ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 457 - 01/06/2003

CONTENTS | ANB-BIA HOMEPAGE | WEEKLY NEWS


Congo-Brazzaville
La pollution à Brazzaville


ECOLOGIE


Brazzaville est devenue l’une des villes d’Afrique centrale les plus polluées. 
La principale source de cette pollution sont les voitures qui roulent à l’essence frelatée. Déjà on déplore la recrudescence de nombreuses maladies respiratoires.

Suffoquer sous d’épaisses fumées noires qui entourent voitures, motos et piétons, rendant la visibilité quasiment nulle et la respiration difficile, est une des scènes courantes tant à Brazzaville que dans d’autres centres urbains du Congo. L’air est devenu irrespirable à cause des gaz carboniques rejetés par les pots d’échappement, mais aussi à cause de l’incinération des ordures ménagères et des déchets plastiques. Là où s’entassent des tas d’immondices, on utilise des mouchoirs pour se protéger le nez et la bouche, et ne pas bloquer la respiration. «Si des mesures draconiennes ne sont pas prises pour essayer d’assainir la ville, nous courrons le risque de voir apparaître de nouveaux types de maladies», avertissait un enseignant de biologie lors d’un séminaire sur le recyclage de sachets plastiques à Brazzaville.

La même crainte est exprimée par de nombreux spécialistes congolais de la santé. Ils estiment que «nous courons à une catastrophe sur le plan sanitaire». Dans les années à venir, «nous assisterons à la multiplication des cas de cancer des voies respiratoires. Pour l’instant on constate l’augmentation des bronchites, les rhumes, la pneumopathie… Cette dernière maladie, très mortelle chez nous, a été assimilée au sida. Mais de plus en plus on se rend compte que c’est une maladie comme toute autre et que l’on peut soigner», alerte le docteur Banzouzi, spécialiste des maladies respiratoires.

Les véhicules d’occasion massivement importés d’Europe seraient essentiellement à l’origine de la pollution. A la direction générale de l’administration du territoire, aucune statistique officielle sur le nombre de vieilles voitures importées n’est disponible. On les estimait à plus de 10.000 entre 1990 et 2000, et leur nombre ne fait qu’augmenter chaque jour.

Essence frelatée et au plomb

Pour Robert Ngoma, journaliste congolais qui vient de réaliser une enquête sur la situation du carburant au Congo, «le drame, c’est que la majorité des propriétaires de ces véhicules utilisent de l’essence frelatée venant du Nigeria. On y ajoute une forte dose d’huile à moteur. C’est pour cela que des voitures sont fumantes comme un pneu qui brûle». Malonga Benoît, chercheur, est plus incisif. Il accuse également la mauvaise qualité de l’essence utilisée: «C’est de l’essence au plomb, très nuisible à la santé, surtout à celle des enfants».

En janvier dernier, le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) a annoncé que la plupart des pays africains renonceraient d’ici cinq ans à l’essence au plomb. Une enquête publiée par le PNUE à Nairobi, montre que quatre pays africains seulement (Egypte, Libye, île Maurice et Soudan) sont déjà passés aux carburants “sans plomb”. Cette année, quatre autres pays ou territoires (Maroc, Réunion, Tunisie et Sahara occidental) rejoindront cette initiative. D’autres pays, plus d’une vingtaine, sont en train d’élaborer leur plan pour l’abandon de l’essence au plomb en 2006. L’essence sans plomb représente, en effet, 90% de la consommation mondiale de carburant. Et les 10% que représente l’essence “rouge” se concentrent dans les pays du sud. Surtout sur le continent africain. Le directeur exécutif du PNUE, M. Klaus Toepfer, attribue ce phénomène à des questions technologiques et au manque de sensibilisation du public aux dangers pour la santé

Au Congo-Brazzaville, pour le moment, tout cela n’est pas encore à l’ordre du jour. Parmi les pratiques dangereuses, on peut encore citer celle qui consiste à mélanger du pétrole lampant à de l’essence. Cette pratique est assez courante chez les petits revendeurs d’essence de contrebande, appelés les «Khadaffi». Tout cela contribue àembaumer l’atmosphère et à mettre en danger les moteurs des voitures et des motos non soumises à des contrôles techniques rigoureux.

Devant l’aggravation continue de la pollution, Benoît Malonga pense qu’il faut essayer de limiter l’importation des véhicules d’occasion. Mais Jean-Claude, chauffeur de taxi, ne l’entend pas de cette oreille. «Ces véhicules rendent énormément service et l’Etat en retire des rentrées fiscales. Nous autres jeunes, on exerce un petit boulot. Et cela permet aux gens de se déplacer».

Ne pouvant réclamer la suppression des importations, les observateurs congolais proposent que le gouvernement détermine l’âge maximal des véhicules d’occasion que le Congo peut accueillir sur son territoire. Il ne devrait pas dépasser 20 ans. Car le pays est devenu un dépotoir de carcasses des pays occidentaux. Le problème pour de nombreux pays africains est qu’ils ne disposent pas des moyens, des cadres et des structures nécessaires pour appliquer les législations contre la pollution atmosphérique. Ce qui favoriserait la protection efficace de l’environnement.


SOMMAIRE FRANCAIS | ANB-BIA HOMEPAGE | WEEKLY NEWS


PeaceLink 2003 - Reproduction authorised, with usual acknowledgement