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Malawi |
ECONOMIE
Une surtaxe de 20% inquiète le monde des affaires, surtout dans le secteur commercial,
En novembre 2002, le gouvernement a instauré une surtaxe de 20% sur certains secteurs de l’économie, notamment le commerce en gros et en détail. Dans le monde des affaires, beaucoup ont exprimé leur crainte que cette surtaxe ne paralyse le commerce et qu’elle ne rende inabordables pour le Malawite moyen les produits de base les plus importants. Mais pour les responsables du département du fisc (MRA, Malawi Revenue Authority) ces peurs sont sans fondement.
Entre avril et octobre 2002, le MRA a organisé une série de rencontres dans les 28 districts du pays et dans les principales villes, pour conscientiser le public. La grande majorité des commerçants était opposée à toute idée de surtaxe, craignant qu’elle ne paralyse les affaires. John Kapito, directeur exécutif de l’Association des consommateurs malawites (CAMA), prévoyait même que, s’il n’y avait pas un bon contrôle à la base, ce seraient surtout les populations rurales qui sentiraient le contrecoup des prix imposés par des commerçants peu scrupuleux.
La réforme fiscale
Plus de 85% des quelque 11 millions d’habitants du Malawi, sont des fermiers. Les responsables du MRA affirment que la surtaxe, étendue aussi au secteur de la production, ne diminuera les revenus de personne. Il ne faudra pas payer plus, disent-ils. Le directeur des relations publiques du MRA, Kitty Chimseu, assure: «Ce sont des peurs sans fondement. Aucune affaire ne fermera ses portes à cause de la surtaxe. D’ailleurs, la grande partie des produits de base, tels que le sel, l’eau et les médicaments, en est exonérée, pour contenir les effets de l’inflation».
La nouvelle surtaxe fait partie du programme de la réforme fiscale de 1989, quand le gouvernement s’était engagé à élargir la base imposable et à relâcher la pression sur certains secteurs de l’économie. Elle fait aussi partie des efforts du gouvernement d’élargir le filet des taxes, pour compenser les entrées disparues suite aux différents accords de commerce régional, qui ont supprimé les droits de douane. Depuis 1994, le Malawi a signé et ratifié divers accords, surtout avec des groupes régionaux tels que la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) et le Marché commun de l’Afrique australe (COMESA).
Une étude faite par le FMI a estimé à 2% l’impact de la surtaxe. «On ne devrait pas s’attendre à ce que les prix de la nourriture montent en flèche», a dit le représentant résident du FMI, Girma Begashaw.
Cependant, quand le 1er novembre, la surtaxe est entrée en vigueur, le pays a immédiatement plongé dans une crise des produits de base. Certains commerçants, aussi bien dans les villes qu’à la campagne, ont augmenté les prix de 20% et plus. En plus, certains ont ajouté la surtaxe même sur les produits qui en étaient exonérés. D’autre part, des hommes d’affaires peu scrupuleux ne se sont pas inscrits au MRA comme étant tenus de payer la surtaxe, profitant ainsi de la crise: ils font payer la surtaxe, sans la reverser au MRA.
Selon la loi de 2001, seuls doivent se faire enregistrer pour la surtaxe les commerces, en détail ou en gros, avec un revenu annuel supérieur à 2 millions de kwacha malawites (Ndlr - environ $23.000, au 28 avril 2003).
Les effets sur le tourisme
L’industrie du tourisme craignait aussi des répercussions, à cause de l’augmentation des taxes des hôtels et d’autres services. Mais, «il n’est pas tout à fait exact de prétendre que la surtaxe de 20% aura un effet négatif dans ce sous-secteur (hôtels et restaurants), puisque la plupart de ces opérations en sont exonérées», a dit Sam Botomani, directeur exécutif de l’Association du tourisme au Malawi.
Pourtant, Wallace Chiume, président du Comité parlementaire pour le commerce, l’industrie et le tourisme, lors d’une rencontre de capitaines de l’industrie, a accusé le gouvernement d’aller de l’avant, ignorant les recommandations présentées par son comité: «Nous avons fait des recommandations pour amender la loi sur la surtaxe, mais en vain. Presque toutes nos recommandations ont été descendues en flammes par le ministère du Planning financier et économique».
Selon les premières estimations, le gouvernement aurait dû percevoir 900 millions de kwacha (environ $10.2 millions) pour l’année fiscale de 2002/2003. Ce montant sera probablement revu à la baisse, car la date d’entrée en vigueur est passée du 1er septembre au 1er novembre 2002.
Le ministre du Planning financier et économique, Friday Jumbe, a promis que, puisque les lois peuvent être faites et changées, son ministère fera une sérieuse révision du projet: «Je n’ai pas l’intention de frustrer une quelconque industrie, mais la surtaxe restera en place. Cependant, il y aura quelques modifications à faire. Ce n’était pas l’intention du gouvernement de créer la panique ou une crise. Nous avons déjà demandé au MRA d’étudier la situation. Il nous communiquera ce qu’il va faire». — Qui vivra verra!