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Afrique de l’Ouest |
TRANSPORT
Une stratégie régionale pour les pays de l’UEMOA
La Banque ouest-africaine de développement (BOAD) a organisé à Lomé, au cours du mois de novembre 2002, un atelier régional de concertation sur l’impact du transport urbain à deux roues et ses perspectives de développement au Bénin, au Niger et au Togo, et dans l’espace UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine) en général. Cette rencontre a connu la participation des ministres en charge des transports, des directeurs nationaux des services publics de transports, de la santé, de la sécurité routière, de l’urbanisme et de l’environnement, et des responsables des organisations professionnelles de conducteurs de taxi-motos des trois pays cités.
Les participants ont souligné l’importance de plus en plus grande de ce transport devenu un véritable phénomène de société. Les facteurs qui ont engendré le développement de ce type de transport sont d’abord l’incapacité des transports en commun à satisfaire la demande de mobilité des populations; ensuite, l’accroissement de la pauvreté, du chômage des jeunes et de la compression des travailleurs; et enfin, le faible pouvoir d’achat des populations, l’insuffisance et le mauvais état des infrastructures routières.
Le nombre de ces taxi-motos (appelés “zémidjan” au Bénin, “oléyia” au Togo, et “kabu-kabu” au Niger) a rapidement augmenté au fil des années, selon les statistiques de la direction des transports routiers. Selon les organisations professionnelles, par exemple, en 2000 on dénombrait 83.000 taxi-motos en circulation au Bénin, 40.000 au Togo et 2.350 au Niger. En 2002, ils sont passés à 160.000 au Bénin (dont 72.000 pour la seule ville de Cotonou), à 45.000 au Togo et à 2.500 au Niger.
Une soupape contre le non-emploi
«Cette activité sert de soupape de sécurité pour l’emploi des jeunes et contribue efficacement à la lutte contre la pauvreté des couches les plus vulnérables de la population. Elle a également des incidences connexes sur d’autres catégories socio-professionnelles: mécaniciens, soudeurs, vulcanisateurs, peintres, tailleurs, vendeurs de pièces détachées, gargotières et distributeurs de carburant et de lubrifiants. Toutes activités connexes qui génèrent un chiffre d’affaires annuel d’environ FCFA 40 milliards au Bénin, 26 milliards au Togo et 711 millions au Niger», note le consultant de la Société togolaise d’études et de développement, qui a mené une étude sur la question pour le compte de la BOAD. Mais il indique par la même occasion, que cette activité coûte cher en devises.
Le nombre d’accidents impliquant les taxi-motos en 2000 est estimé à 888, sur un total de 4.735 accidents routiers au Bénin, et à 682 sur un total de 4.103 au Togo. Les causes de ces accidents sont entre autres le comportement défaillant des conducteurs de zémidjan, l’insuffisance d’éclairage et le mauvais état des rues. Bon nombre de conducteurs n’ont pas de permis de conduire et n’ont aucune notion du code de la route.
Pour améliorer et développer cette activité, l’atelier régional de Lomé a proposé une stratégie et un plan d’action régional pour organiser et rationaliser la profession de taxi-motos, améliorer l’environnement de la profession, réduire ses effets collatéraux sur d’autres secteurs et, enfin, promouvoir la réinsertion socio-professionnelle des conducteurs. Il s’agira de promouvoir le transport en commun dans les grandes villes, réduire les effets néfastes sur l’environnement, et améliorer la sécurité routière. Il sera créé, au niveau sous-régional, un Comité ministériel de supervision et des Comités nationaux de pilotage pour approfondir et enrichir les réflexions de cet atelier en vue de sa mise en œuvre dans un délai de trois mois.
- Pascal Dotchevi, Togo, janvier 2003 — © Reproduction autorisée en citant la source