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Congo RDC |
EDUCATION
La session du baccalauréat en juillet prochain sera exceptionnelle pour la province du Katanga, dans le sud-est de la RDC. Le nombre de candidats est en effet le plus élevé jamais connu depuis que ce concours national a été institué en 1967. A l’issue de l’épreuve de dissertation le 27 avril, le chef de division de l’Enseignement primaire, secondaire et professionnel (EPSP), Willy Benjamin Kasonde, notait: «Le nombre de candidats à la session 2003 a augmenté de 60% par rapport à celle de 1995, qui détenait jusqu’à ce jour le record de participation du Katanga à l’examen d’Etat. Pour la première fois nous avons enregistré cette année des candidats autodidactes dont l’âge varie entre 50 et 58 ans. La plupart de ces vieux candidats sont des agents de la Gécamines qui veulent refaire leur vie après avoir été mis à la retraite forcée».Le premier octroi de bourses d’études aux étudiants du Congo-RDC par la Banque mondiale en mai 2002
a suscité l’engouement des jeunes et même des «vieux» du Katanga pour la présentation du bac 2003.
L’Etat n’accorde plus de bourses d’études depuis plus d’une décennie
Ceux qui reviennent, dans l’espoir d’étudier un jour à l’université grâce à la bourse d’études d’excellence de la Banque mondiale, proviennent pour la plupart de milieux pauvres et marginalisés. C’est le cas du mineur Gaston Sepwe de Musoshi: «J’avais présenté mon examen d’Etat en 1970 et j’ai échoué. Aujourd’hui, je suis âgé de 52 ans. Comme la SODIMICO (Société de développement minier et industriel du Congo) ne nous paye pas depuis 39 mois, j’ai décidé de présenter le bac cette année en qualité d’autodidacte. Avec la bonne formation que j’ai reçue à l’époque, je réussirai avec 80% et je tenterai ma chance à la faculté de droit».
Même détermination chez Alice Koj: «J’ai abandonné les études en 6e année secondaire scientifique en 1998 après la mort de mon père pendant la guerre à Kalemie. A quoi bon avoir ce diplôme quand il n’y a personne pour supporter vos études à l’université? C’est pour cette raison que je prépare bien le prochain bac pour que la Banque mondiale m’ouvre les portes de l’université de Lubumbashi».
La bourse d’études d’excellence
David Katompwa Nyembo, conseiller politique et financier du ministre congolais de l’Education nationale, a même suscité de l’espoir dans le milieu du corps académique et scientifique lors de sa mission au Katanga en mai de l’année dernière pour la remise de la bourse d’études d’excellence: «C’est un premier essai. A l’avenir, l’expérience pourra être étendue aux professeurs d’université et des instituts supérieurs. La Banque mondiale veut également encourager les professeurs méritants qui travaillent dans des conditions difficiles».
La bourse d’études d’excellence a été accordée aux lauréats du bac de l’année scolaire 2000-2001 qui ont décroché leur diplôme d’Etat avec 65% et plus, soit 1.026 lauréats pour toute la RDC, y compris les territoires occupés par les mouvements rebelles. Sur ce nombre, le Katanga n’a obtenu que 130 bénéficiaires. Les lauréats qui ont obtenu entre 65 et 70% et ont été inscrits dans un établissement d’enseignement supérieur ou universitaire, ont bénéficié de cette bourse de 380 dollars pour une année académique. Ceux qui ont décroché leur diplôme avec 80% et plus, ont bénéficié de la bourse jusqu’à la fin de leurs études universitaires.
L’inspecteur principal de l’EPSP au Katanga, Nicolas Nyange Kayembe, a donné un peu plus de lumière sur cette manne de la Banque mondiale: «Les résultats du bac de juillet 2001 ont été les plus catastrophiques depuis 1967. Les nouvelles autorités du pays ont bouché toutes les issues de corruption au Centre national de correction de l’examen d’Etat à Kinshasa, de sorte qu’il n’y a eu que 30% de réussites pour tout le Congo. C’est pourquoi nous saluons l’action de la Banque mondiale qui stimule les candidats au bac par l’effort personnel. Avec nos 20.000 candidats au bac 2003 dans les 77 centres d’examen d’Etat au Katanga, nous sommes sûrs de produire de bons lauréats».
La situation des étudiants
Privés de bourses d’études, les étudiants de l’université de Lubumbashi, à l’instar de leurs camarades de Kinshasa, font face aux problèmes de la faim, des frais d’études (dont une partie sert à payer la prime mensuelle aux professeurs sous-payés), de logement, de transport, de l’achat des livres, de la recherche dans les cybercafés, de la rédaction de leur mémoire, etc.
La majorité des 15.000 étudiants de l’université de Lubumbashi proviennent de familles qui dépensent moins de 1 dollar par jour. Comment survivent-ils? Il y en a qui vivent honnêtement en exerçant de petits métiers, comme celui de sentinelle devant les magasins des Libanais pour payer leurs études. D’autres, comme Mohammed Ramazani Nyembo, ont trouvé un moyen “peu catholique” pour financer leurs études: «Bien que je sois catholique baptisé, je me suis fait, par intérêt, adepte de la secte américaine des Mormons qui tolère la polygamie. Grâce à cette secte, j’ai une bourse mensuelle qui me permet d’étudier dans de très bonnes conditions, même si intérieurement je ne suis pas d’accord avec leurs faux enseignements...».
Les conséquences de l’absence de bourses d’études sont nombreuses, notamment la prostitution, la baisse du niveau des étudiants privés de livres, les échecs, etc. Et pourtant ce ne sont pas des moyens qui manquent au pays pour octroyer ces bourses, comme l’affirme Daniel Kasongo, étudiant à la faculté d’économie de l’université de Lubumbashi: «La RDC est le premier producteur mondial de cobalt, de coltan, du diamant industriel, etc., même en période de guerre. Le Malawi qui n’exporte que le tabac, et l’île Maurice qui ne vit que du sucre et du tourisme, accordent pourtant des bourses à leurs étudiants pour leur permettre de bien préparer l’avenir. Même l’Angola qui a connu la guerre civile pendant 27 ans, n’a jamais coupé les bourses d’études pour motif d’effort de guerre».