ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 456 - 15/05/2003

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Togo
L’heure de vérité de l’Eglise catholique


ELECTIONS


Comme elle l’avait fait en juin 2002 en vue des élections législatives, 
la Conférence épiscopale du Togo a publié, le 19 mars 2003, 
un nouveau message appelant les acteurs politiques à plus de responsabilité, 
pour préserver la paix dans le pays à l’approche des élections présidentielles prévues le 1er juin

Dans leur message intitulé «Dans la vérité bâtissons la paix», les sept évêques du Togo dénoncent la dérive du pouvoir togolais qui pose des actes qui divisent le pays. Ils dénoncent les dernières modifications de la Constitution par l’Assemblée nationale, dominée par les députés du parti au pouvoir depuis 36 ans, le Rassemblement du peuple togolais (RPT). «Cette modification a eu pour effet, entre autres, de donner désormais au président de la République de briguer d’autres mandats, de façon indéterminée, alors qu’initialement l’article 59 disposait sagement que “le président de la République est élu au suffrage universel direct pour un mandat de cinq ans renouvelable une seule fois. En aucun cas nul ne peut exercer plus de deux mandats”», soulignent les évêques.

L’actuel président, Gnassingbé Eyadema, est au pouvoir depuis 1967. Aux termes de l’ancienne Constitution, modifiée en décembre 2002 par le Parlement, il devait se retirer à la fin de juin 2003. En 1999, il avait d’ailleurs déclaré publiquement devant la presse, en présence du président français Jacques Chirac en visite à Lomé, qu’il partirait en 2003: «Je ne toucherai pas à la Constitution, car si je le fais, on dira que c’est pour prolonger mon mandat comme la plupart des chefs d’Etat. Je ne veux pas rester un seul jour de plus, quand je finis mon mandat en 2003», avait-il assuré le 23 juillet 1999.

Mais depuis quelques mois, des manœuvres étaient en cours pour qu’il rempile. Son parti l’a d’ailleurs désigné comme candidat pour un troisième mandat, au grand dam des Togolais: «Les règles du jeu ont été sciemment modifiées au profit d’une partie qui, tout à son aise, a changé profondément la loi fondamentale élaborée et acceptée par tout le peuple», remarquent les prélats togolais.

La vérité rendra libre

Ils appellent les Togolais à dire la vérité pour être libres. «Nous vivons au Togo une crise politique grave parce que, par peur ou par intérêt, les uns et les autres refusent de dire la vérité qui rend libre. Que d’exemples de contrevérités froidement et sciemment proférées en dépit de tout bon sens et de toute évidence! Que d’exemples de gymnastiques intellectuelles acrobatiques et de démonstrations incroyables! Notre pays va mal».

C’est pourquoi les évêques lancent un appel «aux responsables politiques, de quel que bord qu’ils soient, pour qu’ils se mettent de nouveau ensemble pour statuer sur les mesures qui conduisent à la vraie paix». Ils demandent aussi aux communautés chrétiennes d’«intensifier la prière pour la Nation».

Déjà le 18 juin 2002, en prélude aux élections législatives, les évêques avaient attiré l’attention de la classe politique — et surtout du régime en place — sur le risque d’une explosion sociale. Ils avaient demandé que «soient créées les conditions d’un vrai choix, et donc d’élections effectivement libres et transparentes». Mais cela n’a pas été le cas.

«Dans notre pays, des gestes graves ont été posés qui nous éloignent de la paix… Notre appel du 18 juin 2002, concernant l’adoption de mesures consensuelles pour les élections, n’a pas été entendu. Ainsi les élections législatives anticipées ont été organisées unilatéralement le 27 octobre 2002. Loin de constituer une solution, elles ont davantage exacerbé la crise politique, et la reprise tant escomptée de la coopération avec l’Union européenne n’a pas suivi», rappelle la Conférence épiscopale. (NB -L’Union européenne, premier bailleur de fonds du Togo, a suspendu la coopération avec le pays en 1993, suite aux flagrantes violations de droits de l’homme).

A un mois de l’élection présidentielle, les conditions d’un vrai choix, sont loin d’être remplies. Pire, l’opposition, qui avait annoncé la présentation d’un candidat unique face au président sortant, va à ces consultations une fois encore en rang dispersé. Pour l’instant, l’état-major des principaux partis de l’opposition a investi leur leader pour postuler le pouvoir suprême. Ce qui, de facto, réduit leurs chances, face à la machine bien huilée du régime Eyadema. Toutefois, les opposants assurent qu’ils vont continuer les négociations en vue de dégager un «candidat idéal» auxquels les autres pourront s’allier pour vaincre la dictature vieille de 36 ans.


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