ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 453 - 01/04/2003

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Afrique
Recherche de la paix et de la sécurité


PAIX


La Coalition mondiale pour l’Afrique a tenu un forum de deux jours à Accra en vue de planifier des stratégies de sécurité et de développement pour le continent. Quels étaient ses objectifs?

Lors d’un forum à Accra, il y a quelques semaines, un participant avait provoqué des éclats de rire, en demandant tout sérieusement pourquoi les Africains étaient punis plus que les autres. «Pourquoi les Africains doivent-ils tant souffrir?», avait-il demandé. «Nous sommes harcelés par les maladies, la faim, la famine, les coups d’Etat, les massacres, l’aventurisme militaire... Qu’avons-nous donc fait pour mériter cela?».

En fait, l’Afrique est un sujet difficile. Malgré son immense potentiel, le continent reste à la traîne à cause de toute une série de défauts, en particulier la corruption, l’avidité, l’ineptie, le népotisme, la mauvaise gestion des leaders.

Tous les indices économiques et sociaux dressent une bien sombre image de l’Afrique, et présagent d’encore plus grandes catastrophes dans les années à venir, tels que le VIH/SIDA, les changements de climat, un manque total de prévoyance de la part des leaders, qui mènent l’Afrique droit vers l’abîme.

Dans la plupart des domaines, l’Afrique n’a pas réussi à rassembler ses ressources et ses efforts pour exploiter son énorme capital humain et naturel en vue du bien-être collectif. Alors que les pays riches prennent de l’avance dans la recherche et le développement, les Africains continuent à se battre entre eux, sous un tas de prétextes: appartenances ethniques, allégeances familiales, religion, terre, avidité, mauvaise gouvernance...

La liste des pays africains révèle des incidences alarmantes. Le Liberia, le Soudan, la Côte d‘Ivoire, le Rwanda, le Nigeria, la Somalie et d’autres encore, ont été entraînés récemment dans des conflits religieux, ethniques, communautaires, ou n’ont pas réussi à maintenir les principes d’une bonne gouvernance. Pourtant, vu le vaste potentiel de ses hommes et de ses ressources, l’Afrique n’a aucune excuse. On peut se demander pourquoi toutes les mesures correctives qui ont été prises n’ont, en général, pas eu d’effets.

La sécurité et le NEPAD

Le forum de la Coalition mondiale pour l’Afrique (Global Coalition for Africa -GCA) avait pris comme thème: «La sécurité et la Nouvelle association pour le développement de l’Afrique (NEPAD)». Parmi les personnalités, on a remarqué notamment Olusegun Obasanjo, président du Nigeria; Festus Mogae, président du Botswana; Meles Zenawi, Premier ministre de l’Ethiopie, et le président du Rwanda, Paul Kagame, ainsi que bon nombre de ministres africains, de hauts fonctionnaires d’organisations internationales, et de représentants du secteur privé, de la société civile et des médias. Les discussions ont porté sur les moyens propres à assurer que les actions et les engagements esquissés dans l’initiative du NEPAD pour la paix et la sécurité, soient mis en œuvre et soutenus.

La GCA est un forum inter-gouvernemental rassemblant les acteurs clefs de la politique, de la société civile et du monde des affaires d’Afrique et des pays partenaires. Son objectif est d’approfondir le dialogue et créer un consensus sur les problèmes prioritaires du développement africain. La première réunion avait eu lieu à Gaborone au Botswana, le 25 octobre 2001.

Le forum d’Accra a énonçé franchement ce qui manque à la sécurité de l’Afrique. Le président du Ghana, John Kufuor, donnait le ton en déclarant qu’il faut s’attaquer à la fragilité des pays membres, puisque l’insécurité existe dans plusieurs de parties du continent. Il en attribuait la cause à la centralisation excessive du pouvoir et à la faiblesse des institutions d’Etat. Il a insisté sur la nécessité de déléguer le pouvoir et permettre aux principaux hommes influents de participer à la gouvernance, créant ainsi une valve de sécurité pour des émotions refoulées, souvent à la base des bouleversements.

Le président Mogae lançait un appel aux leaders africains pour qu’ils s’efforcent d’intensifier et de fortifier les perspectives de paix durable en Angola, au Congo-RDC et au Soudan. Et il ajoutait: «Nous devons soutenir les négociations de paix en Côte d’Ivoire, pour trouver une issue au conflit. Le prix de ces conflits est élevé, trop élevé pour que le continent continue à les supporter. La prévention des conflits doit être une de nos priorités».

Mais combien de pays africains ont réussi à poursuivre cet objectif de coexistence pacifique? En Côte d’Ivoire, le président Laurent Gbagbo a été accusé par les rebelles de jouer la carte de l’appartenance ethnique. Au Soudan, la population du Sud se plaint d’être marginalisée. L’appartenance ethnique déchire le Burundi et le Rwanda. Tout cela parce que les groupes ethniques se méfient les uns des autres.

Pendant ce temps, alors que les Kényans se félicitent de leurs élections, l’éternel président du Togo, Gnassingbe Eyadema, est en train de changer la Constitution pour se présenter à nouveau aux présidentielles (et bien sûr les gagner). La Constitution révisée du Togo va permettre au détenteur du mandat de se représenter aux élections sans aucune limitation légale. Pour les observateurs, ce n’est qu’un stratagème pour permettre à Eyadema de se représenter. Si cette démarche est répréhensible, celle du président du Malawi, Bakili Muluzi, pour pouvoir se représenter pour un troisième mandat, l’est tout autant. Et en Ouganda, Yoweri Museveni n’a pas encore trouvé opportun de mettre fin à l’interdiction des partis politiques.

Comme tant d’autres, le président du Botswana, Mogae, aussi président de la GCA, est d’avis que les Africains devraient contribuer à une sécurité durable, sans oublier de respecter les droits de l’homme. La paix, la stabilité et la sécurité sont des conditions préalables au développement économique et social. C’est pour toutes ces raisons, insiste le président Mogae, que le forum doit discuter de la sécurité dans le contexte du NEPAD.

Les causes de l’insécurité

Festus Mogae se dit convaincu que le chômage, le manque d’opportunités économiques, le VIH/SIDA et une pauvreté abjecte, sont les causes principales de l’insécurité. En effet, le chômage attire beaucoup de jeunes vers le fondamentalisme religieux et le vol à main armée. C’est surtout le cas au Nigeria, où des émeutes religieuses éclatent à la moindre provocation.

Les participants ont fait remarquer que, de nos jours, parmi les hommes politiques africains, on ne rencontre plus des leaders tels que Kwame Nkrumah, Julius Nyerere, Nelson Mandela et un petit nombre d’autres.

Il y a aussi une tendance générale à une flagornerie déplacée à l’égard des leaders politiques. Elle a permis à beaucoup de leaders africains de rester trop longtemps au pouvoir. Pour ne citer qu’un exemple, celui de l’ancien président du Ghana, Jerry Rawlings. Voulant minimiser l’importance d’un gouvernement constitutionnel, il avait lancé le slogan, repris par la foule: «Passer les rênes à qui?». Apparemment, Rawlings était convaincu qu’il n’y avait personne à qui confier le fardeau de la direction.

Selon l’actuel président du Ghana, John Kufuor, les regroupements sous-régionaux sont un des moyens pour garder la paix. Le cas échéant, ces forces pour le maintien de la paix pourraient être mobilisées rapidement, dit-il. «C’est uniquement dans une atmosphère de sécurité que les ressources humaines et le savoir-faire peuvent se développer et rattraper le reste du monde. Alors seulement, l’Afrique pourra devenir une région attractive d’investissement. Pour le moment, aux yeux d’un éventuel investisseur, l’Afrique constitue une adresse d’affaires monolithique et peu attrayante». Et il insista: «Notre génération a la responsabilité de sauver l’image de l’Afrique. Nous le devons à nos ancêtres, mais bien plus encore aux générations à venir».

  • Sam Sarpong, Ghana, janvier 2003 — © Reproduction autorisée en citant la source

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