ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 452 - 15/03/2003

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Soudan
Le processus de paix controversé


PAIX


Les hauts fonctionnaires du gouvernement soudanais
sont connus pour ne pas mâcher leurs mots.
Ils aiment aussi se contredire l’un l’autre.
Alors que signifie pour eux le mot «paix»?

Dans le vocabulaire du gouvernement soudanais, «la paix» n’est qu’un mot pour atténuer la pression internationale sur le régime islamiste du président El-Béchir. Celui-ci aurait dit «qu’une cession du Sud dans la paix vaut mieux qu’une union dans la guerre». Mais, en même temps, selon la télévision officielle, il aurait dit aussi: «Le pétrole et les autres ressources au Sud-Soudan sont pour le bien-être du monde arabe. C’est donc dans l’intérêt du monde arabe de défendre l’intégrité territoriale du Soudan en soutenant son armée sur le terrain».

Lors de la célébration, le 1er janvier 2003 à Malakal (Sud-Soudan), du quarante-septième anniversaire de l’indépendance, le président El-Béchir déclara devant une large assemblée que: «la paix à laquelle nous travaillons ne doit exclure personne. Elle ne doit pas sauvegarder le monopole d’un groupe sur l’autre ou remplacer une rébellion par une autre. Cette paix donnera à tous les Soudanais le droit de prendre part aux prises des décisions et au partage des richesses nationales, et le droit de partager le pouvoir. L’an 2003 verra l’achèvement du développement du Sud, de sorte que la logique de la coopération l’emporte au Sud-Soudan dans tous les milieux». Au cours de la même célébration, le ministre égyptien de l’Information, Safewat Al-Sharif, a dit: «Que ceux qui sont présents ici et ceux qui sont absents, sachent que l’Egypte et le Soudan sont unis de cœur et de corps pour défendre et préserver l’unité du Soudan et son intégrité territoriale».

A peine une semaine après ces déclarations, la police militaire commençait à installer des barrages routiers dans les bretelles de raccordement menant à la ville de Khartoum. Elle enrôlait de force les jeunes gens pour leur donner un entraînement militaire d’un mois et demi et les envoyer au front du Sud-Soudan.

Ces déclarations venaient aussi après que les bulldozers gouvernementaux avaient rasé complètement plusieurs maisons appartenant à des chrétiens africains du Sud-Soudan et à d’autres personnes venant des régions marginalisées du pays (du sud, de l’ouest et de la région australe du Nil bleu), pour les “déplacer” dans d’autres régions arides. Leur situation fut encore aggravée par le temps sec et froid de l’hiver du désert.

Il est évident que la politique officielle du gouvernement est de continuer la guerre jusqu’à ce que le Mouvement de libération soit écrasé. Peu après, eut lieu la signature du premier Protocole de Machacos, qui comprenait entre autres le droit du Sud-Soudan à l’autodétermination après un intérim de six ans. Pour le gouvernement, ce n’était qu’un geste diplomatique pour apaiser la colère de la communauté internationale, en particulier des Etats-Unis, après les événements du 11 septembre 2001.

Le Fonds de développement arabe

Certains pays arabes, sous la direction de l’Egypte, de la Libye et de la Syrie, se sont embarqués dans un programme ambitieux pour un Sud-Soudan après-guerre. Selon l’Agence de presse du Moyen-Orient (MENA), la Ligue arabe, lors de son sommet à Beyrouth en mars 2002, a adopté une résolution concernant la participation arabe aux efforts de reconstruction du Sud-Soudan. Et le 19 décembre 2002, elle organisa une table ronde pour discuter des moyens de réunir l’ambitieux fonds de développement du Sud-Soudan d’un montant d’environ $450 millions. Selon Mayom Akier Nyok, un Soudanais du Sud, il s’agit bien là d’une «politique astucieuse».

Le facteur Egypte

Pourquoi l’Egypte tient-elle tant à maintenir l’unité du Soudan? C’est ce que se demande Alphonse Wongo, analyste politique, originaire du Sud-Soudan: «Les Egyptiens mangent trop et sont sur le point de connaître une explosion de la population. Ils ont donc besoin de plus de terres et plus de nourriture. L’Egypte craint qu’un Sud-Soudan indépendant ne se développe trop vite et puisse développer une technologie qui se servirait des eaux du Nil. Un Sud-Soudan indépendant nécessiterait de nouveaux accords sur les quotas de la distribution des eaux du Nil, ce que les Egyptiens rejettent avec force».

D’autre part, on dit que, officiellement du moins, l’Egypte s’efforce de développer une technologie lui permettant de canaliser les eaux du Nil, selon l’accord existant. Mais en sous-main, elle pourrait chercher à utiliser cette eau subrepticement pour ses besoins domestiques. De toutes façons, le contrôle du Nil est vital pour l’Egypte.

Alfred Taban, correspondant de Reuters, écrivait dans le Monitor de Khartoum, le 8 janvier dernier: «Les Soudanais du Sud veulent une solution à ce conflit. Ils veulent qu’on écoute leurs griefs et que leur liberté et leurs droits soient garantis. Ils veulent la justice. Si cela peut se faire dans un Soudan uni, tant mieux, ils seront d’accord. Si pour obtenir cela, le Sud doit se séparer du Nord, c’est bien aussi pour eux».


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