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EGLISES
Dans certaines régions d’Afrique, les populations ressentent les effets négatifs de la prolifération des armes.
C’est particulièrement vrai au Soudan, en Somalie, au Burundi, au Rwanda et au Congo-RDCLes Eglises en Afrique s’inquiètent de plus en plus de la prolifération d’armes, qui a des effets négatifs sur la vie des gens. Elles l’ont montré, par exemple, l’an dernier lors de la Consultation régionale pour le développement d’une stratégie régionale concernant la prolifération des armes (Nairobi, Kenya, 25-26 mars) et de la Consultation régionale transfrontalière sur les armes légères (Eldoret, Kenya, 9-12 mai), dont les rapports viennent d’être publiés.
Ces deux consultations étaient organisées par l’Union régionale des Eglises et des Conseils chrétiens de la région des Grands Lacs et de la Corne de l’Afrique (FECCLAHA : Burundi, Congo-Brazzaville, Congo-RDC, Erythrée, Ethiopie, Kenya, Rwanda, Soudan, Tanzanie et Ouganda), en coopération étroite avec l’Aide de l’Eglise norvégienne (NCA) et Pax Christi des Pays-Bas.
La Consultation de Nairobi
A l’issue de la Consultation de Nairobi, les délégués ont élaboré une stratégie régionale pour des plans d’actions qu’ils recommandent aux Eglises et aux Conseils chrétiens dans les régions concernées (Corne de l’Afrique et Grands Lacs).
- Aspects socio-économiques des communautés marginalisées — Trois stratégies: renforcer l’autorité des communautés; éducation civique; engagement.
- Rôle des médias – Deux stratégies: créer des liens entre les Conseils chrétiens et les médias; et intensifier les rapports des médias sur la sécurité.
- Coordination et harmonisation des programmes – Trois stratégies proposées: une meilleure coordination et interconnexion des réseaux; groupes de pression; promotion d’initiatives sous-régionales conjointes.
- Recherche et partage des informations – Deux stratégies suggérées: en augmenter la capacité et établir des banques d’informations.
- Rôle des communautés inter-religieuses – Deux grandes chemins: augmenter la collaboration et les programmes inter-confessionnaux.
La Consultation d’Eldoret
A l’issue de la Consultation transfrontalière sur les armes légères à Eldoret, les délégués, venant de la même région FECCLAHA, ont demandé que les gouvernements africains mettent en œuvre et respectent les objectifs des Déclarations de l’an 2000, à savoir la Déclaration de Nairobi (15 mars 2000) et celle de Bamako (30 nov.-1er déc. 2000).
La Déclaration de Nairobi avait proposé le plan d’action suivant:
- création de points nationaux de convergence;
- coopération et coordination régionales pour réaliser les objectifs de la Déclaration;
- mise en place de mesures législatives;
- moyens opérationnels pour créer des bases de données, des systèmes de communications et des programmes de formation nationaux;
- échange d’informations et établissement d’archives pour garantir les politiques, la réglementation et les lois concernant les armes de poing et les armes légères;
- sensibilisation de l’opinion publique à une culture de paix, à l’éducation et à des programmes contre la détention d’armes légères.
Dans la Déclaration de Bamako, le rapport des Eglises encourage les gouvernements des différentes nations à développer la paix, la sécurité et la confiance entre les Etats membres, afin d’éviter le recours aux armes. Il leur demande aussi de développer une culture de paix en encourageant des programmes d’éducation et de sensibilisation du public.
Le rapport soulignait comment les Déclarations de Nairobi et de Bamako, complémentaires, soutiennent le contrôle des armes légères et de poing, et encouragent la sécurité et la paix dans la région.
Une Afrique submergée d’armes
L’engagement des Eglises contre la prolifération des armes en Afrique, vient du fait que le continent est submergé d’armes illicites. Le Conseil norvégien pour les réfugiés, basé à Genève, qui a publié récemment un rapport/enquête mondial sur la situation des personnes déplacées dans leur propre pays, s’est intéressé en particulier au problème/prévalence des armes légères sur le continent africain.
Selon l’enquête, «L’Afrique dans son ensemble est un gros importateur d’armes légères, la fabrication locale étant assez limitée». Toutefois, souligne le rapport, en Afrique du Nord, l’Egypte, le Soudan, l’Algérie et le Maroc produisent des armes de différents calibres; et en Afrique subsaharienne, la Guinée, le Burkina Faso, le Nigeria, le Cameroun, l’Ethiopie, l’Ouganda, le Kenya, la Tanzanie, le Zimbabwe et l’Afrique du Sud se sont lancés dans la production d’armes de guerre. De son côté, l’Afrique du Sud est un des pays du continent qui fabrique le plus d’armes sophistiquées. Il en résulte une Afrique submergée d’armes qui ne font qu’attiser et alimenter des guerres civiles et d’autres conflits locaux, qui obbligent des masses de populations à se déplacer.
Quant à la provenance de ces armes illicites, un rapport de l’ONU, publié en 2001, indique que, pendant la guerre froide, des millions d’armes légères ont été expédiées en Afrique pour équiper les combattants anti-coloniaux, tout comme les Etats fraîchement indépendants et les forces liées aux super-puissances. Elles ont été placées entre les mains de jeunes gens et d’autres personnes inexpérimentées. L’effondrement du bloc soviétique a amené une nouvelle avalanche d’armes, les fabricants mettant sur le marché, à des prix réduits, les surplus de la guerre froide.
Beaucoup de pays africains se sont trouvés au cœur des trafics d’armes, tout simplement à cause de leur situation géographique, comme voisins de pays où ce trafic existait. Le Kenya est un de ces cas malheureux. Les armes qui y circulent viennent de pays lointains, comme la Chine ou les Etats-Unis, mais la plus grande partie a transité par les zones de guerre chez leurs voisins avant d’entrer illégalement sur le marché kényan. Si pendant des années le Kenya a servi de transit aux armes destinées aux pays voisins en conflits, depuis peu ces armes reviennent et se sont répandues dans le pays.
- Francis Njuguna, Kenya, février 2003 — © Reproduction autorisée en citant la source