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Nigeria |
VIE SOCIALE
Après 25 ans d’hésitation, le gouvernement fédéral du Nigeria a enfin décidé d’établir des cartes d’identité
Grâce au traitement des données par l’informatique et la technologie moderne (IT), aux ordinateurs qui enregistrent les empreintes digitales, et aux caméras digitales avec lesquelles on prend les photos pour les passeports individuels, l’enregistrement est devenu infaillible. Et c’est gratuit! Selon le Dr Tony Iredia, directeur général de l’Agence d’orientation nationale, «les possibilités offertes par l’IT permettent non seulement de prévenir toute falsification des documents d’enregistrement et d’empêcher que des fraudeurs s’enregistrent plusieurs fois, mais aussi de réduire la paperasserie et de permettre à la majorité des Nigérians illettrés de participer aux élections».
Le projet de l’enregistrement national a débuté le 17 février et devait se terminer le 1er mars; mais il a fallu prolonger l’exercice de deux semaines pour que chaque Nigérian de 18 ans et plus puisse y participer. Après cette date, la pratique continuera indéfiniment dans chaque centre de gouvernement local. Ainsi, chaque Nigérian pourra progressivement se faire inscrire.
Le projet d’une carte d’identité nationale avait été conçu en sourdine en 1979, par le général Olusegun Obasanjo, lorsqu’il était chef d’Etat du Nigeria. Le 1er octobre de cette même année, il remettait le pouvoir à un gouvernement élu, conduit par Alhaji Usmanu Shehu Shagari. Depuis lors, d’un régime à l’autre, le projet a été mis de côté et mentionné uniquement pour la forme, dans le but de continuer à siphonner des fonds publics, en octroyant des contrats douteux (jamais exécutés).
La planification nationale
On a toujours eu peur que les gens du Sud, plus instruits, se servent de ce projet pour mettre en doute les chiffres de la population du Nord. Les gens du Nord, en effet, se sont toujours servis de leur nombre présumé plus important pour dominer ceux du Sud. C’est pourquoi, tout ce qui se rapporte à un recensement et à une identification a toujours été très controversé.
Les chiffres de la population nationale et l’identification personnelle ont toujours été considérés avec suspicion parce qu’ils pouvaient indiquer où devaient être distribuées les richesses du pays, et qui devaient recevoir les emplois les plus lucratifs au niveau national. Ces chiffres sont aussi pris en compte lorsqu’il s’agit de placer les enfants dans les collèges fédéraux, à l’académie militaire et dans les universités – surtout lorsque le «système des quotas» est invoqué.
Le Nigeria est une société pluriethnique, et la politique du gouvernement fédéral est de veiller à ce que les moyens et les équipements soient bien partagés géographiquement, et à ce qu’aucune partie du pays ne reste sous-développée. Cette politique, en soi, est bonne. Mais sa mise en œuvre est lourde d’implications et de préjugés politiques.
Même dans le sport, le système des quotas a été employé pour sélectionner les joueurs des équipes nationales de football. Sacrifiant ainsi, de l’avis général, la qualité et le niveau professionnel du sport.
Identifier correctement les Nigérians individuellement aidera certainement le planning national, fournissant aux données et aux analyses statistiques des chiffres plus près de la réalité pour les programmes de développement.
Qui est un vrai Nigérian?
Enfin, un pas positif a été fait pour déterminer combien il y de Nigérians de 18 ans et plus, et quel est leur sexe. Ce projet aidera aussi à déterminer qui est un vrai Nigérian. Beaucoup d’autres Africains s’infiltrent dans le pays profitant de ses frontières poreuses. Ils se déclarent Nigérians et s’adonnent à toutes sortes d’activités criminelles. L’identification personnelle aidera donc à contrôler cette vague de crimes. Celui qui ne parvient pas à prouver qui il est et d’où il vient, aura du fil à retordre.
La plupart des Nigérians ont accueilli positivement ce projet, mais sa mise en exécution pose toutefois des problèmes. Ainsi, beaucoup de fermiers n’ont pas été acceptés par la machine d’empreintes digitales: suite à leur dur travail dans les champs, leurs mains sont trop calleuses pour que l’ordinateur puisse les reconnaître. Mais n’ayez crainte, nous Nigérians nous avons déjà trouvé la solution! Les fonctionnaires du Département national de l’enregistrement civique font tremper les mains des fermiers dans de l’eau tiède pour que leur peau devienne plus douce. Les ordinateurs pourront ainsi les reconnaître plus facilement.
Pour parachever le processus, des entreprises privées font des prises de sang pour un prix réduit. Chacun pourra ainsi connaître son groupe sanguin. Tout cela prouve que les Nigérians, jeunes et vieux, ont accueilli chaleureusement ce projet. C’est un bon point pour le gouvernement démocratique au pouvoir.