qui s’est opposé à Muluzi et s’est mis à la tête de l’Alliance nationale démocratique (NDA), un groupe de pression non encore érigé en parti politique.

Cinq des députés séquestrés ont pu s’enfuir et rapporter les faits au président de leur parti, Gwanda Chakuamba, qui en a informé le président du Parlement, Sam Mpasu.

Chaos dans l’UDF

Pendant ce temps, l’UDF tenait une réunion pour discuter de ce qu’il fallait faire, réalisant qu’il n’obtiendrait pas la majorité voulue. De violentes disputes ont éclaté. La plupart de ses membres et des ministres du gouvernement demandaient à Muluzi de renoncer à cet amendement de la Constitution. Mais ceux qui étaient pour le projet de loi, menaçaient les autres. Une des victimes du chaos a été le ministre du Commerce et de l’Industrie, Peter Kaleso, qui a été ensuite démis de ses fonctions.

Les séquelles

Quand le président du Parlement a déclaré qu’il n’y aurait pas de vote, l’Assemblée a tourné au chaos. Un membre de l’opposition du parti Aford, Greene Mwamondwe, irrité parce que le président ne voulait pas tenir compte de la demande de l’opposition que le vote ait lieu, a voulu le malmener physiquement. L’huissier a dû venir au secours du président. Une bagarre en règle s’en est suivie parmi les députés, chacun voulant imposer son opinion et savoir exactement qui voulait quoi.

Il y a peu de chances que le projet de loi revienne encore au Parlement. Le fait que l’UDF ait réussi à retarder le vote, montre bien que ce projet est très impopulaire, et que la décision de le confier au comité juridique du Parlement n’a été prise que pour sauver la face. Le ministre de la Justice ne s’est pas prononcé sur une reprise du projet. Il dit simplement que, puisqu’il a été présenté au Parlement et confié au comité juridique, il suivra son cours normal. «Il revient maintenant au comité juridique de conseiller au gouvernement le chemin àsuivre».

Mais l’opposition acharnée des Eglises, de la société civile et des partis de l’opposition fait que ce projet de loi n’a pas d’avenir.


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