ANB-BIA SUPPLEMENT

ISSUE/EDITION Nr 458 - 15/06/2003

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Kenya
Ils ont été bernés


POLITIQUE


Les cent premiers jours de la NARC

Exactement trois mois après leur élection au Parlement, les députés kényans se sont octroyé une augmentation de salaire qui est passé d’environ $5.000, à $6.000. Et ce n’est pas tout. Le ministre des Finances vient d’admettre que les parlementaires du comité de révision du budget l’avaient tenu en otage pour l’obliger à inclure ces dépenses additionnelles dans les estimations révisées du budget en cours.

Cette conduite suscite la colère des Kényans qui ont l’impression d’avoir été trahis. Avant les élections du 27 décembre 2002, ils voulaient absolument un changement dans la façon de diriger le pays. Car l’Union nationale africaine du Kenya (KANU), au pouvoir, ne pensait qu’à elle-même. C’est à partir de cette volonté de changement que les 15 partis de l’opposition ont pu former la Coalition nationale arc-en-ciel (NARC), faisant ainsi tomber la KANU . La NARC a remporté les élections, non pas parce que ses partis étaient meilleurs que les autres, mais parce qu’ils semblaient mieux répondre aux aspirations du peuple. L’atmosphère générale était au changement, et la NARC avait promis de le réaliser.

Durant la campagne électorale, différents artistes et chanteurs avaient composé des chants de victoire que les leaders de la nouvelle opposition avaient adoptés. Le 27 décembre, la NARC a décroché une victoire écrasante, obtenant 127 sièges au Parlement sur les 220. Les Kényans ont alors envahi les rues, chantant et dansant. La NARC avait promis une éducation primaire gratuite; la suppression de la corruption; l’application du salaire minimum des instituteurs, contesté depuis 1997; la création annuelle de 500.000 emplois, spécialement pour les jeunes.

Le gouvernement NARC a introduit avec succès l’éducation primaire gratuite, accueillie avec joie par les parents. Depuis lors, environ 7,5 millions des 9,2 millions d’enfants en âge scolaire ont trouvé le chemin de l’école. Un autre programme appliqué avec succès est la réhabilitation des enfants des rues et des familles par la municipalité de Nairobi. Mais c’est tout! Les autres promesses de la NARC n’ont jamais été tenues.

Tendances dangereuses

Lors d’un forum organisé par Vision 2027, les participants ont décrié l’émergence d’une nouvelle tendance, celle de nommer à des postes lucratifs des proches du président – une habitude du régime de la KANU. Ils ont contesté les nominations à des nouveaux emplois de personnes ayant dépassé depuis longtemps la fleur de l’âge. Beaucoup de jeunes qui ne parviennent pas à trouver du travail commencent à se plaindre et la population y voit la répétition du style de la KANU: favoriser les amis.

Au cours de ce forum, M. Uhuru Kenyatta (42 ans), leader de l’opposition officielle, exprima ses inquiétudes. Le président Kibaki, dit-il, semble combler ses proches d’emplois lucratifs, alors que les jeunes n’ont pas l’occasion de montrer leur valeur. C’est le cas du général retraité Kariuki, de Georges Muhoho, de Mahamout Yusuf Hali et de Mbathi, tous dans la soixantaine. L’impression générale est que les favorisés appartiennent tous au Parti démocratique (DP) du Kenya, un des partis de la coalition NARC.

En dépit des protestations, le président et son entourage n’ont jamais pris la peine de s’expliquer. Contrairement à l’ancien président Moi, qui avait l’habitude de donner des commentaires sur presque tous les problèmes publics. Les Kényans doivent maintenant apprendre à attendre patiemment que le président veuille bien leur adresser la parole.

A l’occasion des «cent premiers jours», on a vu apparaître un poster montrant le président avec tout ce que son gouvernement avait accompli. Il clame que le Kenya a consolidé ses gains et qu’il a commencé à reconstruire le pays. Il dit aussi que sa grande réussite a été d’avoir fait renaître la confiance dans l’avenir.

Dans sa rubrique du East African Standard, le journaliste Joe Kadhi écrivait: «Les Kényans ne voulaient pas une dictature élective dans laquelle un parti minoritaire (dans ce cas le DP) reçoit des pouvoirs excessifs, sans se soucier de l’opinion publique. On dirait que certaines personnes au pouvoir voudraient un gouvernement puissant et centralisé, où il n’y a pas d’ouverture à un espace démocratique régional ou local».

  • Viviene Charity Simwa, Kenya, avril 2003 — © Reproduction autorisée en citant la source

 


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