ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 458 - 15/06/2003

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Cameroun
La santé infantile en net progrès


ENFANTS


Des progrès ont été réalisés, d’autres restent à faire

Malgré ce qui a été réalisé ces dernières années, le Cameroun reste l’un des pays d’Afrique où les progrès en matière de santé juvénile sont loin de refléter les objectifs de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Près d’un enfant sur quatre meurt avant l’âge de cinq ans, et un sur trois de malnutrition chronique. Ces chiffres montrent de façon symptomatiques la vacuité de politiques sanitaires appropriées et ciblées de la sous–région, voire de toute l’Afrique subsaharienne, qui a longtemps caractérisé le système de la santé au Cameroun. A la fin des années 90, seuls 30% de la population avaient accès aux services de santé élémentaires, tandis que près de la moitié de la population n’avait pas accès à l’eau potable.

Et pourtant, ces statistiques étaient bien pires dans les années 80. Bien que le Cameroun se place toujours dans la deuxième tranche des pays à revenus intermédiaires, la situation semble s’être améliorée à certains égards. L’élimination complète de la polio a été l’un des succès remportés au cours de la décennie 90. Le taux d’incidence de cette maladie chez les nourrissons, qui a été toujours élevé au Cameroun, avait grimpé en flèche dans les années 70 et 80. Le lancement, début 1988, d’une campagne de vaccination à grande échelle a été l’une des premières victoires remportées par le Cameroun dans le domaine de la santé des enfants: le dernier cas de polio a été signalé en 1995. D’autres progrès ont suivi: le ver de Guinée a été éliminé. La fièvre jaune a quasiment disparu pour l’instant. La lèpre est en voie d’extinction. La cécité des rivières connaît également un net recul.

Cependant, à l’heure actuelle, au regard des données que présente le “Tableau de bord sur la santé des enfants au Cameroun” (Unicef, mars 2003), seuls 72% des enfants sont correctement vaccinés contre la polio et le DCT (diphtérie, coqueluche et tétanos). Les maladies les plus meurtrières au Cameroun, le paludisme et la dysenterie, continuent de faire des ravages, malgré les efforts et les diverses actions que mènent les autorités sanitaires sur l’ensemble du territoire.

Le «Plan stratégique national»

En avril 2002, le gouvernement a adopté son Plan stratégique qui offre une place primordiale à la lutte contre le paludisme couvrant la période 2002-2006, pour un coût de 39,5 milliards de FRCA. «Ce qui occasionnerait pour le pays, explique le Dr Hélène Mambu-ma-Disu, représentante de l’OMS au Cameroun, un gain potentiel de 476 milliards de FCFA en 5 ans, si l’on estime que le paludisme occasionne une perte annuelle de 1,3% du PIB dont la croissance resterait constante». En fait, l’espérance de vie à la naissance, fait remarquer le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), a maintenant atteint 59 ans, alors qu’elle n’était que de 50 ans en 1990. Le Plan stratégique prévoit, en outre, que 60% des enfants de moins de 5 ans devront dormir sous une moustiquaire imprégnée d’insecticide d’ici à 2006.

Les progrès réalisés au cours des six dernières années s’expliquent par différents facteurs, dont «beaucoup sont liés à l’évolution de la situation politique du Cameroun caractérisée par un certain apaisement», explique le ministre de la Santé publique, Urbain Awono. A l’orée de la décennie 90 en effet, la libéralisation, puis la démocratisation progressive des institutions, la décentralisation depuis 2000 des services administratifs, l’accroissement de la transparence, et la mise en place des cellules anti-corruption dans les centres de santé infantile sont autant de facteurs qui ont permis une certaine continuité aux politiques suivies et de fournir des services de santé appropriés aux nombreux jeunes Camerounais qui en étaient auparavant privés.

Conjoncture économique

La conjoncture économique a cependant joué un rôle qui n’a pas été toujours positif. Un fait marquant a été la dévaluation de 50% du FCFA, en 1994. «Le bilan de cette dévaluation est mitigé», a affirmé Alim Hayatou, secrétaire d’Etat à la Santé publique. Toutefois, il semble que les familles et les enfants des régions rurales aient bénéficié de l’évolution des termes de l’échange, qui s’est traduite par une hausse des revenus dans les villages par rapport au prix des produits de consommation de base. D’où l’expansion, à partir de 1994, des programmes de services médicaux et de pharmacies de village, et la constitution des GIC (Groupe d’initiative privée).

Mais certaines régions pauvres du pays, comme les trois provinces septentrionales et celle de l’Est, affichent des taux anormalement élevés de morbidité et de malnutrition infantiles. Les causes sont principalement liées aux grossesses rapprochées, qui réduisent la durée d’allaitement par enfant. Les populations urbaines, pour leur part, ont largement souffert des effets de la dévaluation, à laquelle est venue se greffer la rigidité du Programme d’ajustement structurel du Cameroun, mis en œuvre à la fin de la décennie 80, suite aux pressions du FMI.

Programme de santé quinquennal

Le Programme quinquennal, lancé dans la province du Nord par le gouvernement, en avril 2002, est lié à d’autres facteurs économiques et sociaux. Il est né au terme de deux ans de concertation avec toutes les parties concernées, et notamment avec les communautés locales et les femmes.

Il s’articule autour de 8 axes stratégiques qui devraient permettre une réduction substantielle de la morbidité et de la mortalité infantile dans le pays: surveillance épidémiologique, prévention et promotion de la lutte contre le paludisme, renforcement de la capacité de la prise en charge, formation et développement de la recherche opérationnelle, processus gestionnaire, renforcement des capacités institutionnelles.

Il est aussi question du développement du partenariat Etat-promoteurs privés, et de l’accroissement de la couverture sociale nationale de base, grâce à la politique d’accroissement et de libéralisation des centres spécialisés dans les soins de santé de proximité.

De plus, à la Direction de la santé maternelle et infantile du ministère de la Santé publique, on parle d’améliorer les services dans les zones «périphériques», surtout dans les régions peu peuplées où, selon M. Hayatou, la priorité serait d’accorder une attention accrue à la médecine préventive.

Le souci d’équité et l’importance accordée à la répartition géographique des centres de santé diffèrent des approches précédemment suivies. L’implication des communautés est tout aussi nouvelle. Comme le montre une initiative menée par le ministère de la Santé publique dans les provinces septentrionales, «la réussite du Plan stratégique quinquennal, explique M. Awono, passe par une meilleure coordination avec les organisations non gouvernementales» dont une initiative pilote est en cours d’exécution dans la province de l’extrême-nord, à Kousseri. A la lisière du Tchad, Kousseri compte un peu plus 150.000 habitants. Cette population qui s’étend sur un immense territoire, est parmi les plus pauvres du pays. Du 4 au 16 janvier 2003, le ministère de la Santé publique et quatre ONG ont ouvert 8 dispensaires dans cette ville et sa périphérie, dans le but de réduire le nombre de fausses couches et de décès de nouveau-nés, ainsi que la malnutrition maternelle et infantile.

Vers la décentralisation

«La situation des enfants pourrait aussi être améliorée à moyen terme par le programme de décentralisation du gouvernement à l’échelon régional», commente le Dr Pierre Ahanda. Mis au point en différentes étapes entre 1996 et 2002, le programme vise à céder la gestion de services locaux essentiels, ainsi que la responsabilité de les financer. Sont notamment concernés, les Centres d’approvisionnement des produits pharmaceutiques à l’échelon provincial, les centres de santé intégrés ou communautaires, les soins de santé de base et l’éducation du jeune enfant et de l’adolescent.

Il s’agit là d’une rupture avec le système de santé extrêmement centralisé, hérité au moment de l’indépendance. «Pour autant, renchérit M. Ahanda, rien n’évoluera si on continue d’évoluer dans un environnement qui pourrait briller par son manque de volonté politique». Notons que le Cameroun a dû faire face aux pressions émanant des responsables du FMI qui exigeaient à tout prix d’importantes réductions budgétaires.


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